Diatribe paraphrénique

Le 21/09/2003
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par Nephtys
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Nephtys nous gratifie d'un texte plutôt spécial. Une première partie complètement mégalo et psychopathologique à souhait, excellente et d'une agressivité à toute épreuve et une seconde partie version subversion et remise en question non moins extraordinaire, là aussi très agressive. L'ensemble nous donne un truc super bien maitrisé, qui se la donne au niveau vocabulaire, et qui serait un chef d'oeuvre si on comprenait ce que ces deux parties très différentes dans le concept ont à foutre ensemble... Résultat, ça fait un peu fourre-tout. A lire quand même.
JE suis Nephtys…
Vous connaissez Nephtys ?! La reine des enfers, la gardienne des tombeaux…
Et bien c’est moi… la métempsycose m’a transmigrée dans l’esprit d’une femelle du genre humain..
Je partage ce territoire avec Inanna la douce, celle qui a un halo lumineux au-dessus d’elle, et qui dirige le cœur de la femelle… cette femelle moitié madone, moitié chienne…
Moi je règne sur les profondeurs abyssales de son marécage poisseux, quelque part dans les affres aux couloirs sans fond de sa psyché…
Je suis son démon intérieur, la succube de ses nuits, fille de l’ombre et grande prêtresse des ténèbres…
Je suis sa douleur, sa déchirure, son venin.
Je suis celle qui crachera dans vos tombeaux tout en surveillant de près la chorégraphie des punaises, des mouches et des vers qui se succèderont pour vous bouffer les tripes… Et puisque rien ne se perd et que tout se transforme, vous servirez au moins à nourrir les insectes bande de larves… parce que sinon vous ne servez vraiment à rien…

Je ne supporte pas Inanna, cette pauvre naïve qui aime les individus… Je suppose qu’elle réussirait même à vous trouver de nombreuses qualités… mais moi par contre, je vous vois comme vous êtes, hideux et laids, monstrueux et difformes, sots et ridicules à la fois, absolument inutiles…
Exactement comme l’entité qui vit dans cette enveloppe corporelle à l’intérieur de laquelle Inanna et moi nous affrontons sans répit… l’ombre contre la lumière… le grand combat apocalyptique qui l’enfermera dans le noir complet, la folie furieuse, la psychopathologie destructrice de sa conscience torturée…
Je détruirai cette pauvre fille pour faire payer les dieux de m’avoir enfermée dans cette chose infâme, ce corps humain pitoyable… Moi, cet esprit supérieur, prisonnière dans le corps d’une femme, aussi belle soit-elle !… Et encore, je préfère ça à celui d’un homme, ces créatures ratées, ces pervers polymorphes qui pensent par le phallus et pissent par le cerveau.. Ces mâles abjects et répugnants qui suent comme des bœufs en copulant misérablement, dans l’ignorance la plus complète des secrets de l’alchimie sexuelle et des mystères du grand arcane…
Ils ne connaissent que la fornication primaire, aucun d’entre eux ne sait comment transmuter la matière, ni même ce que cela signifie…

Installée dans le corps de cette femelle, je vous observe à travers ses yeux.. je vous regarde jouer votre rôle dans cette grande pièce de théâtre qu’est la vie, porter vos jolis masques de la commedia del arte… parce que votre monde appartient aux acteurs, seule l’apparence et la prestation sont importantes… comme une couche de peinture neuve sur un bois pourri…
Le pire c’est que vous croyez tous avoir choisi votre scène, alors qu’en réalité vous subissez le déterminisme d’une société qui vous absorbe et vous détruit, mais sans laquelle vous ne pouvez pas vivre, petites marionnettes que vous êtes !…C’est le destin des faibles.

Et pourquoi ? mais parce que vous ne savez pas comment vivre autrement !!..
Vous vous croyez libres, alors que votre liberté n’existe pas.. elle est illusion…
Libres de penser ? Tsss tsss !.. Même votre pensée est conditionnée.. vous ne pensez que comme on vous l’a appris, dans les limites que l’on vous a imparties, et de la manière dont on vous a modelé… car vous êtes tous pré-programmés!! Et vous n’avez pas le choix… même si vous construisez de jolis barreaux dorés autour de votre prison, cela n’en reste qu’une geôle…

