Présent de mariage

Le 17/01/2004
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par Kirunaa
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Thèmes / Obscur / Fantastique
Je me suis cru dans une sorte de remake de Dracula version nécrophile, mais c'est pas vraiment ça. C'est gothique, romantique (au premier sens du terme), doux et sombre, mais par contre après deux lectures j'ai toujours pas vraiment compris le fin mot de l'histoire, mais bon je suis pas un exemple.
Les mains tremblantes, je poussai le couvercle. De l’intérieur du cercueil me regardait une jeune fille de deux cent cinquante ans. Étrangement, les conditions du lieu lui avaient gardé la fraîcheur de ses dix huit ans. Ses cheveux blonds coiffés en un chignon complexe paré de fleurs printanières encadraient son visage paisible. J’approchais ma main de sa joue pour la caresser.
Au dernier moment je m’arrêtai. Ma main était maculée de terre et de poussière, je ne voulais pas la souiller. Sa robe immaculée, de la soie la plus fine, était rehaussée de dentelle brodée de perles. Son cou était orné du joyau grâce auquel j’avais fait la connaissance de la belle : une aigue-marine du bleu le plus pur, de la taille d’un œuf de caille. Brisée. Une larme amputée. C’était le seul bijou qu’elle portait, hormis son alliance. La bague d’or fin, représentant un cœur couronné soutenu par deux mains, était sur l’île l’emblème millénaire de l’hymen, que chaque jeune fille portait au doigt.
« Chère Aislynn aimée des dieux… Sais-seulement à quel point tu as manqué à ton homme? Arrachée à son amour le jour de vos noces, tu as bu à sa place le poison que ses ennemis lui avaient destiné. Morte dans ses bras en lui jurant un amour éternel, tu lui as juré de l’attendre de l’autre coté. T’a-t-il rejointe ? A-t-il su te retrouver dans la mort ? »
Frottant mes mains sur ma chemise, je les essuyai de la saleté qui les recouvrait.
Prenant dans ma poche une fine bourse de velours noir, je tendis la main vers la pierre précieuse que je recherchai depuis plus de quinze ans. L’aboutissement absolu du rêve de tout archéologue. L’accomplissement de ma quête.

Je clignai des yeux sous la lumière aveuglante du soleil de midi.
« Alors ? »
« Le caveau était vide. »
« Pas de tombe ou pas de pierre ? »
« Pas de tombe. Toutes nos recherches étaient basée sur une légende montée de toute pièce. »
« Tu vas retailler ton morceau de caillou ? »
« Non je ne pense pas. Oublions cette histoire.J'ai juste perdu quinze ans. Partons d'ici.»
De la main, je caressai l’étoffe désormais vide, qui avait contenu pendant des années la partie brisée d’une aigue-marine intemporelle.

A l’intérieur du caveau, le visage de la jeune femme semblait rayonner d’un nouvel éclat. A son cou, la larme précieuse reconstituée rayonnait doucement de la chaleur du visiteur.