Trisophrenia 5

Le 18/05/2003
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par nihil, Lapinchien
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Rubriques / Trisophrenia
C'est la fin de Trisophrenia, puisqu'un des valeureux cavaliers de l'apocalypse s'est perdu en route. On apporte donc ici une conclusion définitive ou temporaire à la saga, en espérant un ou deux annexes supplémentaires à l'occasion. Ecrit par Lapinchien et nihil, illustré par nihil.
JOUR 13 - nihil

(OK c’est bon ? Tout fonctionne, on peut relancer la retransmission de Schizo-Monologue ? C’est réparé et ça va tenir hein, vous êtes surs ?
OK alors on lance… Maintenant !
Euh, lancez les applaudissements à tout hasard… Voilà parfait, grand angle sur le plateau et… Caméra 2 sur le visage ruisselant d’ombre de Gabrielle… Gabrielle tu m’entends bien ? Bon c’est à toi !)

Gabrielle : nous voici de retour dans Schizo-Monologue, nous vous prions de bien vouloir nous pardonner cette interruption momentanée indépendante de notre volonté. Bien reprenons donc on nous en étions. Avant la coupure nihil retrouvait son père oublié depuis son enfance. Un beau moment s’il en est, n’est-ce pas nihil ?

(Camera 3 en gros plan sur nihil vautré sur le canapé des invités… Ouhlà nan zoomez en arrière, vite, son visage est couvert de sang ça va pas ça, atténuez les rouges ! Merde, recentrez l’image, on aperçoit le cadavre éparpillé du père de nihil au fond du plateau et l’Homme-Cannibale en train de lui bouffer la poitrine, ça craint !)

nihil : euh oui, tout à fait Gabrielle, c’était euh… magique !
Gabrielle : parfait, alors euh…



(Quand Lapinchien
rencontre Gabrielle)


(Qu’est-ce que… Mais qu’est-ce qu’il se passe encore ? Qu’est-ce qu’on entend là ? Envoyez la caméra 1 sur l’entrée des invités, y a quelqu’un ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel, c’est qui çui-là ?? Que font les vigiles putain de merde ? C’est Lapinchien ! Faîtes comme si tout était normal, suivez sa course vers le plateau… Mais putain, empêchez-le de renifler tous les piliers ! Gabrielle, à toi de jouer, essaie de faire comme si tout allait bien !)

Gabrielle : nous accueillons tout de suite, l’ami… euh réel de nihil, Lapinchien !
Lapinchien : GNAAAAARF ! J’ai enfin réussi à pénétrer l’esprit de ce grand con ! La vision du cerveau Gluon de Georges W. Bush est plus forte que tout ! Tiens salut toi, t’es mignonne dis-moi…
Gabrielle : euh merci…



(Qu’est-ce qu’il fait ? Merde envoyez la sécurité, vite ! On va pas laisser cette bestiole violer Gabrielle en direct quand même, c’est pas possible ! Envoyez la reconstitution du jour 13 en attendant, vite !)

Je me réveille en sursaut, j’ai l’impression que des doigts glacés me malaxent le cerveau. Qu’est-ce qui se passe, putain ? Et déjà je suis où ?
Ah oui, le Tupolev… Ca fait déjà dans les 24 heures qu’on est dans les soutes humides de cette espèce de paquebot des airs, en train de se geler les meules, la peau du scrotum collée à la carlingue par le givre. Faut dire que ce modèle de Tupolev, c’est pas du genre rapide, c’est plutôt le style à parcourir le 100 mètres en 2 heures et 39 minutes. C’est normal : il se déplace en l’air le long d’un câble d’acier et c’est deux-mille chinois qui pédalent de chaque coté du câble pour faire avancer l’engin. On est pas arrivés…
La dépouille de Jean-Claude finit de se consumer, ne laissant rougir que quelques braises dans l’obscurité humide d’une ondoyante lueur bla bla bla on est pas dans un poème de Paul Valéry que je sache.
En face de moi, Lapinchien, une hache d’incendie plantée de traviole dans le crâne (dernière mode à Varsovie, ce genre de couvre-chef, et oui c’est dur d’être une fashion-victim au premier sens du terme) me regarde droit dans les yeux, mais à l’air complètement ailleurs. Son corps d’athlète est parcouru de spasmes et un filet de bave le reliant à la paroi lui sert de corde de rappel au cas où il tomberait la tronche en avant.
Scorbut danse d’un pied sur l’autre, les mains sous les aisselles.
- C’est quoi ça, un hybride de polka et de sirtakis ?
- Le Scorbut et ses amis se les gê-ê-ê-ê-lent !!
- Ouais tu m’étonnes. On monte le faire, ce casting à la con pour recruter le quatrième cavalier de l’apocalypse ?
- C’est parti-i-i-i-i. Le Scorbut demande à nihil de réveiller Lapinchien-en-en-en.
Je me dirige posément vers le mutant et donne une légère tape sur le manche de la hache, ce qui a pour effet étonnant de faire sauter Lapinchien au plafond, où il s’agrippe de toutes ses griffes, tremblant. Il glapit :
- nihil est pas fou ?? Qu’est-ce qui lui prend c’est quand il veux pour que Lapinchien lui refasse la tronche à coups de parpaings ! Qu’il ne refasse plus jamais ça à Lapinchien !!
On se fout de sa gueule et Scorbut essaie de lui balancer des containers de kérosène pour le faire tomber.

