Il est la chez vous, dans votre intimité.
Vous savez tout de lui.
Il traîne, il rode.
Vous savez tout de lui.
Il mord
Vous ne saviez pas tout de lui.
Vous savez tout de lui.
Il traîne, il rode.
Vous savez tout de lui.
Il mord
Vous ne saviez pas tout de lui.
LE LOUP EN LUI
21H
La nuit a enveloppée tout le quartier, il n’y a que la lumière des candélabres qui a intervalles régulier, la déchire. A travers la fenêtre de la cuisine, je constate le désert des rues ou en tout cas de ma rue. Le froid qui recouvre le pays depuis quelques jours, n’incite pas aux promenades nocturnes. Dehors il fait froid, mais moi j’ai chaud, très chaud !!! J’attrape un grand verre dans le placard au-dessus de l’évier, je fais couler l’eau du robinet longtemps afin que celle-ci soit bien fraiche.
« David, tu veux boire quelque chose ? »
Pas de réponse.
Je réitère ma question et toujours pas de réponse. Je bois une bonne gorgée de cette eau bien fraiche et je me dirige vers le salon. En passant devant l’entrée, je trébuche, le verre a failli m’échapper des mains. J’ai le réflexe de le redresser a temps, mais quelques gouttes arrivent quand même a s’échapper. Je me promets de revenir nettoyer tout à l’heure car là, sur l’instant, j’ai la flemme. Je m’affale dans le fauteuil qui fait face au canapé ou David est assis. Il ne dit rien.
« Tu pourrais répondre quand je te pose une question »
« J’ai pas soif. »
Je me penche et prend une cigarette dans le paquet qui se trouve sur la table basse ainsi que le briquet. Les gestes de l’ancienne fumeuse que j’étais reviennent tout de suite, le corps a de la mémoire. Je dépose ma clope sur ma lèvre inferieur, pas au milieu, mais pas non plus complément sur le côté. Un tout petit peu à gauche du petit ourlet qui, avec les courbes de mes hanches avait séduit mon mari, il y a longtemps, si longtemps déjà. 30 années de ciel bleu, de nuage, de soleil, de pluie et au milieu de ces années, notre fille Gabrielle, notre bonheur.
La première bouffée de Philip Morris me fait tousser.
« Quand on ne sait pas fumer on fume pas. »
« Je me passerai bien de tes remarques David »
Le nuage de fumée tabagique sort de ma bouche et se transforme lentement en volutes qui vont se nichées sous le lustre de la salle amanger pour y disparaitre mollement. La deuxième bouffée me vrille le cerveau, mais ce n’est pas désagréable. Tout bien réfléchi, j’ai besoin de quelques chose de plus fort que de l’eau. En tanguant un peu, je me lève du fauteuil et retourne dans la cuisine
« Je vais aller me servir un verre de vin ou peut être de rhum !!! »
David croise les jambes, son visage n’exprime rien.
Une fois encore je manque de tomber en trébuchant dans l’entrée sur ….sur je ne sais pas quoi. Curieusement je n’y fais pas attention, j’ai bien d’autres choses en tête. Dans la cuisine j’opte pour le vieux rhum, celui qu’il nous reste de notre voyage en Martinique de l’année dernière avec notre fille. Je me sers un bon verre, je sais que c’est ce qu’il me faut pour ce qui va suivre. En re re passant dans l’entrée, je fais un écart pour ne pas trébuche a nouveau et du coin de l’œil j’aperçois un objet en métal rouge.
David n’a pas bougé d’un pouce.
Je bois une belle gorgée de rhum et je me lance.
« Alors David, tu n’as rien à me dire ?? »
« Moi ?? Non que veux-tu que je te dise ?? »
« Je ne sais pas. Tu es presque muet depuis que tu es rentré. Tu m’écoutes mais tu ne me dis rien »
Je m’aperçois que je ne me rappelle plus à quelle heure il est rentré, tout ce que je sais c’est qu’il est rentré avant son heure habituelle, puisque c’est moi qui l’ai appelé, mais je ne me rappelle plus à quelle heure. Ce n’est pas très important.
« C’est plutôt à toi de me parler non ?? Tu appelles à mon bureau en hurlant, en prononçant des mots presque inintelligibles en me parlant de Gabrielle. Tu me demande de rentrer en urgence sans plus de détails, je suis là. Je t’écoute et où est Gabrielle d’abord ? »
Il croise ses jambes après la fin de sa phrase et pose ses mains sur ses cuisses et son pantalon de costume bleu que je lui ai offert à noël dernier. Il est élégant, tiré a 4 épingles comme toujours. Son parfum aux essences de musc me donne la nausée.
« Gabrielle est à l’hôpital »
« Quoi ???? Et ‘tas attendu tous ce temps pour me le dire. Qu’est-ce qu’elle a ? Dis-moi qu’est-ce qu’elle a ? Elle est dans quel hopital ? Faut que je la voie, que je lui parle. Ou est ma fille ?que lui est-il arrivé ? Parle merde !!!!!! »
« Elle va bien. Elle va mieux plutôt. »
Son pied gauche fait trembler sa Weston marron, signe évident chez lui d’une inquiétude, d’un stress.
« Emmène-moi a l’hôpital tout de suite, dis-moi ce qui lui est arrivé. Il faut que je voie ma fille. Parle bordel »
Son ton est monté un peu sur les deux derniers mots, mais pas tant que ça. Ce n’est pas dans ses habitudes les jurons, il ne sait pas comment……….
