Les phares des voitures défilent et dansent sous ses yeux, comme des petites lucioles qui feraient du light painting avec leur ionf. (Allumeuses!)
Sous la pluie et le regard dans le vide, Maxime patiente au feu rouge. Un des gars de l'usine (le connard qui dit toujours "non mais tout le monde le sait") a remporté 100k à un jeu de grattage. 100 putains de K.
Sous la pluie et le regard dans le vide, Maxime patiente au feu rouge. Un des gars de l'usine (le connard qui dit toujours "non mais tout le monde le sait") a remporté 100k à un jeu de grattage. 100 putains de K.
Les phares des voitures défilent et dansent sous ses yeux, comme des petites lucioles qui feraient du light painting avec leur ionf. (Allumeuses!)
Sous la pluie et le regard dans le vide, Maxime patiente au feu rouge. Un des gars de l'usine (le connard qui dit toujours "non mais tout le monde le sait") a remporté 100k à un jeu de grattage. 100 putains de K. Pour gagner ça, lui, serait prêt à devenir spécialiste de la gastronomie dubaïote, normal. Une sorte de sommelier de la merde, quoi. Bref, assez parlé de Maeva. Maxime se demande surtout ce qu'il ferait avec une telle somme. Acheter un appartement pour enrichir une banque avec un prêt à un taux de mafieux, et participer au système de propriété privée favorisant la spéculation et la création de SDF? Oui, Maxime a des positions. "Ni de droite, ni de gauche", c'est pour ceux qui "disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas contre la bien-pensance". Dans vos gueules les fans de Sardou!
Ou bien sinon, avec cet argent, il pourrait le garder de côté pour les gros imprévus, et mourir avec une somme qui lui permettrait de financer des funérailles de vikings où personne ne viendrait? Ou tout donner à ses filles?
Le petit bonhomme trahit la gauche et passe au(x) vert(s). Maxime traîne ses chaussures de sécurité et son bleu de travail jusqu'au trottoir d'en face. (Emmanuel lui a-t-il trouvé un nouvel emploi?) Tous les soirs, la même rengaine: il va rentrer, aller courir une demi-heure comme tous les gens tristes des réseaux sociaux, prendre une douche, manger et lire avant de s'endormir... Non, je déconne. Il va jouer à la play, commander une pizza et s'astiquer sur des vidéos qui rabaissent les femmes. Le divorce est mal vécu!
Comme tous les mardis soirs, des pâtes au thon sont au menu. Et demain sera la même journée, avec les repas du mercredi. Et ainsi de suite, en traînant ses cernes de panda jusqu'au week-end. Tout est réglé comme du papier à musique. Toutes les notes de sa vie sont imprimées sur un ruban de Mobius. (Pour ceux qui parlent dans le fond de la classe, le ruban de Mobius n'a qu'une face.)
21h30. Il traverse le parc municipal, après avoir pris le métro. Il fait nuit depuis déjà une bonne heure, en ce soir d'automne, quand soudain, il voit une silhouette déambuler dans la pénombre, par delà les buissons.
"Certainement un clochard, se dit Maxime. Il marche pas droit en plus, ce bouffon. Il est sûrement défoncé. Wesh, il lui manque combien de dents? Putain, il s'approche."
- Eh, ça va chef? Il commence à faire froid, hein!
- Ouais, répond Maxime, de la façon la plus neutre possible.
- dis-moi, t'as pas une cigarette?"
L'homme semble quelque peu agité.
" non, je ne fume pas.
- ok ok. Et t'es dans le parc depuis combien de temps? T'as rien vu?
- vu quoi? S'impatiente Maxime."
L'homme sort une lame de son slibard!
"Tu sais très bien ce que t'as vu!"
Et le supposé clochard fonce sur Maxime. Surpris, ce dernier a un pas de recul, avant de se mettre en garde. L'homme au crâne chauve est déjà à quelques centimètres de lui, et lui entaille le bras. Avec ses grosses godasses de sécurité, Maxime trébuche contre la bordure. L'homme plonge sur lui comme le fait le bon Gégé: l'opinel en avant. Maxime lui retient les mains de justesse, avant de tenter de le renverser. Le clochard pousse un cri étouffé. (Il a joui?) Le couteau planté au milieu de la poitrine, son pull à capuche gris s'imbibe de son sang. Par de rapides inspirations, il cherche de l'air. En vain. Très vite, il perd connaissance. Maxime panique comme un présentateur télé face à une femme voilée. Il pense directement à ses filles. Il s'enfuit en courant, quelques tâches de sang sur les vêtements. Son appartement à seulement 5 minutes du parc, il ne croise personne. En rentrant, il s'asseoit dans son canapé, les yeux dans le vide. Sur son visage, les larmes font comme l'argent des milliardaires, il ruisselle. (Non.)
