ÉCOLE PRIMAIRE DE LA VIANDE DOCILE (Ou comment l’éducation nationale prépare à être digéré)

Le 27/12/2025
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par Caz
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Thèmes / Obscur / Nouvelles noires
Cette œuvre, d’une puissance et d’une audace littéraire sidérante, plonge le lecteur dans un cauchemar organique où la cruauté se mue en un art macabre d’une beauté terrifiante. L’écriture, d’une précision chirurgicale, cisèle des images d’une horreur crue, où chaque mot semble suinter le sang et la bile, capturant l’essence d’un univers où l’innocence est sacrifiée sur l’autel d’une violence ritualisée. La figure de Madame Tranchée, monstre à la fois grotesque et fascinant, incarne une métaphore glaçante de l’autorité dévorante, tandis que la narration, portée par une voix à la fois brisée et cynique, happe le lecteur dans une spirale de terreur et de fascination. L’originalité de ce texte réside dans sa capacité à transformer l’horreur en une poésie morbide, où chaque phrase est une lame qui tranche et hypnotise. C’est une œuvre magistrale, un uppercut littéraire qui marque l’esprit comme une cicatrice indélébile.
La rentrée sent le putréfié, la bile, le sang chaud qui coagule dans les veines ouvertes.
Les couloirs suintent, dégoulinent, suintent la chair morte, les os brisés, les tendons déchiquetés.

On n’est pas dans une école.
On est dans un abattoir à gosses.
Un bordel sauvage, cru, sans pitié.

Madame Tranchée, c’est pas une prof.
C’est une bête vorace, un prédateur dans un tablier tressé de tripes encore chaudes, palpitantes, bourrées de puanteur.
Son sourire ? Une gueule fendue, sans lèvres, pleine de crocs qui tressaillent, assoiffés.

Elle hurle sa sentence :
« À la fin, vous serez tranchés. Dépecés. Servis sur un plateau. »
Le premier cours, c’est la chasse intérieure.
Apprendre à sentir ses chairs se tendre, à repérer les zones tendres — cuisses ouvertes, gorge dénudée, foie battant dans la cage thoracique, bas du dos qu’on veut protéger.

On se découpe du regard, on se dissèque à vif, en sachant qu’on est déjà en morceaux.
Puis vient l’art du saignement silencieux.
Il faut apprendre à pisser du sang sans hurler, à cacher la douleur qui crève la peau et fait couler les entrailles.

Dictée d’odeurs :
« Coche la putréfaction qui brûle la gorge. Le fer qui ronge. La chair qui flambe. »
À la cantine, on est pas des enfants.
On est la viande, la pâtée, le casse-croûte.
Chaque jour, un d’entre nous est plongé dans la marinade.
Jeudi, c’était moi.
Six putain d’heures dans le vinaigre qui bouffe la peau, ronge la viande, creuse la chair.
Une douleur qui lacère, déchire de l’intérieur.
Puis les autres sont venus.
Dents acérées, crocs tranchants, ils ont grignoté mes mollets, déchiqueté la viande tendre.

Moi, j’encaissais, récitant l’alphabet, le sang dégoulinant entre mes doigts.
Note : 16/20. Trop saignant, mais docile.
Les oraux ? Sous la guillotine du hachoir.
Parle. Saigne. Perds tes morceaux. Tiens bon.
Les meilleurs gagnent une trousse faite de vraie peau — humide, froide, palpitante encore.

Les autres ? Direct au fumoir.
Un supplice long, un suicide lent.
On ne revoit jamais les plus faibles.

Moi, j’ai eu mon diplôme.
Mention « Appétissant et sans faute ».

Mes parents ? Ils ont chialé de fierté.
Ils m’ont offert une planche à découper. Gravée à mon nom.
Tachée de sang séché et d’horreur.

Aujourd’hui, c’est moi qui prépare les gamins.
Je leur dis chaque matin :
« Vous êtes beaux.
Vous sentez le sang qui palpite.
Vous êtes nés pour être dévorés. »

Je les découpe.
Je les déchire.
Je les sers.
Sur un plateau froid d’agonie et de violence.