Du coin de l’œil j’aperçois une masse sombre près de l’entrée, là où j’ai failli tomber 2 fois tout à l’heure, près de l’objet métallique. J’ai une appréhension, une peur qui m’empêche de tourner la tête et de regarder.
………….. Les proférés.
« Calme-toi. Comme je te l’ai dit elle va bien, elle va mieux. Je vais te raconter ce qui lui est arrivé, mais je veux juste que tu ne m’interrompes pas, sinon je n’arriverais pas à aller jusqu’au bout d’accord ??? »
David ne répond pas, il décroise ses jambes, puis les recroise de l’autre côté. Je prends son silence pour un oui.
« Aujourd’hui, je suis rentré un peu plus tôt de mon travail, il devait être 16h alors que d’habitude c’est plutôt 17h, je n’avais pas trop envie de travailler, j’en ai eu marre je suis parti »
Cette masse sombre !!!!!
« Lorsque je suis rentré, le cartable de Gabrielle gisait dans l’entrée comme à son habitude. Nous sommes mardi et le mardi sa classe de 6 eme n’a pas cours l’après-midi. Je l’ai appelé en lui hurlant que c’était moi qui était rentré, mais elle ne m’a pas répondu, comme elle est coutumière du fait, je ne me suis pas inquiéter.
Une gorgée de rhum !!!!
Je me suis mise a l’aise, jogging t-shirt, j’ai vidé le lave-vaisselle et je suis monté embrasser ma fille. J’ai cogné à sa porte de chambre, mais pas de réponse. J’ai alors cogné une seconde fois et je suis rentré, je me suis dit qu’elle avait dû s’endormir, comme ça lui arrivait parfois. Je ne sais pas pourquoi David, mais à cet instant la, des bouffées de chaleur m’on envahit et un stress aussi, alors qu’il n’y avait aucune raison.
David ne bronche pas. En même temps n’est-ce pas moi qui lui ai demandé de ne pas m’interrompre ?
Cette masse sombre !!!
Une gorgée de rhum. L’alcool commence à faire son effet.
« Putain c’est quoi ce truc dans l’entrée ???? » je n’ai pas eu l’intention de prononcer ces mots a haute voix, je ne me suis pas rendu compte que je les avais en tête. David non plus ne s’est pas rendu compte que je les aie dits, il ne les a surement pas entendues. Il est stoïque, ces bras se sont croisés comme ces jambes, et il attend.
L’enculer il attend !!!!!
Une gorgée de rhum
Je suis donc rentré dans la chambre, elle était par terre David, par terre sa robe blanche d’enfant souillée de rouge. J’ai mis une minutes me rendre compte que c’était du sang, du sang bien rouge de mon enfant qui allait de ses poignets jusqu’au parquet. Ensuite David, j’ai agi aussi vite que j’ai pu. J’ai attrapé son écharpe sur sa chaise et je l’ai nouée aussi fort que j’ai pu a son poignet. Je l’ai serré contre moi David. J’ai demandé des dizaines de fois pourquoi elle avait fait ça, elle ne me répondait pas, j’ai cru que la lumière de ma vie s’était éteinte David, mais contre mon flanc j’ai senti son cœur battre. Je l’ai alors emmitouflé dans une couverture et je l’ai porté jusqu’à la voiture. Je te jure que sur le chemin de l’hôpital, je n’ai jamais conduis aussi vite de toute ma vie.
Cette masse sombre, sombre et bleu !!!!!
Dès mon arrivé aux urgences ils ont pris mon bébé en charge. Les constantes furent prises, la plaie recousue. Le temps s’est arrêté un moment dans le silence de la chambre d’hôpital, silence qui n’était brisé que par le bruit du goutte à goutte et la respiration de Gabrielle. Elle se réveilla 1 heure après. Je n’ai pas dit un mot, j’étais vider. L’adrénaline qui m’avait permis de sauver ma fille était partit et avait laissé place à une fatigue immense. Gabrielle me demanda d’appeler l’infirmière ou le docteur, ce que je fis. Le docteur vint assez rapidement, elle lui chuchota quelque chose à l’oreille et il me demanda de sortir, Gabrielle voulais lui parler en tête a tête. Je n’ai même pas contesté. Je suis sortie de la chambre comme un zombie et j’ai attendu dans le couloir.
La masse sombre n’est plu si sombre. Elle devient bleu, doucement, tout doucement !!!!
Le médecin m’a rejoint une bonne vingtaine de minutes après.
« Madame votre fille m’a parlé, et ce qu’elle m’a raconté n’est pas facile à dire, surtout à une mère, mais je me dois de vous le dire… »
« Mais allez y putain !!!! Vous ne voyez pas que je me ronge d’inquiétude. Je ne sais même pas pourquoi elle a voulu vous parlez a vous alors que je suis là. »
« Parfois c’est plus facile de parler à un inconnu de chose difficile vous savez !!!!Voilà votre fille m’a parlé de son père. Elle m’a parlé de ses gestes doux le soir dans sa chambre pendant que vous dormiez. Elle m’a parlé de ses caresses qui n’étaient pas les caresses d’un père. Elle m’a parlé de ses visites nocturnes régulières, de plus en plus régulières. De ses gestes d’adultes sur son corps d’enfants, de sa main sur sa bouche, de sa culotte d’enfant qui se déchire, de sa peur et de l’amour pour son papa qui l’empêchait de crier….. »
La masse sombre devient complètement bleue. Bleu et marron.