Tout est allé beaucoup trop vite. Il n'arrive plus à penser rationnellement. Est-il possible de vivre avec un meurtre sur la conscience? (Il n'est pas assez bon chanteur pour ça.) L'autre pouilleux est-il vraiment mort? Est-ce de la légitime défense? (Si seulement il était flic!) Pourquoi ne pas encore avoir fait de testament ?
Un concert de percussions résonnent dans sa tête. Il s'endort, tard dans la nuit, en observant les gyrophares qui guident les autres voitures de police qui affluent. Il ne dort pas longtemps. Il se réveille dans son salon, à l'heure où les CRS enfoncent les portes des vendeurs de shit, et où les pédophiles réveillent leur victime pour les emmener à l'école. Il allume la télévision, et met les chaînes d'information en continu. On ne parle que de ça. L'homme est bel et bien mort.
Il se passe 10, peut-être 15 minutes où Maxime ne pense à rien. Il ne ressent ni peur, ni tristesse, ni colère. Il prend une feuille de papier et un stylo, et commence à gratter ce qu'il a sur le cœur:
"Je cherche un but à ma vie, je veux être poète. Pour être un puits de science, je me creuse la tête. Les frissons et le froid me traversent le corps. J'ai pas besoin d'un coach de vie, mais d'un coach de mort."
Puis il marque un temps.
"Pourquoi je tape mon meilleur 16, je me prends pour Kery James? On reprend:
Bonjour mes petites gazelles. Cela fait un moment que je n'ai pas eu de vos nouvelles, vous me manquez atrocement. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à vous. Je vous ai toujours dit que dans la vie, le plus dur n'était pas de faire des choix, mais de les assumer. Mais j'ai oublié de vous dire qu'il est impossible d'assumer quelque chose que l'on n'a pas fait et qui est indépendant de notre volonté. Si je devais revenir en arrière, je ferais tout mon possible pour qu'on reste une famille unie. Malheureusement, je dois vous dire que ça n'ira pas en s'arrangeant. Au moment où j'écris cette lettre, un corps a été retrouvé dans le parc municipal. J'ai croisé cet homme en rentrant du boulot, et il m'a agressé avec un couteau. Dans la bousculade, il s'est empalé lui-même sur son arme. J'ai d'abord paniqué. Mais comme j'ai toujours dit, il faut assumer les conséquences de ses actes. Je vais aller tout expliquer à la police. Peut-être..."
Il s'arrête net d'écrire. Son cœur s'emballe dans sa poitrine, et semble rebondir sur tous les coins de son torse. La télévision annonce un coup de théâtre. Après l'identification du corps, on a retrouvé sa camionnette. Une jeune fille, dans les standards de beauté d'un grand réalisateur franco-polonais, était droguée et inconsciente, à l'arrière du véhicule.
Il s'enfonce dans son canapé, comme s'il avait le poids d'un éléphant dans chaque partie de son corps. Il n'en croit pas ses yeux et ses oreilles. Vient-il d'ôter une vie ou d'en sauver une?
Sous la pluie et le regard dans le vide, Maxime patiente au feu rouge. Un des gars de l'usine (le connard qui dit toujours "non mais tout le monde le sait") a remporté 100k à un jeu de grattage. 100 putains de K. Pour gagner ça, lui, serait prêt à devenir spécialiste de la gastronomie dubaïote, normal. Une sorte de sommelier de la merde, quoi. Bref, assez parlé de Maeva. Maxime se demande surtout ce qu'il ferait avec une telle somme. Acheter un appartement pour enrichir une banque avec un prêt à un taux de mafieux, et participer au système de propriété privée favorisant la spéculation et la création de SDF? Oui, Maxime a des positions. "Ni de droite, ni de gauche", c'est pour ceux qui "disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas contre la bien-pensance". Dans vos gueules les fans de Sardou!
Ou bien sinon, avec cet argent, il pourrait le garder de côté pour les gros imprévus, et mourir avec une somme qui lui permettrait de financer des funérailles de vikings où personne ne viendrait? Ou tout donner à ses filles?
Le petit bonhomme trahit la gauche et passe au(x) vert(s). Maxime traîne ses chaussures de sécurité et son bleu de travail jusqu'au trottoir d'en face. (Emmanuel lui a-t-il trouvé un nouvel emploi?) Tous les soirs, la même rengaine: il va rentrer, aller courir une demi-heure comme tous les gens tristes des réseaux sociaux, prendre une douche, manger et lire avant de s'endormir... Non, je déconne. Il va jouer à la play, commander une pizza et s'astiquer sur des vidéos qui rabaissent les femmes. Le divorce est mal vécu!
Comme tous les mardis soirs, des pâtes au thon sont au menu. Et demain sera la même journée, avec les repas du mercredi. Et ainsi de suite, en traînant ses cernes de panda jusqu'au week-end. Tout est réglé comme du papier à musique. Toutes les notes de sa vie sont imprimées sur un ruban de Mobius. (Pour ceux qui parlent dans le fond de la classe, le ruban de Mobius n'a qu'une face.)