Scorbut défonce la porte qui sépare la soute du compartiment principal du Tupolev à coups de cul et on se retrouve dans une espèce de bétaillère à humains, puante et inconfortable.
- Ah làlà, Armenian Air Lines et ses vols tout confort ! Légendaire ! Lapinchien est certain que la classe affaires sur cette compagnie, c’est une classe où t’as le droit de garder tes affaires et où on te les gaule pas pour les revendre et ainsi entretenir les avions ! Lapinchien est mort de rire !
- Le Scorbut va pas tarder à assommer Lapinchien à coups de double dong dans sa gueule si il ne la ferme pas rapidemment ! On est ici incognito je le lui rappelle aimablement !
- Qu’est-ce qui vous prend de parler à la troisième personne depuis deux jours, les mecs ? Zavez la pulpe qui se décolle de la paroi interne du crâne ou quoi ?
- Non. Mais puisque le Scorbut et ses amis vont devenir les maîtres du monde, ils s’entraînent à parler à la troisième personne ! nihil devrait s’y mettre aussi.
- Hein ?? Mais t’es malade je veux pas être maître du monde moi, juste le détruire !
- nihil chipote et va bientôt se faire rabrouer par le Scorbut s’il continue !
Il n’a pas le temps de poursuivre sa litanie de conneries, ce qui n’est pas un mal pour mes tympans, car une hôtesse débarque dans notre champ de vision. Aussitôt Lapinchien lui saute sur le poil, la maîtrise, et arrachant sa hache de son crâne lui pose le tranchant sur la jugulaire. Il se met à lui hurler dans les oreilles :
- Nous sommes un groupe de dissidents garcimoristes d’ultra-gauche armés et nous détournons cet avion en direction de Megève ! Conduisez-nous à votre chef !
- Lapinchien se gourre, c’est pas ça la phrase ! Le Scorbut et ses amis ne sont pas là pour détourner cet avion, mais pour faire un casting…
Lapinchien se trouble :
- Ah oui… Euh je recommence…
Et se remet à hurler :
- Bonjour, je souhaiterais une vodka glacée et des chipsters au jambon, je vous prie !!!
Sur ce il casse les vertèbres de l’hôtesse et tente de la fourrer dans les casiers au dessus des sièges en marmonnant :
- C’est dur, mais j’ai du la supprimer car elle menaçait la réussite de notre mission.
- Tiens tu reparles à la première personne, toi ?
- Ah oui, tiens… Mon cortex n’en fait qu’à ma tête en ce moment… Ca doit être parce que j’ai enlevé la hache.
Il essaie de la repositionner dans la plaie béante de son crâne et de la stabiliser, ses yeux tiltant comme un flipper au passage. Magnifique.

Comme une âme en trop, y a un truc qui cherche à entrer en moi, comme une âme en trop, ça se glisse dans mon corps, y a une espèce de tension qui monte comme une âme en trop, comme un million de pathogènes virulents qui s’infiltrent dans mes veines, un million de rats qui me rongent de l’intérieur, une âme en trop, une maladie, une difformité latente, comme un autre moi, et la souffrance est en moi comme une âme en trop.