« …..de sa douleur qui brulait son entrejambe, de ses yeux, qui pendant les gestes de son père, se posaient sur ses étagères pleines de livres d’enfants. Tous ces livres pleins de l’innocence, cette innocence qu’elle n’aura plus jamais. Elle m’a parlé de son mutisme, de sa chambre d’enfant qui n’en avait plus le gout. Elle m’a parlé de la peur qu’elle avait que l’on puisse lire sur son visage ce qu’elle endurait. Elle m’a parler de sa solitude depuis ces 2 dernières années, de son envie de mourir, de son soulagement de pouvoir enfin trouver la force de parler , de raconter son calvaire. A vous elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas vous faire de peine, elle a éclaté en sanglots, des larmes épaisses ont jailli, des larmes pleines de noirceurs qui n’avaient rien à faire sur le visage d’une enfant. Voilà madame ce que m’a dit votre fille. Allez la voir maintenant elle a besoin de vous et ensuite allez voir la police avec le rapport d’examens que je vais vous donnez. »
Une dernière gorgée de rhum et la masse sombre est maintenant bleu, marron et …. Et rouge, rouge, rouge.
Je me suis senti comme sonner avec un gout de dégout dans la bouche. L’incrédulité ma envahi et puis la honte. La honte de n’avoir pas su déceler sur le visage de ma fille les douleurs qu’elle vivait. Lors de ces 2 dernières années elle avait été seule de la pire façon que l’on puisse l’être. Depuis cet instant-là, l’instant ou le médecin m’a tous raconté, mon visage a pris une teinte blanchâtre, que je crois, je garderais à vie.
Pendant ce récit j’ai baissé les yeux. Je n’ai pas eu le courage de regarder David en face. Alors à la fin j’ai relevé la tête doucement, avec l’intention de planter mes yeux dans les siens et d’attendre ce qu’il allait me dire. Mais David n’est plus là. Il a disparu. Je le cherche, je tourne la tête à droite, à gauche, je regarde même au plafond, le stress parfois nous fait faire n’importe quoi. Je l’appelle.
« David !!!!! David t’es ou ????? »
Le silence.
Alors je l’appelle plus fort et de plus en plus fort. A la fin je hurle.
« DAVID !!!!! DAVID !!!!!DAVIIIIIIID !!!!! »
Son prénom se cogne aux murs, au plafond, aux meubles puis disparait. Je me lève avec vigueur, me tourne vers l’entrée et la masse est là. Elle n’est plus sombre, plus sombre du tout. Elle porte un costume bleu, le même que j’ai offert à David a noël dernier, et des chaussures marron. La masse est auréolée d’un cercle rouge vif. C’est du sang, mon dieu c’est du sang, tellement de sang !!!!!
Et je hurle, je hurle ma folie, je hurle et en hurlant tout me reviens.
19h
J’avais quitté Gabrielle en la laissant entre les mains des infirmières. Je l’ai embrassé de toutes mes forces, je l’ai respiré. Je lui ai murmuré « mon amour » et que j’allai revenir vite pour passer la nuit avec elle. Il me fallait juste prendre une douche et me changer. Elle m’a offert un petit sourire du coin de lèvres, m’a demander de la protéger et de la serrer dans les bras. Elle m’a dit ça en me tendant ses bras, la paume des mains levées vers le ciel. Je l’ai serré aussi fort que j’ai pu.
« Je reviens vite chérie ne t’inquiète pas »
Le chemin du retour s’est fait aussi lentement que le chemin de l’aller s’était fait vite. Tout se mélangea dans ma tête.
Mon mariage.
Le sourire de David le jour de la naissance de Gabrielle
Gabrielle dans les bras de son père, riant a s’en décrocher la mâchoire.
Mon bonheur, qui se lisait sur mon visage, d’être près d’eux.
Les photos de classe de ma fille chaque année depuis le CP et mon esprit qui se focalise sur son sourire et puis sur celles des 2 dernières années ou elle ne souriait plus
Moi lui demandant de faire un effort, d’être plus souriante.
Ma fille de plus en plus cloitrée dans sa chambre, participant de moins en moins à la vie de la maison et moi mettant son comportement sur le compte de sa pré adolescence.
Moi lui criant dessus quand elle ne touchait presque pas à son repas.
Moi lui reprochant ses notes de plus en plus faibles, les commentaires de ses profs de plus en plus négatifs
Ces moments après diner, ou il allait lui dire bonsoir dans sa chambre, qui s’éternisaient.
Cet éloignement progressif, elle qui avait toujours été plus complice avec lui qu’avec moi.
Elle sur ses genoux a lui a (devant une glace au chocolat énorme) avec le bleu de la mer en arrière-plan.
Elle, elle dans ses bras, le sourire lever vers le plafond un soir de noël
Elle, la mine grise, alors qu’elle aurait dû être heureuse, la main dans la main de son père dans la file d’attente a euro Disney.
Elle presque flou, courant vers moi et ignorant ses bras a lui, sur le quai de la gare de Lyon en retour de colonie et moi qui l’a gronde presque d’avoir ce comportement envers son « papa »
Comment n’avais-je rien vu venir. Cela paraissait pourtant évident maintenant que j’y pense et que je sais. Une enfant aussi joyeuse, aussi rieuse, aussi pleine de vie, aussi brillante que Gabrielle l’avait été toute sa primaire, ne pouvait pas sombrer de la sorte, ne pouvait pas éteindre sa lumière, son sourire, sa joie de vivre sans raison profonde.
