Chroniques d'un assassin (volume un sur un)

Le 12/01/2004
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par Ocus
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Thèmes / Obscur / Nouvelles noires
Le titre annonce un texte marrant, mais en fait c'est plutôt sérieux, si tant est que le vieux gore de série Z est sérieux, parce que c'est un élement de cette petite nouvelle sympa, qui casse rien mais passe le temps. C'est la période des fantasmes non-réalisés en ce moment. Careful with that axe Ocus
Patrice se tient debout sur le seuil de la maison qui l'a vu grandir, une hache à la main.
La porte est ouverte d'une façon assez étrange puisque rabattue selon un angle nul par rapport au sol. Elle n'aura en fait même pas résité à son premier assaut.
Le couloir est sombre, aussi noir que la nuit qui enrobe le quartier.
Il patiente, à l'affut du moindre bruit provenant de l'intérieur.

Rien.

Comment auraient-ils pu l'entendre à travers leurs bouchons de cire ?

Il enjambe la porte. Il n'a aucun mal à se diriger dans la pénombre, il le faisait deja à 15 ans quand il revenait en douce de ses escapades nocturnes.
Face à lui, se dresse l'escalier. Une marche puis deux. Il y en a vingt-six au total, il le sait très bien.
Dernière marche, six pas en avant, virage a gauche, huit pas.
Sa main effleure la porte verte de la chambre parentale.

Son coeur s'emballe.

La poignée tourne sans émettre le moindre grincement.
Ils dorment profondement, elle sur le dos et lui sur le flanc gauche. Ils ont déjà l'air morts. Les soulèvements réguliers du drap le rassurent.
Il reste ainsi quelques minutes à les regarder, immobiles.

Puis la hache se soulève, il s'approche et la laisse tomber avec vigueur sur la tête de sa mère.
Il sent une éclaboussure chaude heurter son visage. Il n'ose plus bouger.

A-t-il perçu le choc par les ressorts du matelas ?

Des gargarismes de poumons se vidant dans une flaque de sang le sortent de sa torpeur.

La hache se soulève à nouveau, puis reprend son chemin vers le bas.
La tête moustachue se détache assez facilement du corps auquel elle était attachée, tombe sur le sol et roule vers la porte avant de s'arrêter net.
L'outil tranchant a même traversé l'oreiller. Il a bien fait de l'affuter.
Sans précipitation, Patrice sort de la chambre en refermant la porte.

Et puis le temps s'accélère.
Huit pas, virage à droite, six pas, vingt-six marches, passage au dessus de la porte, arrivée sur le seuil, la nuit noire est en face de lui.
Le temps s'arrête durant une éternité puis reprend son court.

Il se retourne.
La porte est fermée, son inclinaison n'a plus rien d'étrange.
Il l'ouvre en appuyant sur la clanche.
Le couloir est toujours aussi sombre, il y a toujours vingt-six marches, à l'étage, tout parait calme.

La porte verte est toujours là elle aussi. Il l'ouvre et risque un regard vers l'intérieur.
Le drap bouge, sur le sol il n'y a ni tête ni trace de sang.

Ce soir la, Patrice est allé se coucher sans bruit.

Finalement, Patrice est un lache comme les autres.