Fiction organique

Le 24/05/2003
-
par nihil
-
Thèmes / Obscur / Propagande nihiliste
Texte étrange et brutal un peu dans la lignée d'Hypocondria, à la fois scientifique et mystique ramenant l'humain à ce qu'il est réellement. A ne pas mettre entre toutes les mains.
La paroi interne de l'oesophage était encore endolorie d'une inondation de café brûlant et des flots de caféine s'introduisaient peu à peu dans les grosses artères centrales, puis jusqu'aux vaisseaux du cerveau, stimulant vaguement le système nerveux central. Les articulations, encore engourdies de l'immobilité du sommeil jouaient difficiellement.
Les fonctions de vigilance anéanties par le manque repos chronique de l'organisme suivaient difficillement l'espèce d'automatisme quotidien qui poussaient les membres à se mouvoir.
Les territoires de peau exposés aux vrilles de vent glacial se cyanosaient doucement, les capillaires se refermaient peu à peu et les fibres nerveuses superficielles ne transmettaient déjà plus la moindre sensation au cerveau. Les mécanismes de thermorégulation avaient du mal à compenser le froid qui s'engouffrait sous le tissu trop léger.

Un signal d'alerte hormonal brûlant de douleur courut le long des nerfs lorsque la cage thoracique se déforma brutalement. Les côtes perdirent leur positionnement habituel, certaines volèrent même en éclats qui vinrent se loger jusque dans les poumons à la paroi si fragile. La clavicule gauche partit en lambeaux durs, l'articulation de l'épaule gauche se décrocha, arrachant les tendons au passage tandis que biceps et humérus se trouvaient placés dans une impossible position. Un monstre de métal s'imposa dans l'organisme, réduisant toute résistance organique à néant.
Le diaphragme, membrane fragile qui aidait à maintenir une pression correcte dans le thorax, était bousillé et des flots d'air s'engouffraient par ses brèches en écrasant ce qui restait des poumons.
Le foie explosé se mêlait aux intestins qui fuyaient leur niche chaude et imémoriale. Epanchement de sang dans le péritoine et éventration.

Des hurlements d'adrénaline relarguée par les glandes surrénales, machines brusquement mises en surchauffe mirent à genoux la sérénité des fonctions centrales, tandis que le cablâge nerveux rendait l'âme.
Comme un disjoncteur qui saute, le cerveau s'éteignit tandis que l'organisme sombrait dans l'inconscience. Le coeur en folie pompait dans le vide des flots de sang qui se répandaient au lieu d'être canalisés par le réseau artériel détruit. L'apport en oxygène des tissus périphériques était réduit à néant et ce qui restait du système nerveux autonome, mécanisme sans conscience, s'emballa, ordonnant des convulsions désordonnées, détresse terminale, dans les dernières articulations valides.
Tout le sang se retira des iris tandis que le regard se faisait fixe.

La pression sanguine dans les artères ramenée à la nullité, le sang privé d'oxygène s'assombrissait et coagulait, tandis que les derniers soubresauts du coeur en détresse se répercutaient encore dans la cage thoracique ouverte. Les circuits nerveux déclarèrent forfait et la tension musculaire s'annula alors que toute la machinerie bouillonnante de vie et d'activité s'enrayait et s'arrêtait peu à peu.

...
...
...

Les fibres musculaires durcis de rigidité cadavérique se dégradaient déjà tandis que toute fonction vitale était retombée dans le silence et l'obscurité terminale. La chair allait s'anéantir peu à peu, se nécroser et partir en poussière, les os en miettes, la peau se décrocher peu à peu.

Pesez par vous-mêmes ce que c'est réellement que d'être un Etre Humain. Pas une conscience pure et éternelle au delà du matériel, juste une machinerie de viande bancale et fragile à la merci du moindre dysfonctionnement.