Ces images, ces moments se sont enchainées et la tristesse, la peine, la colère et la haine se sont installés en moi.je suis arrivé a la maison vers 19h20, je le sais parce que l’horloge du micro-onde me le clignotai en pleine face dans la cuisine. Les deux mains posées sur le plan de travail j’ai repris mon souffle et je suis monté prendre une douche. Je me suis changer, j’ai pris un sac dans lequel j’ai mis deux ou trois affaires de rechange pour Gabrielle et pour moi. J’ai fait tout cela en pleurant avec le visage de ma fille devant les yeux. Dans l’escalier, j’ai décroché toutes les photos ou Gabrielle était en compagnie de l‘autre. Je les aie jeté a terre, l’une d’elle dégringola en bas et puis j’ai hurlé dans la maison vide.
Vers 20h la porte d’entrée s’est ouverte, il arrivait du travail. En rentrant il fit un bond de surprise. Je l’attendais habiller de mon blouson et le sac de sport en bandoulière, immobile adosser au mur face à la porte
« Tu m’as fait peur !!!!!. Qu’est-ce que tu fais ? Tu sors ? Tu vas ou avec ce sac ? »
Je l’ai regardé fixement et j’ai vu, j’ai su avec certitude qu’il savait que je savais, qu’il était bien ce monstre hideux qui avait broyé la vie de mon enfant. Ce fut lorsqu’il aperçut la photo dans le cadre briser au pied de l’escalier, qu’il eut un regard de panique, un regard d’animal acculer, sachant que c’était fini. Instantanément, il reprit le dessus.
Sans dire un mot, il s’est dirigé vers le frigo l’a ouvert a saisi un citron et la bouteille de rhum et s’en ai servi un bon verre. Il a attrapé un couteau de cuisine sur le présentoir et s’est couper une tranche de citron qu’il a jeté dans le rhum. Moi je l’avais suivi pas à pas, j’attendais !!!! J’attendais je ne sais pas quoi d’ailleurs. Peut-être que j’attendais le moment qui a suivi lorsqu’il m’a demandé
« Ou est Gabrielle ? Elle va bien ? »
Avec une rapidité dont je ne me serais pas cru capable, j’ai attrapé le couteau et je l’ai planté sous son menton, la lame ressortit par sa bouche. Il ne hurla même pas, tellement sa surprise fut grande. Ses mains ont saisies sa gorge et il a fui vers la porte d’entrée. Comme une harpie, je l’ai suivi et chacun de ses pas étaient autant de coup de couteau que je lui assenai. Il finit par s’écrouler au pied de la porte. J’ai continué à le poignarder. La lame rentrait dans cou, ses joues, ses hanches. J’ai eu la force de le retourner. J’ai ouvert sa braguette, sorti cette queue qui tant de fois s’était planter en moi et je l’ai tranché d’un coup puis j’ai continué a le poignarder pendant je ne sais combien temps, tout ce que je sais c’est que lorsque j’ai lâcher le couteau, j’étais a bout de souffle, en âge, j’avais chaud et la bouche sèche. Je me suis lever, j’ai été me laver les mains et je me suis servi un verre d’eau en laissant couler l’eau du robinet longtemps pour que celle-ci soit bien fraiche puis j’ai été m’assoir sur le fauteuil dans la salle à manger.
Je reste assis comme ça un long moment. Je saisi un stylo et un bout de papier sur la table basse et j’y griffonne quelques mots. Je prends le téléphone de la maison et je compose le 17.
« Commissariat de police bonjour. »
« Bonjour monsieur, je viens de le tuer. J’habite au 42 rue boulevard Gallieni à Nogent sur marne »
La voix du policier me demande de me présenter, mais je raccroche aussitôt.
Je sors de cette maison, qui plus jamais ne sera la mienne, j’y jette un dernier regard et une envie de vomir me gagne. Il est debout a la fenêtre du salon, il en bouge pas, il me regarde partir.
Je cligne des yeux et il disparait.
Le silence des couloirs de l’hôpital m’apaise.
L’infirmière me reconnait et me rassure en me disant qu’évidemment que je peux passer la nuit près de ma fille.
J’ouvre la porte de sa chambre, le plus silencieusement possible, je pose mon sac, enlève mes chaussures et me glisse près d’elle.
Je cale ma respiration à la sienne.
Du bout des doigts j’écarte une mèche de ses cheveux qui s’alanguissait sur son visage et je l’embrasse encore et encore.
Son sommeil est profond.
Elle ne se réveille pas.
Le plafond me dévisage et je me rends compte !!!!!
Je me rends compte qu’en une seule fois, je viens de privé ma fille d’un père mais aussi d’une mère, car je sais que c’est la prison qui m’attend.
Je viens de la priver d’une vie pleine, d’une guérison.
Qu’est-ce que j’ai fait mon dieu ????
Qu’est-ce que j’ai fait ????
Je me suis assoupi.
Des voix dans le couloir me tirent de ma léthargie.
« Bonsoir, vous avez une jeune patiente que l’on vous a amené aujourd’hui et qui a essayer de mettre fin à ses jours ? »
« Oui c’est la chambre 421 au fond du couloir »
« Sa mère est avec elle ?? »
« Oui, elle est arrivée il y a une petite demi-heure. Pourquoi ? »
« On ne peut pas vous en dire plus madame, mais nous avons trouvé chez elle un mot qui nous indiquait qu’elle serait la auprès de sa fille. »
Je me lève sans faire de bruit.
J’ouvre le sac de sport, dépose les affaires de Gabrielle sur le lit.
J’enfile mes chaussures.
Je mets mon manteau, en prenant mon temps pour attacher chaque bouton, il fait froid dehors.
