Nora 4

Le 28/09/2003
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par Petitclaxon
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Rubriques / Nora
Nora toujours prisonnière de ses souvenirs et de son obsession, prend conscience d'un corps qui l'oppresse et l'encombre.
Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas couchée toute nue. Serait-ce que je commence à accepter mon corps ? Enfin….
Pour une fois, je suis détendue et j’ai la tête calme et pausée.
Ma main traverse chaque parcelle de ma peau. Je ne sens presque plus mes cicatrices. Elles sont comme des légères égratignures.
Les yeux clos, les jambes entrelacées en position fœtal… je suis bien… enfin…
Même dans ma demie-conscience, je sens un léger sourire qui se marque de plus en plus présent.
J’arrive même à sentir la chaleur de mes lèvres en les humectant avec ma langue à peine humide. Je suis si bien…enfin…. C’est comme une délivrance.
La couette en plume d’oie qui me recouvre me fait sentir en sécurité. Elle est si douce…
Suis-je au paradis ? Suis-je enfin morte ? Que se passe t’il ?
Je bouge naturellement dans un dernier élan. Quelque chose à changé. Alors je cherche cette position où j’étais si bien, je ne la trouve pas. Je l’ai perdu… je ne la trouve plus !
Panique ! Je tends à la chercher mais en vain… A quoi bon se battre contre cette plénitude que je chérie déjà.

Je sens ce léger souvenir devenir de plus en plus tiré. Je me rappelle.. je me rappelle d’une de ces corps à corps des plus agréable… Je me rappelle de ton corps à corps des plus intenses… Je me rappelle de toi, de tout dans les moindres détails.
Ce sourire si doux reviens à moi… enfin….
Je le sens, je le vis encore… ma peau s’humidifie jusqu’à ce que ruissellent des gouttes de sueurs le long de mes reins… Tous ces mouvements, tous ces échanges… Je me rappelle de chaque centimètre carré de ta chaire… si ferme et si douce…hummmm
Je me rappelle aussi de cette énorme tatouage sur ton flan gauche, je me rappelle de cet animal que tu es, cet animal encré sur ta peau.
Tu étais si fort dans tes mouvements et si doux par tes caresses…
Je me rappelle de tout, oui… tout de toi…

Comme je suis bien… enfin…
Quand tout à coup, une odeur… cette odeur… elle me gène
De mille lumières mon visage s’est éclairé, d’une seule il s’est ternit….
De mille coups tu m’a blessé, d’un seul tu m’as tué…
Cette odeur, je m’en rappelle aussi… je me rappelle de toi grand-père….
Mais je ne comprends pas, pourtant il est mort, je l’ai tué…

Je recherche ce confort dans lequel j’étais dans cette demie-conscience. Je recherche l’odeur moite de cet animal… Une odeur, peut elle en remplacer une autre ? Une pensée peut elle laisser place à une autre ? Où es-tu ? Où est elle ? Où est cette odeur que je recherche ?
La peur me lève de mon inconscience…
Je ne cesse de hurle…mon cœur ne cesse de battre de plus en plus fort… Je n’arrive presque plus à respirer…. Il faut que je me calme… se calmer…
« Arrête petit cœur, tu vas finir part ne plus vivre… moi non plus d’ailleurs. »
Je me retrouve nue, assise dans ce grand lit vide… personne à côté de moi…
Mais cette image de ce vieillard que j’ai tué…
Tout recommence comme tous les jours, je passe et repasse devant ce couloir que je ne voyais plus…
Tout recommence comme tous les jours, je passe et repasse mes jours, mes nuits sous la douche, accroupie comme une enfant… à pleurer et me balancer frénétiquement d’avant en arrière… d’avant en arrière…. Encore…
Je ne supporte plus mon corps. Mes égratignures saignent…
Pourquoi moi ? Pourquoi ? Je ne veux vivre tout cela, je pensais avoir tout oubié…
Je ne peux m’empêcher de gratter ces croûtes de sang. Mais je dois cesser, plus je les arrache, plus elles reviennent et deviennent de plus en plus infectées.

Comme tous les jours… encore cette phrase… elle me hante l’esprit….
Comme tous les jours… encore cette phrase… tout recommence, comme tous les jours…