Tout est si feutré qu’il doit s’agir d’un rêve. J’entends une voix qui dit : mettre dans une casserole .Je sais pas d’où elle vient cette voix mais elle me dit : mettre, mettre dans une casserole .Et cette casserole fait au moins un mètre de diamètre .L’enfant ligoté est allongé dans ma main. Il crie. Je ne l’entends pas mais je sais qu’il crie .J’entends seulement la voix : mettre, mettre dans la casserole . Alors dans l’eau qui bout je trempe l’enfant qui crie, qui crie comme si ça servait à quelque chose .Sa peau se racornit, devient noire. Il ne crie plus. Il flotte dans l’eau et si je l’appelle l’enfant c’est que je ne sais plus quoi en dire.
Pourtant j’ai encore des choses à faire. Il faut que je m’applique si je veux obéir à mon maître. Alors j’y vais délicatement, je le découpe en lamelles. C’est difficile, ça prend du temps. Mais il faut continuer, la voix le dit : du jus de citron, en mettre, en mettre . L’eau est de plus en plus noire, quelque chose flotte .Puis tout à coup mes tympans chavirent, c’est de dedans que me déchirent des trompettes. Elles dansent autour de moi et leurs bouches s’ouvrent en grand, toujours plus grand , comme un nuage de mouches elles cognent, cognent contre ma tête. Alors j’essaie de me souvenir, de me raccrocher au futur .J’ai besoin de la voix, de ses verbes qui me donnent des ordres, porter à ébullition, trancher, incorporer, émincer. Les mains me brûlent. Dans l’eau je jette de l’ail et du thym, du sel et du poivre. Puis une foule tourne autour de moi, sur leur torse nu brillent d’étranges couleurs. L’eau me brûle, ma peau se racornit. Tout est bientôt fini. Mais je sais qui je suis .O merci, maître, maître.
Pourtant j’ai encore des choses à faire. Il faut que je m’applique si je veux obéir à mon maître. Alors j’y vais délicatement, je le découpe en lamelles. C’est difficile, ça prend du temps. Mais il faut continuer, la voix le dit : du jus de citron, en mettre, en mettre . L’eau est de plus en plus noire, quelque chose flotte .Puis tout à coup mes tympans chavirent, c’est de dedans que me déchirent des trompettes. Elles dansent autour de moi et leurs bouches s’ouvrent en grand, toujours plus grand , comme un nuage de mouches elles cognent, cognent contre ma tête. Alors j’essaie de me souvenir, de me raccrocher au futur .J’ai besoin de la voix, de ses verbes qui me donnent des ordres, porter à ébullition, trancher, incorporer, émincer. Les mains me brûlent. Dans l’eau je jette de l’ail et du thym, du sel et du poivre. Puis une foule tourne autour de moi, sur leur torse nu brillent d’étranges couleurs. L’eau me brûle, ma peau se racornit. Tout est bientôt fini. Mais je sais qui je suis .O merci, maître, maître.