Je me donne une minute et à voix basse
« Je t’aime ma fille. Pardon pour cet avenir que je t’ai tracé. Pardon pour ce qu’il t’a fait. Pardon !!!! »
Et sans faire de bruit, je sors dans le couloir.
21H
La nuit a enveloppée tout le quartier, il n’y a que la lumière des candélabres qui a intervalles régulier, la déchire. A travers la fenêtre de la cuisine, je constate le désert des rues ou en tout cas de ma rue. Le froid qui recouvre le pays depuis quelques jours, n’incite pas aux promenades nocturnes. Dehors il fait froid, mais moi j’ai chaud, très chaud !!! J’attrape un grand verre dans le placard au-dessus de l’évier, je fais couler l’eau du robinet longtemps afin que celle-ci soit bien fraiche.
« David, tu veux boire quelque chose ? »
Pas de réponse.
Je réitère ma question et toujours pas de réponse. Je bois une bonne gorgée de cette eau bien fraiche et je me dirige vers le salon. En passant devant l’entrée, je trébuche, le verre a failli m’échapper des mains. J’ai le réflexe de le redresser a temps, mais quelques gouttes arrivent quand même a s’échapper. Je me promets de revenir nettoyer tout à l’heure car là, sur l’instant, j’ai la flemme. Je m’affale dans le fauteuil qui fait face au canapé ou David est assis. Il ne dit rien.
« Tu pourrais répondre quand je te pose une question »
« J’ai pas soif. »
Je me penche et prend une cigarette dans le paquet qui se trouve sur la table basse ainsi que le briquet. Les gestes de l’ancienne fumeuse que j’étais reviennent tout de suite, le corps a de la mémoire. Je dépose ma clope sur ma lèvre inferieur, pas au milieu, mais pas non plus complément sur le côté. Un tout petit peu à gauche du petit ourlet qui, avec les courbes de mes hanches avait séduit mon mari, il y a longtemps, si longtemps déjà. 30 années de ciel bleu, de nuage, de soleil, de pluie et au milieu de ces années, notre fille Gabrielle, notre bonheur.
La première bouffée de Philip Morris me fait tousser.
« Quand on ne sait pas fumer on fume pas. »
« Je me passerai bien de tes remarques David »
Le nuage de fumée tabagique sort de ma bouche et se transforme lentement en volutes qui vont se nichées sous le lustre de la salle amanger pour y disparaitre mollement. La deuxième bouffée me vrille le cerveau, mais ce n’est pas désagréable. Tout bien réfléchi, j’ai besoin de quelques chose de plus fort que de l’eau. En tanguant un peu, je me lève du fauteuil et retourne dans la cuisine
« Je vais aller me servir un verre de vin ou peut être de rhum !!! »
David croise les jambes, son visage n’exprime rien.
Une fois encore je manque de tomber en trébuchant dans l’entrée sur ….sur je ne sais pas quoi. Curieusement je n’y fais pas attention, j’ai bien d’autres choses en tête. Dans la cuisine j’opte pour le vieux rhum, celui qu’il nous reste de notre voyage en Martinique de l’année dernière avec notre fille. Je me sers un bon verre, je sais que c’est ce qu’il me faut pour ce qui va suivre. En re re passant dans l’entrée, je fais un écart pour ne pas trébuche a nouveau et du coin de l’œil j’aperçois un objet en métal rouge.
David n’a pas bougé d’un pouce.
Je bois une belle gorgée de rhum et je me lance.
« Alors David, tu n’as rien à me dire ?? »
« Moi ?? Non que veux-tu que je te dise ?? »
« Je ne sais pas. Tu es presque muet depuis que tu es rentré. Tu m’écoutes mais tu ne me dis rien »
Je m’aperçois que je ne me rappelle plus à quelle heure il est rentré, tout ce que je sais c’est qu’il est rentré avant son heure habituelle, puisque c’est moi qui l’ai appelé, mais je ne me rappelle plus à quelle heure. Ce n’est pas très important.
« C’est plutôt à toi de me parler non ?? Tu appelles à mon bureau en hurlant, en prononçant des mots presque inintelligibles en me parlant de Gabrielle. Tu me demande de rentrer en urgence sans plus de détails, je suis là. Je t’écoute et où est Gabrielle d’abord ? »
Il croise ses jambes après la fin de sa phrase et pose ses mains sur ses cuisses et son pantalon de costume bleu que je lui ai offert à noël dernier. Il est élégant, tiré a 4 épingles comme toujours. Son parfum aux essences de musc me donne la nausée.
« Gabrielle est à l’hôpital »
« Quoi ???? Et ‘tas attendu tous ce temps pour me le dire. Qu’est-ce qu’elle a ? Dis-moi qu’est-ce qu’elle a ? Elle est dans quel hopital ? Faut que je la voie, que je lui parle. Ou est ma fille ?que lui est-il arrivé ? Parle merde !!!!!! »
« Elle va bien. Elle va mieux plutôt. »
Son pied gauche fait trembler sa Weston marron, signe évident chez lui d’une inquiétude, d’un stress.
« Emmène-moi a l’hôpital tout de suite, dis-moi ce qui lui est arrivé. Il faut que je voie ma fille. Parle bordel »
Son ton est monté un peu sur les deux derniers mots, mais pas tant que ça. Ce n’est pas dans ses habitudes les jurons, il ne sait pas comment……….
Du coin de l’œil j’aperçois une masse sombre près de l’entrée, là où j’ai failli tomber 2 fois tout à l’heure, près de l’objet métallique. J’ai une appréhension, une peur qui m’empêche de tourner la tête et de regarder.