Candidat n°1 : Piotr Koslowiski, 28 ans, Varsovie.
« Bonjour, euh… Je m’appelle Piotr et je me rends à Erevan avec ma petite amie pour visiter sa famille originaire d’Arménie… Euh… Je veux détruire le monde car euh… Euh en fait je ne veux pas détruire le monde car je le trouve pas si mal que ça… C’est vrai quoi, y a des malheurs et tout, mais moi chuis plutôt heureux, j’ai ce costard en velours, un peu usé et tout, mais il tient la route, et j’ai même réussi à m’acheter ce superbe parapluie récemment, alors je ne vois pas pourquoi je me plaindrais. Voilà euh… C’est tout »
Candidature non-retenue cause : sale gueule.






(Scorbut examine la candidature
de JP Chevènement)


Candidat n°2 : Jean-Pierre Chevènement, 73 ans, Belfort.
« Je vous souhaite bien le bonjour, mes chers concitoyens. Je suis LE Jean-Pierre Chevènement, et je me rends à Erevan pour administrer mon pays, l’Arménie, qui m’a élu président depuis maintenant 4 ans. Je suis ravi de faire votre connaissance. Je souhaite détruire le monde car on m’a lésé de mon destin politique qui devait faire de moi la plus grande puissance de ce siècle ! Et ça n’est pas arrivé pour d’obscures raisons électorales je ne sais quoi, alors que j’avais réuni derrière moi les plus grands esprits de droite comme de gauche… Et je… Eh, enlevez-moi ce bâillon tout de suite ou je… Ou je porte plainte ! MMfmmf ! »
Candidature non-retenue cause : Jean-Pierre Chevènement.



Candidat n°3 : Tyler Durden, 26 ans, Portland.
« Salut les gars. Moi c’est Tyler, je suis une sorte de guerillero de l’industrie moderne et le leader du Projet Chaos aux Etats-Unis qui s’emploie actuellement à développer des infrastructures destinées à détruire les immeubles contenant les données bancaires du monde entier. Remise à zéro globale, tout le monde sur un pied d’égalité et on en parle plus… Hey, revenez, j’ai pas terminé ! »
Candidature non-retenue cause : pas crédible.

Candidature n°4 : Relou-le-Gueux, 21 ans, Paris.
« Salut là dedans, je suis le chef du comité des Gueux Nordiques…
- Le chef, le chef personne ne t’as élu espèce d’enculé !
- Ta gueule toi trou du cul de grand père de Pingroin avant que je te siphone la tronche, t’as bouffé le contrat et t’as chié le contrat non ? T’as accompli ta mission alors retourne t’occuper de ton sac à vomi qui te sert de compagnon.
- Tu t’emmerde pas gueusophile mon fils à virer Pingroin comme un malpropre, cela sera rapporté au constat à l’amiable des accidents de gueusophilie lors du prochain congrès des Gueux !
- M’emmerde pas Jesper si tu veux pas que je te crève la paillasse de niais de Bernard Minet à la con ! »
Candidature non-retenue cause : trop sérieux.

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JOUR 14 - Lapinchien

Déjà trois jours que ce putain de Tupolev défie les lois de la gravité… et sans ravitaillement en vol en plus… A croire que ces sacrés roscofs ont trouvé la formule d’un carburant à base de gelée de Tchétchènes recyclés qui viendrait foutre une branlée aux performances du kérosène… Jamais le trajet Varsovie Erevan ne m’a semblé aussi long paradoxalement… Je me suggère vivement de ne jamais plus voyager sur des charters affrétés in extremis par des compagnies low-costs suite à une requête serveur qu’un pauvre surfeur égaré aurait malencontreusement envoyé par erreur croyant aboutir sur un site porno hollandais en appuyant frénétiquement sur un de ses abominables boutons HTML du site www.lastnanosecond.com

