L'autre coté

Le 19/12/2003
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par Aka
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Thèmes / Obscur / Litanie
Bienvenue dans cet espèce de train fantôme où les images étranges se succèdent sans souci de cohérence particulier, mais vous mordent les tripes sans rémission. Pas de structure narrative, mais pas besoin. J'adore.
Je suis issue de vos esprits malades, une pale photocopie, un mélange, votre création. Un petit peu de vous dans un grand moi. Si difficile à remplir, si grand. Je m’y perds.
Moi, le fruit de vos entrailles, je porte votre fardeau au fin fond des miennes. Quelque part, tapi. Il se ballade en moi, se manifeste de temps en temps. Je le contrôle ou je l’oublie, mais il suinte parfois à travers tous mes pores.
Ma raison est en suspend. Elle attend. Elle attend son tour. Il viendra, c’est certain. Comment cela pourrait-il en être autrement ?
Je vous déteste, c’est ma raison d’être. Vous m’avez donné tout ce dont j’avais besoin, et même plus apparemment. Je ne peux pas exister sans vous.
Ca me rend malade à quel point je vous aime. Je hais toutes ces sales choses que vous m’avez données d’une manière si douce.
Vous me faites mourir. Vous détruisez votre monde égoïstement, et moi avec dans le même élan. Je sais que vous voulez que je ressente votre peine. Vous l’imposez. Mais c’est normal : on est lié en tant de choses après tout.
Votre Mal parle pour vous. Jolis pantins actionnées par leurs délires. Mignonnes petites choses se débattant dans le bourbier de leur esprit. Immondes insectes ridicules mus par d’étranges soubresauts annonçant la fin. Tellement faciles à écraser que ça en est tentant. Mais la pitié est une des cellules de mon immense prison.
Putain mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse de plus ! Pourquoi vous sentez vous obligés de me faire ça ? Toujours à compter sur le fait que je sois là, ne vous tournant jamais le dos. Et moi je reste seule plantée là. Vous me faites haïr tout ce que je vois, tout ce qui m’entoure, tout ce que je suis. Je suis toujours là, encore et encore, alors que je devrai partir.
Partir… Laissez cette folie que vous m’avez donnée en seul legs envahir mon être, mon âme, mon corps. Ne plus la retenir, ne plus l’attendre. La laisser s’exprimer librement comme elle le fait si bien parfois. Ne plus essayer de vous maintenir de toutes mes forces dans le droit chemin, mais vous suivre dans le votre.
Le serpent se mord toujours la queue alors à quoi bon lutter. Notre esprit est en sursit, pourquoi retarder ce qui est irrémédiable ?
C’est peut-être bien là-bas… de l’autre coté.