Conte de fées 10 (la fin de Blanche-Neige)

Le 21/04/2003
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par Arkanya
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Dossiers / Contes de fées
Arkanya contribue à la fois au dossier conte de fées et à l'initiative débile et déjà oubliée de Lapinchien sur le forum en livrant ici une nouvelle fin pour le film Blanche-Neige et les 7 nains. Fendard.
Blanche Neige, sous l’effet du baiser princier, se redressa et cracha le bout de pomme qui était coincé dans sa gorge. Le beau jeune homme la trouvait si belle qu’il l’emmena sur son fidèle destrier jusque dans son royaume.
En cette terre lointaine, le peuple était en liesse de voir que son souverain avait enfin trouvé chaussure à son pied. Car si le prince était beau, il était néanmoins très con. Certes il avait déjà, à la base, le QI d’une loutre, et nombre de précepteurs avaient perdu leur tête et leur temps sur son cas, mais il était en plus colérique, macho, brutal, mangeait comme un porc et passait son temps à faire du tuning sur son carrosse. Blanche Neige se disait que de toutes façons, elle serait moins malheureuse avec ce déchet que si elle retournait chez sa belle-mère.
Peu de temps après, la jeune mariée tomba enceinte, ce qui n’était guère étonnant vu la propension de son époux à la copulation dès qu’il avait un coup dans le nez. Ce dernier était d’ailleurs enchanté à l’idée du beauf en herbe qui allait bientôt régner à ses côtés. Il rêvait d’un garçon, un petit dur à qui il apprendrait le maniement de l’épées et des canettes de bière. Blanche Neige espérait juste qu’il n’aurait pas le cerveau de son père (mais que quand il serait beau gosse, vu que déjà on vivait dans une époque fondée uniquement sur les apparences).
A mesure que le temps passait, le peuple commençait à murmurer de drôles de choses. En effet, on en était au huitième mois de grossesse et le ventre de la reine manquait du rebondi habituel, à peine un petit renflement en forme de pomme. Elle se justifia en invoquant le prétexte de la pomme, justement, qui l’avait plongée dans le coma, et dont les effets secondaires expliquaient certainement cette difformité. Comme l’échographie n’existait pas, personne ne pouvait vérifier si Blanche Neige était réellement enceinte ou si elle se foutait de la gueule du monde dans le seul but de ne pas porter ses bagages (ce qui aurait été débile vu qu’elle avait des tas de domestiques, et aurait donc prouvé qu’elle était aussi con que son mari). Comme les rumeurs allaient bon train, les premières contractions les firent cesser net.
Ainsi on emmenait la reine en salle d’accouchement (à l’époque médiévale, cette pièce servait aussi de salle de banquet, il fallut donc annuler la sauterie du soir même). Le prince arpentait le couloir d’un bout à l’autre, angoissé par le retard de l’épicier qui devait le réapprovisionner en hydromel. Il songeait à la façon dont il allait accueillir ce mécréant, hésitant entre l’émasculation définitive et l’accrochage d’une masse sur le bout de sal langue, quant un son étrange l’interpella. Un enfant ? C’était ça le bruit que faisait un enfant ? Il se rua dans la salle de banquet. La reine tenait en ses bras un lange, et dans le lange une sorte de petite chose immonde, rose et dégoulinante de mucus, qui braillait plus fort que l’âne de l’étable quand il était en rut. Ainsi il avait eu un fils…
L’enfant grandit comme fait un enfant quand il grandit, c'est-à-dire que ça lui tire un peu partout et on lui dit “c’est pas grave, c’est la croissance”, sauf qu’au bout d’un moment, le peuple qui était décidément bien intelligent à l’époque, eut comme un doute. En effet, le futur roi venait de prendre seize ans et faisait toujours 1 mètre 12. Comme le roi était beaucoup moins perspicace que ses sujets, il ne s’en rendit compte que bien plus tard, quand son fils eut atteint la majorité. Le fait de devoir se baisser pour lui dire droit dans les yeux “Maintenant tu es un homme” lui mit la puce à l’oreille. Un jour où tout le monde dormait, il piqua le doigt de son descendant avec un fuseau et récupéra une goutte de sang (cet épisode de l’histoire a d’ailleurs été transmis de génération en génération, mais l’anecdote nécessairement déformée d’avoir ainsi traversé les âges donna naissance à une autre totalement différente et complètement débile sur une certaine pute et ses trois mères maquerelles). Le prince en verve courut au laboratoire de son fidèle mage le père Fouras, et lui demanda de procéder à un test ADN. Le résultat fut accablant. Le jeune prince était le fils de Prof, ce nain affreux avec ses petites lunettes. Le roi était anéanti, les nains n’aimaient pas la bière, jamais son pseudo-fils ne lui ressemblerait.
Il se rendit de suite à la chambre de sa femme, la trouva étendue sur son lit, mais se rendit compte alors qu’elle était morte des années auparavant et comprit alors pourquoi elle avait pris tant de distances avec lui, et surtout pourquoi elle manquait cruellement d’initiative dans le domaine de la sexualité. Il ne lui restait qu’une chose à faire… Il noya son chagrin et son deuil dans l’alcool.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais le réalisateur voulait dépasser la durée du Titanic. Alors le vieux mage Fouras, qui était aussi commère qu’il aimait foutre la merde, fit circuler la nouvelle à travers la cour. Les masses populaires, sentant s’ébranler le royaume, se soulevèrent très vite, et mirent le château à feu et à sang. Mais la légende du prince nain traversa les contrées, et vint aux oreilles d’une peuplade de Hobbits. Comme dans ce peuple, le plaisir de chair était le passe temps favori, chacun se sentit un peu concerné par cette histoire, et tous avaient à l’esprit “C’est peut-être un à moi, ce petit”.
Ces demi-hommes livrèrent donc une guerre sans merci au peuple des humains, s’appuyant sur l’aide de tous les petits animaux de la forêt, les écureuils volants, les tamanoirs et même les fourmis. Le conflit devenu planétaire eut une fin pour le moins tragique, puisqu’il eut pour effet la destruction de toute forme de vie. Toute ? Non ! Un village d’irréductibles gaulois résistait encore et toujours à l’envahisseur.
Dans ce village vivaient cinq vaillants guerriers et une petite fille. L’enfant était d’une laideur affligeante, mais les soldats gardaient à l’esprit que dans quelques années elle serait une femme, et patientaient en faisant grande provision de sacs en papier. Un jour la gamine se promenant dans le bois, trouva un éclat de miroir. Elle le frotta longuement sur sa manche pour le débarrasser de sa poussière. Elle le tint dans sa main, et étirant le bras, lui demanda :
-Miroir, mon beau miroir, dis-moi, qui est la plus belle ?
Et le miroir répondit :
-Putain, t’as vu ta gueule ? T’as du bol d’être la seule survivante !