………….. Les proférés.
« Calme-toi. Comme je te l’ai dit elle va bien, elle va mieux. Je vais te raconter ce qui lui est arrivé, mais je veux juste que tu ne m’interrompes pas, sinon je n’arriverais pas à aller jusqu’au bout d’accord ??? »
David ne répond pas, il décroise ses jambes, puis les recroise de l’autre côté. Je prends son silence pour un oui.
« Aujourd’hui, je suis rentré un peu plus tôt de mon travail, il devait être 16h alors que d’habitude c’est plutôt 17h, je n’avais pas trop envie de travailler, j’en ai eu marre je suis parti »
Cette masse sombre !!!!!
« Lorsque je suis rentré, le cartable de Gabrielle gisait dans l’entrée comme à son habitude. Nous sommes mardi et le mardi sa classe de 6 eme n’a pas cours l’après-midi. Je l’ai appelé en lui hurlant que c’était moi qui était rentré, mais elle ne m’a pas répondu, comme elle est coutumière du fait, je ne me suis pas inquiéter.
Une gorgée de rhum !!!!
Je me suis mise a l’aise, jogging t-shirt, j’ai vidé le lave-vaisselle et je suis monté embrasser ma fille. J’ai cogné à sa porte de chambre, mais pas de réponse. J’ai alors cogné une seconde fois et je suis rentré, je me suis dit qu’elle avait dû s’endormir, comme ça lui arrivait parfois. Je ne sais pas pourquoi David, mais à cet instant la, des bouffées de chaleur m’on envahit et un stress aussi, alors qu’il n’y avait aucune raison.
David ne bronche pas. En même temps n’est-ce pas moi qui lui ai demandé de ne pas m’interrompre ?
Cette masse sombre !!!
Une gorgée de rhum. L’alcool commence à faire son effet.
« Putain c’est quoi ce truc dans l’entrée ???? » je n’ai pas eu l’intention de prononcer ces mots a haute voix, je ne me suis pas rendu compte que je les avais en tête. David non plus ne s’est pas rendu compte que je les aie dits, il ne les a surement pas entendues. Il est stoïque, ces bras se sont croisés comme ces jambes, et il attend.
L’enculer il attend !!!!!
Une gorgée de rhum
Je suis donc rentré dans la chambre, elle était par terre David, par terre sa robe blanche d’enfant souillée de rouge. J’ai mis une minutes me rendre compte que c’était du sang, du sang bien rouge de mon enfant qui allait de ses poignets jusqu’au parquet. Ensuite David, j’ai agi aussi vite que j’ai pu. J’ai attrapé son écharpe sur sa chaise et je l’ai nouée aussi fort que j’ai pu a son poignet. Je l’ai serré contre moi David. J’ai demandé des dizaines de fois pourquoi elle avait fait ça, elle ne me répondait pas, j’ai cru que la lumière de ma vie s’était éteinte David, mais contre mon flanc j’ai senti son cœur battre. Je l’ai alors emmitouflé dans une couverture et je l’ai porté jusqu’à la voiture. Je te jure que sur le chemin de l’hôpital, je n’ai jamais conduis aussi vite de toute ma vie.
Cette masse sombre, sombre et bleu !!!!!
Dès mon arrivé aux urgences ils ont pris mon bébé en charge. Les constantes furent prises, la plaie recousue. Le temps s’est arrêté un moment dans le silence de la chambre d’hôpital, silence qui n’était brisé que par le bruit du goutte à goutte et la respiration de Gabrielle. Elle se réveilla 1 heure après. Je n’ai pas dit un mot, j’étais vider. L’adrénaline qui m’avait permis de sauver ma fille était partit et avait laissé place à une fatigue immense. Gabrielle me demanda d’appeler l’infirmière ou le docteur, ce que je fis. Le docteur vint assez rapidement, elle lui chuchota quelque chose à l’oreille et il me demanda de sortir, Gabrielle voulais lui parler en tête a tête. Je n’ai même pas contesté. Je suis sortie de la chambre comme un zombie et j’ai attendu dans le couloir.
La masse sombre n’est plu si sombre. Elle devient bleu, doucement, tout doucement !!!!
Le médecin m’a rejoint une bonne vingtaine de minutes après.
« Madame votre fille m’a parlé, et ce qu’elle m’a raconté n’est pas facile à dire, surtout à une mère, mais je me dois de vous le dire… »
« Mais allez y putain !!!! Vous ne voyez pas que je me ronge d’inquiétude. Je ne sais même pas pourquoi elle a voulu vous parlez a vous alors que je suis là. »
« Parfois c’est plus facile de parler à un inconnu de chose difficile vous savez !!!!Voilà votre fille m’a parlé de son père. Elle m’a parlé de ses gestes doux le soir dans sa chambre pendant que vous dormiez. Elle m’a parlé de ses caresses qui n’étaient pas les caresses d’un père. Elle m’a parlé de ses visites nocturnes régulières, de plus en plus régulières. De ses gestes d’adultes sur son corps d’enfants, de sa main sur sa bouche, de sa culotte d’enfant qui se déchire, de sa peur et de l’amour pour son papa qui l’empêchait de crier….. »
La masse sombre devient complètement bleue. Bleu et marron.
