Petit conte du soir

Le 23/03/2003
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par Arkanya
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Thèmes / Débile / Parodies
Comment c'est trop mignon ! Un conte de fées tout adorable, que vous pourriez lire à vos enfants sans soucis, sauf que euh... Y a comme un doute qui s'installe à un moment donné.
Il y a bien longtemps sur le Mont Pybise, il y avait un bouton de rose. La pauvre fleur inachevée soupirait d’ennui et se mourait d’asphyxie. Il vint un jour en ces terres une chenille qui, à la vue de l’esquisse de rose, prise d’un élan de bienveillance à son encontre, s’adressa à elle en ces termes :
-Bouton, petit bouton, tu sembles bien triste et seul en cette contrée déserte et vallonnée.
-Je manque d’air et d’eau, soupira la coquette. Mes racines sont paresseuses.
La chenille toute désolée caressa d’abord la tête de la fleur, doucement, lentement, jusqu’à l’apaiser tout à fait.
Puis elle se glissa dans un trou du sol non loin de là et, progressant lentement d’abord, commença à s’y enfoncer tout à fait. Elle frayait son chemin, entrant puis ressortant pour reprendre son souffle. De temps en temps, elle vérifiait que sa rose était bien et lui prodiguait autant de douceurs pour veiller à son bien-être.
Le vent lui vint en aide, cajolant la fleur, la vallée et les monts alentours. Tant et si bien qu’un volcan tout proche et fort curieux commença à sortir de sa torpeur. La chenille s’affairait à sa tâche, accélérant quelque peu son rythme comme elle sentait qu’elle progressait vers les racines.
Le volcan décidément bien malicieux s’éveillait à un point tel qu’il commença à réchauffer l’air, la terre, la rose aussi. Le vent devenu Sirocco se glissait entre les feuillages et dans les plus timides lézardes des écorces, effleurait l’herbe qui frissonnait à son contact, chatouillait la rose qui déjà commençait à s’ouvrir.
La chenille en joie ne s’arrêtait plus, elle glissait sans relâche dans l’interstice. Le volcan bouillait d’impatience et d’excitation. Le vent dansait dans la plaine. La fleur en joie trépignait et s’agitait.
Soudain, la chenille toucha les racines de sa rose qui s’ouvrit d’un sursaut compulsif. Le volcan explosa de joie dans un flot de magma aveuglant et brûlant. La terre trembla sous le choc de l’éruption, secouant les vallées et les plaines, le paysage tout entier.

La petite chenille, sortie de son trou, contempla longuement sa fleur. Elle avait l’air tranquille à présent, détendue et épanouie. Toute ratatinée de fatigue, la travailleuse s’allongea au pied de sa protégée, épuisée mais heureuse du bonheur qu’elle avait su offrir.
Le vent apaisé les berça longtemps de son souffle caressant.