« Vous savez, j’aime beaucoup ce que vous faites ! », consolais-je Taylor Durden qui ne s’en était toujours pas remis d’avoir échoué à notre entretien d’embauche et qui pleurait à chaudes larmes, « Je suis votre fan numéro deux… Juste après Ben Laden bien sûr…Voyons faites pas semblant de ne pas le savoir… S’il s’est laissé pousser la barbe, c’est par pur mimétisme… Ouais ! Il a monté un fightclub clandestin à Kaboul qu’il a nommé Al Qaida et du coup en suivant vos préceptes, il a commencé à se négliger et se débarrasser d’un mode de vie de milliardaire qui lui faussait son appréciation de la vraie vie, pour ne plus se consacrer qu’aux combats… Il a quitté ses palais pour vivre dans les grottes de Tora Bora en compagnie de chèvres et de bouquetins eunuques … M’enfin, il a vraiment merdé n’empêche dans sa tentative ridicule de reconstituer grandeur nature deux scènes de votre bio … Ouais vous savez celle où vous rêvez de mourir dans un crash et pis aussi l’effondrement des tours à la fin du film en votre honneur… Bon ben pleurez pas comme une merde ! On va vous le mener à bout votre projet Mayhem… Pourquoi croyez vous qu’on se dirige en ce moment même vers le Charles Aznavour Internationnal airport d’Erevan ? Hein ? »

Nihil qui venait de placer le capitaine de bord en figure de proue à l’extérieur du cockpit du Tupolev en le faisant passer par le tit trou de l’allume cigare parce que ce con n’avait pas voulu répéter « Tu aimes les films de gladiateur ? » et « Tu as déjà vu un monsieur tout nu ?» en se gargarisant avec de l’arsenic (allez donc savoir pourquoi…), se joignit alors à nous et se mit a déconner avec Taylor…

« Refais nous ton sketch sur l’illusion de la sécurité à 2000 mètres d’altitude, mec ! », Le supplia-t-il à genoux en lui tendant le petit prospectus des consignes, plastifié au bois de cagette par les bons soins d’Arménian-AirLines , « J’adore surtout le passage sur les masques qui sont sensés shooter les passagers à l’oxygène pour ne pas qu’ils paniquent et qu’ils acceptent leur sort ! Hey mec, s’teu plait, refait le nous en imitant Michel Lebb et en remplaçant oxygène par le mot ‘gaz hilarant’… »

Taylor n’eut pas le temps de réagir car Scorbut, qui en l’absence des hôtesses vaquant à leurs RTT, démantibulées et finement découpées en lamelles carpaccio dans les plateaux repas, avait décidé d’assurer le service, l’interpella en passant par là en lui tendant le petit magazine des conneries duty free…

« C’est dingue mais cette mallette en peau de tyran africain ressemble à s’y méprendre à votre attaché-case ! », Gueulait- il en montrant du doigt une photo dans le magazine , « Lisez moi ça dans le commentaire, y a même un petit capitonnage dans un compartiment spécial qui absorbe les vibrations que pourrait générer un gode à piles qui se serait malencontreusement enclenché tout seul dans la soute à bagages après un choc, entraînant l’inspection du dit attaché-case par le personnel au sol si le dit capitonnage n’était pas présent ! »




(Jack a choisi son
prochain adversaire)


Ok… Ok… Apparemment mes comparses voulaient en mettre plein la vue à notre modèle spirituel, notre maître à penser, notre guru à tous, en faisant étalage de leur culture cinématographique, mais personne ne bat un Lapinchien dès qu’il s’agit de fayoter ! Pas même deux chevaliers de l’Apocalypse bouche dégoulinant d’amylase salivaire…

« Hey Jack ! », Surenchéris-je , « Si tu devais te battre là tout de suite, dans la seconde, à l’instant même, contre une marionnette du Muppet Show ,… hein bordel de merde , laquelle que tu choisirais donc ? »

Mais nihil me coupant la chique jeta : « Ta gueule mutant ! La première règle du fightclub, c’est qu’il ne faut jamais parler du fightclub ! La deuxième règle du figthclub, c’est qu’il ne faut jamais parler du figthclub ! La troisième… »



« Mais pourquoi t’arrêtes pas d’en parler alors, bouffon ? », Stoppa net Scorbut en fracassant un lot de mignonnettes sur la tête de nihil, « Moi si j’étais vous, et ben si je choppais un prospectus comme çà dans la photocopieuse… et ben je prendrais bien soin de n’en parler à personne… on ne sait jamais… Le timbré qui a écrit cela pourrait bien un jour décider de descendre un à un tous les étages de l’immeuble et de dégommer consciencieusement et avec application tous les collègues qui croiseraient la ligne de tir de son fusil à pompe… »

« Ferme là ! », Gueula nihil en empaffant la tête de Scorbut dans un sac à vomi qu’il avait usité à ras bord pour ne pas le gâcher, « Moi en plus je suis le cancer des testicules de Jack, je lui ronge les burnes et le pousse à s’en débarrasser par amputation… Ensuite je prévois de le faire chanter comme la Castafiore et de lui faire pousser les nichons ! »

