Illusion

Le 17/11/2003
-
par Cepu
-
Thèmes / Obscur / Triste
Article totalement atypique dans la production de Cepu puisqu'à la fois pas drôle et pas autobiographique. On reconnait quand même nettement le style, mais cette fois mis au service d'un texte onirique, calme et bizarre, qui rappelle un peu le Petit Prince (celui de Saint-Ex, pas celui de la Zone...). Le thème est celui de la guerre et c'est plutôt bien gaulé. Chapeau.
Il entra sous le dôme arboré et marcha. Foulant l'herbe menue, il traversa les prés. Pour s'asseoir sous un arbre. Un léger ruisseau coulait en contrebas du monticule vert où il s'était assis. Le soleil était jaune vif Des oiseaux mimaient leurs ancêtres. Il appuya sa tête sur la pelouse, et ferma les yeux.
Il dut dormir et rêver aussi. Lorsqu'il vit qu'un jeune enfant partageait sa solitude dans ces immensités. Il le regarda longuement, songeur. L'enfant assit observait les alentours également. Cela rappela au vieil homme qu'il était, la fraîcheur de la jeunesse, et il se décida à lui parler.

-Salut, tenta-t-il qui est tu?
-Bonjour monsieur, répondit-il, tournant la tête vers lui et toi qui tu es?
-Je m'appelle…il ne termina pas sa phrase. Je suis un vieux monsieur qui se réveille, et voit la beauté d'un enfant.
Le petit garçon fut étonné par les paroles de cet homme
-Moi je m'appelle François

Les oiseaux chantaient, inlassablement, tjrs les mêmes refrains, néanmoins nouveaux à chaque fois. Une brise fit vibrer les feuilles et le cœur de ce vieillard.

-Que viens-tu faire ici François? Questionna-t-il?
-Je sais pas …je cherche la tranquillité. Je voulais partir pour qu'on me fiche la paix, crana-t-il, fier de son vocabulaire, en ouvrant ses grands yeux., laissant éclore un sourire.
Il fut étonné du fait qu'une si vieille expression soit revenu ainsi dans le langage. Ce jeune garçon qu'il ne connaissait pas l'intriguait.

-Sais-tu u'est la paix François? Demanda-t-il, curieux, avec un demi-sourire quasi-permanent depuis son réveil.
-Ben heu c'est quand y a pas la guerre?
-Oui, c'est ce que l'on dit. Mais connais-tu la guerre?
-Non.
-Alors comment peut-tu savoir la paix?
François fut surpris par cette phrase.
Je sais qu'il a eu la guerre, il y a longtemps. Et qu'il y a eu beaucoup de morts aussi….tu y étais? Enfin, tu l'as faite, toi la guerre?
-Oui François j'y étais, ce fut atroce.

Et là, ce pauvre vieillard seul fut pris d'une grand joie quand François lui demanda, les yeux écarquillés devant son antiquité personnelle, de la lui raconter. Les éclats de rire succédèrent aux prises de conscience, les satisfactions au larmes. François s'émut beaucoup. Cela le toucha. L'enfant comprenait alors beaucoup de choses sur les horreurs et les barbarismes de la guerre.
Lorsque ce fut terminé, après que François eut soupiré en chassant un surplus d'émotions, le vieillard partit. Et, alors qu'il s'éloignait, goûtant l'air frais et la stasifaction François lui demanda:
-C'est nous qui l'avions gagnée la guerre….????

Le vieux vit son erreur et pensa sans se retourner
Personne ne l'a gagnée, fiston…personne. On ne peu pas gagner si on s on s'entretue. Et moi, alors que la paix dure, tout ce que je fais c'est redonner le goût de la victoire à un enfant, et refaire germer l'âme de la guerre….par la paix.
Et il partit pour de bon, sentant la déception puis la compréhension se peindre sur le visage de François. Sous de faux arbres, de faux oiseaux, un faux soleil…sous le joug d'une paix illusoire, d'une vie illusoire.