Pandemonium

Le 30/10/2003
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par Aka
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Thèmes / Débile / Faux obscur
Un article entre l'obscur et le débile, qui vole pas spécialement haut mais n'en avait pas l'ambition. Ca aurait pu faire une nouvelle sombre correcte mais ça dérape vite vers du pas trop sérieux. Ca a un peu le cul entre deux chaises, mais ça se laisse lire, sans plus. Une vision de l'enfer qui donne envie... un peu.
Même s’il avait horreur du noir, la chaleur confortable de l’endroit où il se trouvait le rassurait. Mais au fait, où était-il ? Rien à foutre.
Il se sentait bien allongé à même le sol. La douce moiteur de la pièce lui procurait une sensation de fatigue agréable, l’envie de se laisser aller. Au loin, des coups sourds tel des battements de cœur le berçaient, se répercutant dans les murs qui l’entouraient et dans son corps. A force de fixer le peu de conscience qui lui restait sur ce bruit répétitif, il comprit que c’était en fait l’écho d’une musique qui devait se jouer dans une pièce voisine de celle où il se trouvait. Ca éveillait sa curiosité et il découvrit que les ténèbres dans lesquelles il se trouvait n’étaient dues qu’à ses yeux fermés. Il entreprit de les ouvrir.
Un couloir. Des murs gris. Pas beaucoup plus de lumière au final. Mais au bout de ce couloir… Une lumière rougeâtre apparaissait. Les battements venaient de là-bas. Un sentiment de plénitude l’envahit. Il ne savait pas ce qui se trouvait après cette bifurcation, mais ça avait l’air de valoir sacrément le coup. Des ombres se dessinaient au loin. Des corps se fondant les uns dans les autres grâce à la magie de cette étrange musique. Des êtres se mélangeant, se démêlant dans des gestes lancinants, mis en mouvement par un rythme les réunissant. Il n’avait qu’une envie : qu’ils viennent le chercher. Devenir une ombre aussi pour se fondre le long de ces murs gris, ne faire qu’un avec les autres, se donner entièrement dans une extase infinie. L’attraction de cette perspective était plus forte que cette somnolence qui l’habitait et il ordonna donc à ses jambes de le porter jusqu’à cet endroit.
Plus il approchait, plus la sensation de fatigue disparut. Une excitation sourde envahissait tout son être. Les battements de son cœur s’accéléraient. Il avait envie de crier, de chanter, de courir, de pleurer. Putain qu’est-ce qu’il se sentait bien, aussi bien qu’il ne l’avait jamais été. Encore quelques mètres avant de découvrir ce qui se cachait dans cette lumière rouge. Il était en route pour le paradis, il en était sur, ça allait être le pied.
« Merde mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?! » Il était dans une pièce immense. Non pas une pièce. Une grotte ? Ouais un truc dans ce genre. Les ombres qu’il avait perçues quelques secondes avant était désormais matière sous ses yeux. Les plus belles femmes qu’il n’avait jamais vu, des hommes d’une magnificence qui n’était même pas imaginable. Tous ces êtres se frottaient, se mélangeaient au rythme de la musique qui était désormais assourdissante. Ils se laissaient tous porter par ce son dans des expressions quasi orgasmiques. Lui-même commençait à se sentir comme transporter. Son corps, son esprit flottaient. Bon ok, ces personnes n’étaient apparemment pas humaines. L’éclat de leurs yeux rouges, les excroissances qui leur servaient de queues, les cornes sur leur tête… Tout cela n’était pas très normal, mais il ne se sentait pas en danger. Puis son regard croisa celui d’une de ces créatures. Une splendeur à vous faire mourir dans la seconde. La couleur de ses longs cheveux noirs faisait ressortir l’incandescence de ses yeux. Elle lui sourit et se dirigea vers lui.
« Bon là je suis dans la merde » Impossible de faire demi-tour, ses pieds étaient comme ancrés dans le sol. Il allait se faire déchiqueter sans pouvoir émettre le moindre mouvement de rébellion. La créature se planta devant lui, le transperçant de ses yeux. Il se sentait mis à nue face à ce regard qui scrutait son âme. Il n’avait plus peur de mourir. Mais au lieu de le tuer, elle se pencha vers lui et lui offrit le baiser le plus langoureux qu’il n’avait jamais connu, frottant ses seins contre son torse. Puis, sans une parole, elle lui saisit la main et l’amena parmi ses congénères afin qu’il participe à leurs danses et leurs ébats.
Plus rien n’avait d’importance. Le temps n’existait plus. Son corps n’existait plus. Son esprit n’existait plus. Seuls comptaient cette femme, tous ces êtres s’entremêlant, cette musique enivrante, ce sentiment extatique qui l’animait. Il était arrivé dans les recoins les plus reculés de son être lorsqu’un homme gigantesque apparut devant lui.
« Tu dois nous quitter maintenant.
    Ah mais tu serais pas Satan toi ?!
    Tu as compris ce que je t’ai dis ? Tu dois partir…
    Ah bah non, pourquoi ? Je me sens si bien ici.
    Tu n’es pas à ta place ici, c’était une erreur.
     Et si je refuse, il se passe quoi ?
     Tu souffriras pour l’éternité. Je m’occuperai personnellement de toi… »
Prince des Ténèbres ou pas, il devait sauver sa place au sein de sa nouvelle communauté. Se dressant sur la pointe des pieds, il décida d’étrangler celui qui avait essayer de s’interposer entre lui et sa nouvelle vie.
« Putain mais t’es con ou quoi ?! » Il avait du serrer un peu fort, Lucifer avait désormais la voix d’un ado de quinze ans.
« Sérieux t’es pas fini toi ! T’as faillit me buter putain ! Quand on supporte pas la dope on en prend pas bordel ! »
Il avait soudain comme un moment de doute sur son interlocuteur jusqu’à ce que la connexion se fasse dans son cerveau. « Ah bah merde Jérôme t’es là aussi? Comment t’as réussi à rentrer ? Il t’a pas refoulé Lucifer ? » Des éclats de rire fusaient derrière lui. Il implorait secrètement ses neurones de se mettre à fonctionner dans la seconde.
La chambre de Jérôme. Ses potes. Tous défoncés. Jérôme apparemment calmé le regardait, sourire ironique au coin :
« Bienvenue dans le monde magique du LSD mon pote »