Le spectacle est fini

Le 26/06/2003
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par Ocus
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Thèmes / Obscur / Litanie
Un excellent article, glacial, récapitulatif de l'inutilité d'une vie, d'un deséspoir d'une machine organique en fin de course. Très proche par certains cotés de la Bible du Néant, avec une trame plus logique quand même, Ocus s'est carrément déchiré en sortant de sa production comique habituelle. Bravo.
L’ombre est tombée sur l’illusion de mon bonheur.
Bas les masques, je suis l’incarnation du rien, pantin initerressant dont personne ne tire plus les ficelles et dont tout le monde se moque. Incapable d’agir par moi-même, je ne bouge plus, ni pensées ni actes, j’ai du plomb dans l’aile. Je veux mais ne peux et quand bien même je pourrais ou en avais la force, les liens tissés de cotons entraveraient mes mouvements pour me réduire encore plus à une immobilité totale. Mes forces se sont envolées avec mon esprit mesquin. Chiffon mou, mes roulements sont grippés par la crasse, je n’interresse plus personne, mon manipulateur est manchot et les spectateurs ont quitté la salle. Je gis dans le noir, le spectacle est fini. Rideau fermé et portes closes depuis bien longtemps. Trop longtemps peut-être... Je n’y peux rien, j’ai beau hurler de tout mon être, seules les araignées entendent ma complainte. Elles tendent leurs fils sur mon visage, je suis au milieu de la toile.

Cocon invincible.

Elles se rapprochent, leurs pates me frollent. Des mandibules acharnées m’arrachent les joues, ma seconde fin est proche, je l’attend en silence. Mon corps et mon coeur se sont mûs en rocs depuis le début de l’éternité.

Je commence à percevoir les limites de l’Infini.

Je suis l’Astre celestre qui détruira l’Univers.
Je suis une super-nova sur le point de naître.
Je suis le Big-bang.
Je suis un ver solitaire dans un ventre affamé.

J’attend qu’on m’ampute de la tête. Ecrasez mon cortex, faites-en du jus de rien.
Je me meurs et c’est bien.

Pour une fois, Gnafron a gagné.