Quant à votre pseudo originalité, elle ne fait qu’entretenir votre illusion…
Vous croyez qu’en sortant de la norme vous la déviez ? Mais non ! Vous ne faites que la renforcer au contraire !… Et c’est la société qui crée ses propres exanthèmes.. car vous n’en êtes que des énanthèmes, des petites boursouflures purulentes…
Vous êtes les victimes d’un système d’épuration sociale… la masse se débarrasse de ses déchets trop encombrants, et ces déchets se regroupent en sous-groupes, créant une pseudo contre-culture dans un soucis d’élan vital et d’affirmation de soi…Pourtant vous ne faites qu’inverser les normes et les valeurs de la culture dominante, contre laquelle, et donc, par rapport à laquelle vous vous définissez ! Quelle originalité ! L’anti-thèse n’existe que pour renforcer la thèse… Où est la véritable innovation ? Il n’y en a pas, et il n’y en aura pas puisque vous n’êtes qu’un troupeau d’ovidés dominés…

Et toi qui me lis.. quel est ton problème ? Qu’est ce qui ne va pas chez toi ? Tandis que ces mots s’installent dans l’optique de tes cristallins, glissent le long de ta paroi oculaire pour s’arrêter sur la rétine sensible, toi qui me lis, dis-moi à quoi tu tournes pour tenir…
Alcool ?
Shit ?
Came ?
Cachetons ou traitements anti-dépressifs? Anxiolytiques ? Prozac ?
Et sinon, quoi d’autre ?
Tu es bien trop faible pour tenir sans ces béquilles artificielles qui te font oublier que ton existence n’a aucun sens, et que le vide te terrifie…
Tu tournes désespérément en rond comme un lion dans sa cage… un lion qui n’a jamais connu que la captivité et qui se demande pourquoi…
Mais pourquoi quoi ?

Alors tu te crées un univers d’illusion où tu as l’impression d’exister… à travers les autres, à travers un groupe, à travers des rites et des objets d’appartenance.. Tu te réfugies derrière ton petit confort et ta petite sécurité de merde, tout en t’inventant un monde dans lequel tu n’es pas que ça…
Tout cela te donne l’impression d’être vivant, d’imaginer que tu es quelqu’un, toi qui a tant besoin d’y croire…

Bien sur, cette illusion salvatrice, cette culture de la distinction vous permet à tous de survivre… Car vous n’êtes absolument rien… Juste 71% d’eau claire, 18 de carbone, 4 d’azote, un peu de calcium, de phosphore, de potassium, de souffre, de sodium, de chlore, et quelques oligo-éléments divers… Tout cela provient de la combustion des étoiles… vous n’êtes que des poussières d’étoiles, des riens du tout qui s’imaginent détenir les secrets de l’univers, et qui vivent dans la suffisance de leur petite ignorance…

Alors continuez de parler de révolution en achetant des fringues nike fabriqués par des mômes qui travaillent 20hoo par jour pour trois fois rien, ça leur fera les pieds à ces sales chieurs… continuez d’acheter votre matos venant de chine parce que c’est moins cher, vous contribuerez à l’ethnocide tibétain, ça fera toujours autant d’humains en moins, déjà ça de pris !… je continue ? Parce que la liste est longue…
Vous n’êtes que des petits collabos en puissance dans ce grand désastre eschatologique.. Chacun de vos gestes vous enfonce davantage et encourage la bête noire à vous entraîner vers l’apocalypse finale…
Continuez à vous débattre et à gesticuler dans le vide..
Continuez à ne rien faire et à vous vautrer dans l’égocentrisme, votre ego démesuré à tant besoin de se nourrir de sa propre merde…

Quoique vous fassiez vous êtes la néoplasie de la terre… vous êtes la tumeur qui la ronge… Comme les cellules cancéreuses, votre seule ambition est de retrouver votre immortalité originelle, motivée par une peur pathogénique et conditionnée de la mort… Obsédés par cette seule ambition, vous désintégrez les autres cellules vivantes sans même tenter de les écouter…
Vous agissez comme des cellules autistes, vous reproduisant sans cesse et détruisant tout autour de vous, emportés par votre quête folle de contrôle et d’immortalité…
Vous vivez en dormant, l’intérieur déchiré, le regard glauque, marchant comme des zombies..

Oui, je m’amuse à vous regarder danser le ballet des morts-vivants, c’est comme ça que je jouis.. Car vous vous êtes crucifiés vous-même à votre propre croix, même si dieu est mort…
Et moi je me régale de votre souffrance méritée, vous les assassins, les meurtriers de la vie, l’erreur de la nature..

Aucun népenthès ne pourra me soulager, seul le goût de votre sang, de votre peur et de votre longue agonie me transporte.
Je vous hais, je vous exècre, je vous abhorre tous bande de loqueteux, tout simplement parce que vous êtes humains…

Sororellement…