21h30. Il traverse le parc municipal, après avoir pris le métro. Il fait nuit depuis déjà une bonne heure, en ce soir d'automne, quand soudain, il voit une silhouette déambuler dans la pénombre, par delà les buissons.
"Certainement un clochard, se dit Maxime. Il marche pas droit en plus, ce bouffon. Il est sûrement défoncé. Wesh, il lui manque combien de dents? Putain, il s'approche."
- Eh, ça va chef? Il commence à faire froid, hein!
- Ouais, répond Maxime, de la façon la plus neutre possible.
- dis-moi, t'as pas une cigarette?"
L'homme semble quelque peu agité.
" non, je ne fume pas.
- ok ok. Et t'es dans le parc depuis combien de temps? T'as rien vu?
- vu quoi? S'impatiente Maxime."
L'homme sort une lame de son slibard!
"Tu sais très bien ce que t'as vu!"
Et le supposé clochard fonce sur Maxime. Surpris, ce dernier a un pas de recul, avant de se mettre en garde. L'homme au crâne chauve est déjà à quelques centimètres de lui, et lui entaille le bras. Avec ses grosses godasses de sécurité, Maxime trébuche contre la bordure. L'homme plonge sur lui comme le fait le bon Gégé: l'opinel en avant. Maxime lui retient les mains de justesse, avant de tenter de le renverser. Le clochard pousse un cri étouffé. (Il a joui?) Le couteau planté au milieu de la poitrine, son pull à capuche gris s'imbibe de son sang. Par de rapides inspirations, il cherche de l'air. En vain. Très vite, il perd connaissance. Maxime panique comme un présentateur télé face à une femme voilée. Il pense directement à ses filles. Il s'enfuit en courant, quelques tâches de sang sur les vêtements. Son appartement à seulement 5 minutes du parc, il ne croise personne. En rentrant, il s'asseoit dans son canapé, les yeux dans le vide. Sur son visage, les larmes font comme l'argent des milliardaires, il ruisselle. (Non.)
Tout est allé beaucoup trop vite. Il n'arrive plus à penser rationnellement. Est-il possible de vivre avec un meurtre sur la conscience? (Il n'est pas assez bon chanteur pour ça.) L'autre pouilleux est-il vraiment mort? Est-ce de la légitime défense? (Si seulement il était flic!) Pourquoi ne pas encore avoir fait de testament ?
Un concert de percussions résonnent dans sa tête. Il s'endort, tard dans la nuit, en observant les gyrophares qui guident les autres voitures de police qui affluent. Il ne dort pas longtemps. Il se réveille dans son salon, à l'heure où les CRS enfoncent les portes des vendeurs de shit, et où les pédophiles réveillent leur victime pour les emmener à l'école. Il allume la télévision, et met les chaînes d'information en continu. On ne parle que de ça. L'homme est bel et bien mort.
Il se passe 10, peut-être 15 minutes où Maxime ne pense à rien. Il ne ressent ni peur, ni tristesse, ni colère. Il prend une feuille de papier et un stylo, et commence à gratter ce qu'il a sur le cœur:
"Je cherche un but à ma vie, je veux être poète. Pour être un puits de science, je me creuse la tête. Les frissons et le froid me traversent le corps. J'ai pas besoin d'un coach de vie, mais d'un coach de mort."
Puis il marque un temps.
"Pourquoi je tape mon meilleur 16, je me prends pour Kery James? On reprend:
Bonjour mes petites gazelles. Cela fait un moment que je n'ai pas eu de vos nouvelles, vous me manquez atrocement. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à vous. Je vous ai toujours dit que dans la vie, le plus dur n'était pas de faire des choix, mais de les assumer. Mais j'ai oublié de vous dire qu'il est impossible d'assumer quelque chose que l'on n'a pas fait et qui est indépendant de notre volonté. Si je devais revenir en arrière, je ferais tout mon possible pour qu'on reste une famille unie. Malheureusement, je dois vous dire que ça n'ira pas en s'arrangeant. Au moment où j'écris cette lettre, un corps a été retrouvé dans le parc municipal. J'ai croisé cet homme en rentrant du boulot, et il m'a agressé avec un couteau. Dans la bousculade, il s'est empalé lui-même sur son arme. J'ai d'abord paniqué. Mais comme j'ai toujours dit, il faut assumer les conséquences de ses actes. Je vais aller tout expliquer à la police. Peut-être..."
Il s'arrête net d'écrire. Son cœur s'emballe dans sa poitrine, et semble rebondir sur tous les coins de son torse. La télévision annonce un coup de théâtre. Après l'identification du corps, on a retrouvé sa camionnette. Une jeune fille, dans les standards de beauté d'un grand réalisateur franco-polonais, était droguée et inconsciente, à l'arrière du véhicule.
Il s'enfonce dans son canapé, comme s'il avait le poids d'un éléphant dans chaque partie de son corps. Il n'en croit pas ses yeux et ses oreilles. Vient-il d'ôter une vie ou d'en sauver une?