Bonjour,
Je me permets de vous écrire depuis mes canalisations.
Voici mon retour
J’ai écrit une micro-nouvelle intitulée FLAPLAND, sorte de fable grotesque et tendre, entre le gras, l’absurde et le sacré.
Je pense qu’elle pourrait trouver écho dans votre chaos magnifique.
Voici le texte complet. Je l’envoie comme une boule molle : lisez, ignorez, ricochez — comme vous voulez.
Je me permets de vous écrire depuis mes canalisations.
Voici mon retour
J’ai écrit une micro-nouvelle intitulée FLAPLAND, sorte de fable grotesque et tendre, entre le gras, l’absurde et le sacré.
Je pense qu’elle pourrait trouver écho dans votre chaos magnifique.
Voici le texte complet. Je l’envoie comme une boule molle : lisez, ignorez, ricochez — comme vous voulez.
FLAPLAND
Une micro-nouvelle de Théo Azibert
Une ligne de Ligneville
Il venait de Ligneville, un endroit vertical, où les gens vivent debout et rêvent en colonnes.
Il était mince. Presque une ligne d'exclamation.
Et puis, Flapland.
Une aire d’autoroute sans fin, avec des cieux en plastique et des arbres qui sentent la frite.
C’est là qu’il le vit.
Massif. Une courbe. Une falaise en jogging.
Il respirait fort, comme un paysage de fast-food laissé trop longtemps au soleil.
Le mince s’approcha, troublé.
“Comment… comment as-tu eu ce corps ?”
L’autre sourit, les yeux doux comme de la mayonnaise.
“Je fais les concours du plus gros mangeur. Comme tout le monde ici.
Il faut bien avaler le monde, sinon c’est lui qui nous bouffe.”
Il l’emmena dans sa caravane. Moite, feutrée, pleine de photos de poulets rôtis et d’enfants heureux.
Et là, sur un fauteuil renforcé, sa femme. Deux fois plus grosse que lui. Une femme-tronc.
Elle n’avait plus de jambes, plus de bras, mais elle riait.
Son rire faisait vibrer les murs et les sauces.
“Elle est sacrée ici,” dit-il. “C’est la gardienne du gras éternel.”
Le mince tomba à genoux. Il ne voulait plus monter.
Il voulait rester. Couler. Gonfler.
Il voulait épouser Flapland.
La fête du surchargé
Le soir même, on organisa un concours de bouffe en son honneur.
Guirlandes de merguez, assiettes débordantes de crème,
et dans les haut-parleurs :
🎵 Bon anniversaire les p’tits Indiens... 🎵
En boucle. Hypnotique.
La femme-tronc s’approcha :
“Tu veux roter ? Tu rotes. Tu veux péter ? Tu pètes.
Ici, le silence est une faute de goût.”
Et il le fit.
Le rot fut long, musical. Le peuple acclama.
Le dieu Gérard
Il gonfla encore.
Son corps devint paysage.
Et puis il craqua.
Apparut Gérard Depardieu, nu sauf une cape de serviettes-éponge, armé d’une brochette à kebab géante.
“TU N’AS PAS LE DROIT. CETTE VIANDE ÉTAIT LA MIENNE.”
“ON NE DEVIENT PAS OBÈSE PAR DÉSIR. ON LE DEVIENT PAR DROIT DE SANG.”
Le héros voulut fuir.
Il trébucha.
Roula.
Et devint une boule. Une Katamari humaine.
Il absorba tout. Le peuple. Les sauces. Gérard lui-même.
Ne resta que la boule, parfaite, dormante, dans une clairière molle.
La relève
Années plus tard.
Des ados en trottinette la trouvèrent.
“C’est quoi ce truc ?”
“On dirait un monstre burger.”
Un coup de pied.
La boule vibra.
🎵 Bon anniversaire les p’tits Indiens... 🎵
Encore.
Elle roula de nouveau.
Et cette fois, rien ne pourra l’arrêter.
Merci de m’avoir lu,
— Théo Azibert
INSTA: @theo.azibert
Poète des canalisations
Une micro-nouvelle de Théo Azibert
Une ligne de Ligneville
Il venait de Ligneville, un endroit vertical, où les gens vivent debout et rêvent en colonnes.
Il était mince. Presque une ligne d'exclamation.
Et puis, Flapland.
Une aire d’autoroute sans fin, avec des cieux en plastique et des arbres qui sentent la frite.
C’est là qu’il le vit.
Massif. Une courbe. Une falaise en jogging.
Il respirait fort, comme un paysage de fast-food laissé trop longtemps au soleil.
Le mince s’approcha, troublé.
“Comment… comment as-tu eu ce corps ?”
L’autre sourit, les yeux doux comme de la mayonnaise.
“Je fais les concours du plus gros mangeur. Comme tout le monde ici.
Il faut bien avaler le monde, sinon c’est lui qui nous bouffe.”
Il l’emmena dans sa caravane. Moite, feutrée, pleine de photos de poulets rôtis et d’enfants heureux.
Et là, sur un fauteuil renforcé, sa femme. Deux fois plus grosse que lui. Une femme-tronc.
Elle n’avait plus de jambes, plus de bras, mais elle riait.
Son rire faisait vibrer les murs et les sauces.
“Elle est sacrée ici,” dit-il. “C’est la gardienne du gras éternel.”
Le mince tomba à genoux. Il ne voulait plus monter.
Il voulait rester. Couler. Gonfler.
Il voulait épouser Flapland.
La fête du surchargé
Le soir même, on organisa un concours de bouffe en son honneur.
Guirlandes de merguez, assiettes débordantes de crème,
et dans les haut-parleurs :
🎵 Bon anniversaire les p’tits Indiens... 🎵
En boucle. Hypnotique.
La femme-tronc s’approcha :
“Tu veux roter ? Tu rotes. Tu veux péter ? Tu pètes.
Ici, le silence est une faute de goût.”
Et il le fit.
Le rot fut long, musical. Le peuple acclama.
Le dieu Gérard
Il gonfla encore.
Son corps devint paysage.
Et puis il craqua.
Apparut Gérard Depardieu, nu sauf une cape de serviettes-éponge, armé d’une brochette à kebab géante.
“TU N’AS PAS LE DROIT. CETTE VIANDE ÉTAIT LA MIENNE.”
“ON NE DEVIENT PAS OBÈSE PAR DÉSIR. ON LE DEVIENT PAR DROIT DE SANG.”
Le héros voulut fuir.
Il trébucha.
Roula.
Et devint une boule. Une Katamari humaine.
Il absorba tout. Le peuple. Les sauces. Gérard lui-même.
Ne resta que la boule, parfaite, dormante, dans une clairière molle.
La relève
Années plus tard.
Des ados en trottinette la trouvèrent.
“C’est quoi ce truc ?”
“On dirait un monstre burger.”
Un coup de pied.
La boule vibra.
🎵 Bon anniversaire les p’tits Indiens... 🎵
Encore.
Elle roula de nouveau.
Et cette fois, rien ne pourra l’arrêter.
Merci de m’avoir lu,
— Théo Azibert
INSTA: @theo.azibert
Poète des canalisations