Aujourd'hui

Le 19/07/2025
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par Anaïs Meyson
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Thèmes / Obscur / Litanie
Ce slam, décrit par l’auteur comme un cri universel des oubliés et une résistance pour briser le silence des souffrances invisibles, ressemble à une poésie scénique aux accents de rap d'Elsa Lunghini, mais son usage systématique de rimes lui confère une allure old School. La narratrice exprime une douleur authentique, révélant le poids des traumas et des luttes intimes, bien que la répétition d’images sombres risque de diluer son intensité. Les rimes, parfois forcées, alourdissent le rythme, freinant la fluidité de ce témoignage poignant. Malgré cela, l’œuvre réussit à revendiquer une parole pour ceux qu’on ne voit pas, affirmant leur existence et leur combat.
Parfois, les mots sont les seules armes qu’il nous reste quand tout s’effondre autour de nous. Quand la douleur devient un fardeau trop lourd à porter, quand les cicatrices invisibles prennent plus de place que le souffle lui-même. Ce texte n'est pas un cri pour qu'on nous sauve, mais plutôt un partage d'une réalité que trop ignorent. Un reflet de l'intérieur, là où les blessures ne guérissent pas, où les âmes s'effritent et où la solitude règne en maîtresse.
Chaque matin j’ouvre les yeux dans l’brouillard,
Le cœur lourd, l’regard vide, tout est noir.
J’me lève pas, j’me traîne, j’existe à peine,
Mon corps est vivant, mais mon âme saigne.
J’suis une femme avec des failles, comme tout le monde,
Mais aussi avec des douleurs profondes,
Et des cicatrices invisibles qui résonnent à la seconde.

J’ai grandi dans la boue, dans la haine et la peur,
Où être femme c’est porter mille douleurs.
On m’a déshabillée de tout ce que j’étais,
On m’a jetée, ignorée, réduite à néant, oubliée.

On m’a arrachée des morceaux que j’retrouverai jamais,
Et chaque jour j’me demande si j'existe en vrai.
Y’a des souvenirs qui me giflent sans prévenir,
Des odeurs, des sons qui m’font chavirer, souffrir.
J’ai beau crier dans ma tête, personne m’entend,
J’suis qu’un fantôme maquillé, debout dans l’vent.

Les traumas me bouffent, me rongent, me lacèrent,
Des éclats d’passé plantés dans ma chair.
J’ai dit "non", j’ai dit "stop", j’ai supplié,
Mais la violence a parlé, et j’ai rien pu crier.
J’ai grandi trop vite dans un monde trop sale,
Où être femme c’est survivre, c’est vivre en cavale.
On te touche, on t’use, on te jette et t’oublie,
Et après faut sourire, comme si t’avais pas crié la nuit.

J’me suis construite sur des cendres, des cris mais aussi des silences lourds,
Sur des regards qui jugent, sur l’absence d’amour.
On m’a brisée, recollée, rebrisée encore,
Et maintenant j’sais plus si j’vaux un seul accord.

La drogue est là, fidèle, posée sur ma peau,
Elle m’endort, me tient, m’éteint comme un flambeau.
Opiacés dans les veines, cannabis dans l’souffle,
Et pour un moment, mon esprit s’essouffle.
Elle m’réconforte et me détruit sans pitié,
Elle connaît mes plaies, mes heures abîmées.
C’est pas une amie, mais c’est la seule qui reste,
Quand tout s’écroule, c’est elle qui m’reste.

Et quand ça va pas, j’le dis, j’le crache,
J’me cache plus, j’veux plus faire tâche.
J’dis que j’suis un monstre, parce que c’est comme ça que j’me vois.
Une bête qui saigne, qui comprend plus la loi.
Oui, quand je bascule, souvent j'en parle, je crache ma folie, mais j'ai l'impression que ça sert à rien, puis de toute façon tant pis.
Je ne cherche plus à plaire, j’assume mon agonie.
Je suis ce monstre que j’ai voulu fuir,
Une bête abîmée, condamnée à mourir.

La douleur est une lame plantée dans ma gorge,
Chaque respiration est un cri que je forge.
Je me regarde dans un miroir brisé,
Et je ne vois plus qu’une ombre prête à tomber.

J’suis fatiguée, tu sais, qu’on dise que j’suis trop sensible,
Alors qu’en vrai, j’survis avec un cœur en vrille.
J’ai mal comme si chaque souffle était un cri,
Comme si vivre, pour moi, c’était juste un pari.
Effectivement, j’me regarde parfois dans le miroir fendu,
Mais j'vois juste un regard perdu.
J’ai plus d’rêves, plus de foi, plus d’envie,
Mais j’suis toujours là, malheureusement, malgré la nuit.

Et j’sais pas pourquoi, j’sais pas comment,
Mais chaque mot que j’écris, c’est mon hurlement.
Et si un jour j’pars, faudra pas faire semblant,
Y’avait rien à sauver, juste un corps survivant.
J’crie dans le vide et personne répond,
J’meurs à petit feu, et c’est ça, mon fond.
J’suis pas debout, j’suis coincée, j’suis foutue,
Y’a plus d’issue, plus d’lumière, j’suis perdue.
Et si tu lis ces mots, retiens juste ceci :
Y’en a qui vivent morts, et j’suis de ceux-là aujourd’hui.