« …..de sa douleur qui brulait son entrejambe, de ses yeux, qui pendant les gestes de son père, se posaient sur ses étagères pleines de livres d’enfants. Tous ces livres pleins de l’innocence, cette innocence qu’elle n’aura plus jamais. Elle m’a parlé de son mutisme, de sa chambre d’enfant qui n’en avait plus le gout. Elle m’a parlé de la peur qu’elle avait que l’on puisse lire sur son visage ce qu’elle endurait. Elle m’a parler de sa solitude depuis ces 2 dernières années, de son envie de mourir, de son soulagement de pouvoir enfin trouver la force de parler , de raconter son calvaire. A vous elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas vous faire de peine, elle a éclaté en sanglots, des larmes épaisses ont jailli, des larmes pleines de noirceurs qui n’avaient rien à faire sur le visage d’une enfant. Voilà madame ce que m’a dit votre fille. Allez la voir maintenant elle a besoin de vous et ensuite allez voir la police avec le rapport d’examens que je vais vous donnez. »
Une dernière gorgée de rhum et la masse sombre est maintenant bleu, marron et …. Et rouge, rouge, rouge.
Je me suis senti comme sonner avec un gout de dégout dans la bouche. L’incrédulité ma envahi et puis la honte. La honte de n’avoir pas su déceler sur le visage de ma fille les douleurs qu’elle vivait. Lors de ces 2 dernières années elle avait été seule de la pire façon que l’on puisse l’être. Depuis cet instant-là, l’instant ou le médecin m’a tous raconté, mon visage a pris une teinte blanchâtre, que je crois, je garderais à vie.
Pendant ce récit j’ai baissé les yeux. Je n’ai pas eu le courage de regarder David en face. Alors à la fin j’ai relevé la tête doucement, avec l’intention de planter mes yeux dans les siens et d’attendre ce qu’il allait me dire. Mais David n’est plus là. Il a disparu. Je le cherche, je tourne la tête à droite, à gauche, je regarde même au plafond, le stress parfois nous fait faire n’importe quoi. Je l’appelle.
« David !!!!! David t’es ou ????? »
Le silence.
Alors je l’appelle plus fort et de plus en plus fort. A la fin je hurle.
« DAVID !!!!! DAVID !!!!!DAVIIIIIIID !!!!! »
Son prénom se cogne aux murs, au plafond, aux meubles puis disparait. Je me lève avec vigueur, me tourne vers l’entrée et la masse est là. Elle n’est plus sombre, plus sombre du tout. Elle porte un costume bleu, le même que j’ai offert à David a noël dernier, et des chaussures marron. La masse est auréolée d’un cercle rouge vif. C’est du sang, mon dieu c’est du sang, tellement de sang !!!!!
Et je hurle, je hurle ma folie, je hurle et en hurlant tout me reviens.
19h
J’avais quitté Gabrielle en la laissant entre les mains des infirmières. Je l’ai embrassé de toutes mes forces, je l’ai respiré. Je lui ai murmuré « mon amour » et que j’allai revenir vite pour passer la nuit avec elle. Il me fallait juste prendre une douche et me changer. Elle m’a offert un petit sourire du coin de lèvres, m’a demander de la protéger et de la serrer dans les bras. Elle m’a dit ça en me tendant ses bras, la paume des mains levées vers le ciel. Je l’ai serré aussi fort que j’ai pu.
« Je reviens vite chérie ne t’inquiète pas »
Le chemin du retour s’est fait aussi lentement que le chemin de l’aller s’était fait vite. Tout se mélangea dans ma tête.
Mon mariage.
Le sourire de David le jour de la naissance de Gabrielle
Gabrielle dans les bras de son père, riant a s’en décrocher la mâchoire.
Mon bonheur, qui se lisait sur mon visage, d’être près d’eux.
Les photos de classe de ma fille chaque année depuis le CP et mon esprit qui se focalise sur son sourire et puis sur celles des 2 dernières années ou elle ne souriait plus
Moi lui demandant de faire un effort, d’être plus souriante.
Ma fille de plus en plus cloitrée dans sa chambre, participant de moins en moins à la vie de la maison et moi mettant son comportement sur le compte de sa pré adolescence.
Moi lui criant dessus quand elle ne touchait presque pas à son repas.
Moi lui reprochant ses notes de plus en plus faibles, les commentaires de ses profs de plus en plus négatifs
Ces moments après diner, ou il allait lui dire bonsoir dans sa chambre, qui s’éternisaient.
Cet éloignement progressif, elle qui avait toujours été plus complice avec lui qu’avec moi.
Elle sur ses genoux a lui a (devant une glace au chocolat énorme) avec le bleu de la mer en arrière-plan.
Elle, elle dans ses bras, le sourire lever vers le plafond un soir de noël
Elle, la mine grise, alors qu’elle aurait dû être heureuse, la main dans la main de son père dans la file d’attente a euro Disney.
Elle presque flou, courant vers moi et ignorant ses bras a lui, sur le quai de la gare de Lyon en retour de colonie et moi qui l’a gronde presque d’avoir ce comportement envers son « papa »
Comment n’avais-je rien vu venir. Cela paraissait pourtant évident maintenant que j’y pense et que je sais. Une enfant aussi joyeuse, aussi rieuse, aussi pleine de vie, aussi brillante que Gabrielle l’avait été toute sa primaire, ne pouvait pas sombrer de la sorte, ne pouvait pas éteindre sa lumière, son sourire, sa joie de vivre sans raison profonde.