« Gnarf ! », Gnarfais-je en empruntant un stérilet à une passagère limitrophe et m’en servant comme d’un piège à loup sur la jambe droite de nihil, « Toi tu vas jamais aux séminaires de patients atteints de maladies incurables en stade terminal pour réussir à trouver le sommeil ! Çà se voit bordel que t’es un putain de touriste ! Et ta grotte intérieure, hein ? T’y penses à ta grotte intérieure avec le ch’tit pingouin qui fait des glissades sur le ventre, hein ? »

Scorbut gobant le sac à vomi, entreprit alors de liposucer tous les autres passagers à l’aide d’une petite paille de Candi’up ! Très rapidement il revînt avec un gros tas d’adipocytes qu’il déposa sur la petite tablette de Taylor… « Hey c’est pas cool ! », déblatéra-t-il, « Y a plus de Chat Mousse dans les cabinets ! Dit Taylor, ste plait, tu nous fait un peu de savon ? »

Nihil, ne se laissant pas impressionner commença alors à s’autopourir la tronche… Il enchaînait uppercuts, crochets accompagnés de beignes et mandales et même étonnamment d’impressionnants autocoups de boule à s’en couper le souffle… il se mit a saigner abondamment et recracha toute sa dentition dans un petit gobelet en plastique…




(nihil s'apperçoit que Jack n'est plus
et baigne dans son vomi)


J’enfilais alors un gant Mappa à manches longues et entamais une petite exploration de la glotte de Scorbut… « C’est dans les devoirs ! C’est dans les devoirs ! », S’époumonait-il, « Je t’ai provoqué, on s’est battu, mais maintenant je dois te laisser gagner ! »

C’est alors que nous remarquâmes que notre petit concours amical du meilleur lécheur de bottes de cintré schizoïde non seulement n’avait en rien impressionné Taylor Durden mais qu’en plus il lui avait provoqué simultanément une demie douzaines d’anévrismes… Ceci expliquait sûrement la raison pour laquelle, sa tête baignait actuellement dans le gros tas de graisse que Scorbut avait déposé sur sa tablette…

« Ouais ce mec est trop génial ! », Déclarais-je alors que je n’avais apparemment rien compris à la situation en brandissant fièrement vers mon auditoire ma formidable montre Pikatchu , « Il vient de battre le record du monde d’apnée ! »



C’est alors que le Tupolev aux commandes duquel il n’y avait plus personne se mit dangereusement à tanguer puis à piquer du nez, et c’est à ce même moment pendant lequel Scorbut, nihil et moi expérimentions la fameuse théorie de l’illusion de la sécurité à plus de 2000 mètres d’altitude et que notre mort dans d’atroces souffrances semblait inévitable, qu’un froid incompréhensible se fit sentir… Je crus d’abord à un dérèglement de la clim. avant de me remémorer qu’il n’y avait pas de clim. sur Armenian AirLines, ensuite je pensai qu’une de mes remarques acerbes, adroites, pleines de finesse, d’humour so british et d’une pointe d’ironie avait jeté un froid… Je me félicitais donc d’avoir un esprit si brillant et en bon état de marche…

En fait alors que ma vision se troublait par le givre, que mon corps tétanisé par toute cette neige environnante spontannément apparue comme si une improbable avalanche avait déferlé dans la carlingue du Tupolev, j’étais à milles lieux de me douter de ce qu’il venait de se passer… Ce con de Durden avait encore une fois merdé…