Ces images, ces moments se sont enchainées et la tristesse, la peine, la colère et la haine se sont installés en moi.je suis arrivé a la maison vers 19h20, je le sais parce que l’horloge du micro-onde me le clignotai en pleine face dans la cuisine. Les deux mains posées sur le plan de travail j’ai repris mon souffle et je suis monté prendre une douche. Je me suis changer, j’ai pris un sac dans lequel j’ai mis deux ou trois affaires de rechange pour Gabrielle et pour moi. J’ai fait tout cela en pleurant avec le visage de ma fille devant les yeux. Dans l’escalier, j’ai décroché toutes les photos ou Gabrielle était en compagnie de l‘autre. Je les aie jeté a terre, l’une d’elle dégringola en bas et puis j’ai hurlé dans la maison vide.
Vers 20h la porte d’entrée s’est ouverte, il arrivait du travail. En rentrant il fit un bond de surprise. Je l’attendais habiller de mon blouson et le sac de sport en bandoulière, immobile adosser au mur face à la porte
« Tu m’as fait peur !!!!!. Qu’est-ce que tu fais ? Tu sors ? Tu vas ou avec ce sac ? »
Je l’ai regardé fixement et j’ai vu, j’ai su avec certitude qu’il savait que je savais, qu’il était bien ce monstre hideux qui avait broyé la vie de mon enfant. Ce fut lorsqu’il aperçut la photo dans le cadre briser au pied de l’escalier, qu’il eut un regard de panique, un regard d’animal acculer, sachant que c’était fini. Instantanément, il reprit le dessus.
Sans dire un mot, il s’est dirigé vers le frigo l’a ouvert a saisi un citron et la bouteille de rhum et s’en ai servi un bon verre. Il a attrapé un couteau de cuisine sur le présentoir et s’est couper une tranche de citron qu’il a jeté dans le rhum. Moi je l’avais suivi pas à pas, j’attendais !!!! J’attendais je ne sais pas quoi d’ailleurs. Peut-être que j’attendais le moment qui a suivi lorsqu’il m’a demandé
« Ou est Gabrielle ? Elle va bien ? »
Avec une rapidité dont je ne me serais pas cru capable, j’ai attrapé le couteau et je l’ai planté sous son menton, la lame ressortit par sa bouche. Il ne hurla même pas, tellement sa surprise fut grande. Ses mains ont saisies sa gorge et il a fui vers la porte d’entrée. Comme une harpie, je l’ai suivi et chacun de ses pas étaient autant de coup de couteau que je lui assenai. Il finit par s’écrouler au pied de la porte. J’ai continué à le poignarder. La lame rentrait dans cou, ses joues, ses hanches. J’ai eu la force de le retourner. J’ai ouvert sa braguette, sorti cette queue qui tant de fois s’était planter en moi et je l’ai tranché d’un coup puis j’ai continué a le poignarder pendant je ne sais combien temps, tout ce que je sais c’est que lorsque j’ai lâcher le couteau, j’étais a bout de souffle, en âge, j’avais chaud et la bouche sèche. Je me suis lever, j’ai été me laver les mains et je me suis servi un verre d’eau en laissant couler l’eau du robinet longtemps pour que celle-ci soit bien fraiche puis j’ai été m’assoir sur le fauteuil dans la salle à manger.
Je reste assis comme ça un long moment. Je saisi un stylo et un bout de papier sur la table basse et j’y griffonne quelques mots. Je prends le téléphone de la maison et je compose le 17.
« Commissariat de police bonjour. »
« Bonjour monsieur, je viens de le tuer. J’habite au 42 rue boulevard Gallieni à Nogent sur marne »
La voix du policier me demande de me présenter, mais je raccroche aussitôt.
Je sors de cette maison, qui plus jamais ne sera la mienne, j’y jette un dernier regard et une envie de vomir me gagne. Il est debout a la fenêtre du salon, il en bouge pas, il me regarde partir.
Je cligne des yeux et il disparait.
Le silence des couloirs de l’hôpital m’apaise.
L’infirmière me reconnait et me rassure en me disant qu’évidemment que je peux passer la nuit près de ma fille.
J’ouvre la porte de sa chambre, le plus silencieusement possible, je pose mon sac, enlève mes chaussures et me glisse près d’elle.
Je cale ma respiration à la sienne.
Du bout des doigts j’écarte une mèche de ses cheveux qui s’alanguissait sur son visage et je l’embrasse encore et encore.
Son sommeil est profond.
Elle ne se réveille pas.
Le plafond me dévisage et je me rends compte !!!!!
Je me rends compte qu’en une seule fois, je viens de privé ma fille d’un père mais aussi d’une mère, car je sais que c’est la prison qui m’attend.
Je viens de la priver d’une vie pleine, d’une guérison.
Qu’est-ce que j’ai fait mon dieu ????
Qu’est-ce que j’ai fait ????
Je me suis assoupi.
Des voix dans le couloir me tirent de ma léthargie.
« Bonsoir, vous avez une jeune patiente que l’on vous a amené aujourd’hui et qui a essayer de mettre fin à ses jours ? »
« Oui c’est la chambre 421 au fond du couloir »
« Sa mère est avec elle ?? »
« Oui, elle est arrivée il y a une petite demi-heure. Pourquoi ? »
« On ne peut pas vous en dire plus madame, mais nous avons trouvé chez elle un mot qui nous indiquait qu’elle serait la auprès de sa fille. »
Je me lève sans faire de bruit.
J’ouvre le sac de sport, dépose les affaires de Gabrielle sur le lit.
J’enfile mes chaussures.
Je mets mon manteau, en prenant mon temps pour attacher chaque bouton, il fait froid dehors.
Je me donne une minute et à voix basse
« Je t’aime ma fille. Pardon pour cet avenir que je t’ai tracé. Pardon pour ce qu’il t’a fait. Pardon !!!! »
Et sans faire de bruit, je sors dans le couloir.