Quelques minutes plus tôt une puissante explosion d’azote liquide, dont l’épicentre se trouvait comme par hasard dans la cuisine de son beau condominium tout équipé par Ikea , provoqua un gigantesque champignon de glace obscurcissant en un instant tout le ciel de Portland… Taylor avait quitté son appart pendant plus de deux semaines et avait oublié de refermer la porte de son congélateur avant de partir, celui-ci avait pompé à vide pendant des heures , faisant de ce moteur ditherme une formidable machine à gaspillage énergétique par dissipation à effet Joule…Soudain un petit arc électrique perça le champs de disruptivité de la petite ampoule du frigo, qui nous le savons aujourd’hui suite à de puissantes études et recherches, reste bien allumée lorsque l’on ferme la porte du frigidaire … le verre de l’ampoule se fendit alors et l’arc poursuivit sa course en slalomant entre les condiments qui étaient les uniques habitants du frigo de Jack… Enfin pratiquement les seuls, puisqu’il y avait également une bonne bouteille de 5 Litres de pur jus d’orange congelé de Floride comme on en trouve seulement que dans ces régions arriérées du globe… Le faible voltage de l’arc suffit cependant à creuser un petit trou au bas de la bouteille, laissant échapper petit à petit le jus d’agrume… Savez vous que l’une des trois manières de fabriquer du napalm est de mélanger en proportions égales de l’essence à du jus d’orange congelé ? Je me demande bien pourquoi ce cintré de Durden avait stocké un jerrican dans le bac à légume ? En tout cas lorsque le mélange fut idéal une première explosion retentit…La seconde provint probablement du petit labo clandestin que Jack avait secrètement construit dans son cagibi fruit de tout un tas de mélanges de produits dangereux destinés à l’opération chaos… Une onde de choc titanesque s’en suivit immobilisant toutes les particules de toute matière qu’elle croisait en se déplaçant… Elle recouvrit le globe en quelques heures immobilisant, cristallisant tous sur son passage… Toute forme de vie sur terre se retrouva cryogénisée, en état d’hibernation…

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JOUR 000 - nihil

JOUR 000 - nihil

(bon c’est le chaos là, on contrôle plus rien, qu’est-ce qu’on fait ? Les processus centraux nous indiquent que les circuits sont hors d’usage, pas moyen de poursuivre la retransmission. Putain ça caille ici, qui est le con qui a joué avec la clim ? Y a moyen d’avoir un poil plus de lumière sur le plateau ? Non, tout est flingué ? Bon on fera avec. OK bon bah on va laisser le mot de la fin à Gabrielle, cadrez à mort sur les larmes qui ont colonisé tous son visage maintenant, c’est un peu comme la fin d’une aventure… Accentuez les graves, et putain c’est quoi ce dysfonctionnement de la voix, bon tant pis, on verra, lancez)

Gabrielle : Mesgzzzzames et Messieurs gzzzz’est la fin de Schizo-monologue-logue-logue-logue-logzzzzz, nous esgzzz-ggzzz que vous aurez apprécié ce mom…………………. détente parmi nous comme nous avons……..





(Gabrielle annonce la fin
du show et s'enfonce dans l'ombre)


(putain mais passez sur le circuit secondaire, vous voyez bien que ça déconne à bloc là, on comprends à peine ce qu’elle dit. On peut éliminer les interférences de parasites dans l’image ? Non ? Bah ça m’aurais étonné. Allez foutez le générateur de survie.)

Gabrielle : … vous le présenter. Bonne soirée à vous et-et-et-et-et-et-… spérons bien fort, à bientôt pour ungzzzzzzzzzzz………………………….

(bon on fera avec, fondu en noir sur l’organisme déglingué de l’archange noir qui se retire peu à peu dans l’obscurité… Voilà… Voilà… Parfait comme ça… Allez, on rend l’antenne)





Toute chose est appelée à disparaître, tout organisme à mourir, car l’éternité n’est pas de cette étincelle de vie aléatoire qu’est notre univers. Et si un homme peut mourir, pourquoi pas une planète ? Quand l’étincelle s’éteint, ne reste plus que la sensation de vide qui remplace le plein, le silence qui pénètre violemment au cœur du bruit, et l’immobilité qui regagne ses droits séculaires.



Mais tout vide appelle un plein, tout silence ne demande qu’à cesser et l’immobilité à s’enrayer. Toute mort appelle une renaissance.

- Et c’est pas Taylor putain de merde, c’est TYLER, Taille-l’heure ! Tu m’étonnes qu’il nous ait fait une disjonction en pleine conversation, appeler un schizo par un autre prénom que le sien, faut vraiment être le dernier des cons !
- Mais ferme-là putain, Taylor, Tyler, c’est pareil, ça s’entend même pas à la prononciation, il est juste mort parce que tu lui as phagocyté ses multiples personnalités de ta connerie indigne ! T’as qu’à m’expliquer pourquoi on l’a refusé comme quatrième cavalier de l’apocalypse alors que c’est notre modèle spirituel !
- Putain mais qu’est-ce qu’ils foutent dans mon paradis ces deux cons-là ? Aaaargh barrez-vous de là aaaaargh