Message à la postérité

Le 06/02/2004
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par Kirunaa
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Thèmes / Obscur / Anticipation
Ce coup-ci Kirunaa a passé la vitesse supérieure avec une excellente nouvelle super bien gaulée et super bien écrite. On retrouve son style habituel mais en mieux : phrases concises, claires, du mystère qui monte bien sans devenir lassant, des scènes marquantes. Chouette portrait d'un groupe forcé d'évoluer en milieu hostile. La survie est prioritaire par rapport à la simple vie, et la pérennité du groupe est plus importante que celle de l'individu. Comme quoi il faudrait pas grand-chose à l'espèce humaine pour ressombrer dans l'animalité. A lire.
Je sais pas à quoi ça sert, mais je le fais quand même. Après tout, on sait jamais. C’est mon grand-père qui m’a dit que même si une action n’avait strictement aucun sens, ça ne coûtait rien de la réaliser… si justement ça ne coûtait rien à personne.
Philosophe mon grand-père… de la sagesse de vieux. J’ai eu de la chance de le connaître, c’est pas donné à tout le monde. Il était très vieux quand il est mort, il avait au moins quarante ans. Mais dans ma lignée, on a toujours eu des enfants très jeunes. Et comme on vit plutôt vieux, ça nous donne la joie de les voir grandir, et avoir leurs propres enfants. Enfin, quand je dis « ça donne la joie »… « ça donnait la joie » serait plus exact, puisque je suis le dernier. Enfin presque. Nous sommes deux à avoir survécu dans mon groupe : moi et une femme.
On était un groupe très nombreux : vingt cinq personnes. On avait de la chance, on avait beaucoup de femmes. C’est pour ça qu’on a tenu longtemps. On pensait même que peut-être le groupe serait encore viable pendant plusieurs générations. Parmi les enfants, on avait quatre petites filles, et onze femmes étaient enceintes ! Des trois autres, la première avait accouché il y a quelques semaines (d’une fille !), et deux venaient d’être formées. Je pense que d’ici quelques jours, on aurait commencé avec elles. Je devais d’ailleurs être le premier pour la plus jeune. Malgré mon âge, j’étais souvent le premier, parce que comme ça j’avais plus de chance d’être le père. Et que comme dans ma lignée on vit vieux, c’est mieux : ça donne plus de chances aux enfants. On espérait qu’en donnant la priorité à ceux qui vivent vieux, ça rallongerait la durée de vie des enfants. Mon grand-père m’a raconté que dans le temps, les femmes attendaient de choisir celui qui serait le premier. Si elles voulaient, elles pouvaient même ne pas avoir d’enfant. Mais c’est parce qu’avant, il y avait beaucoup d’humains sur Terre. Trop même d’après certains.
Dans le groupe ça ne pouvait pas se passer comme ça. Les femmes devaient avoir des enfants le plus tôt possible. Et si possible avec plusieurs pères différents. C’est une règle importante pour éviter trop d’anomalies aux enfants.
Mais tout ça maintenant ça sert plus à grand chose. Enfin je crois pas. On était bien organisés pourtant ! On avait la chance d’avoir un endroit protégé pour faire pousser des plantes et élever quelques animaux. Et dans le groupe, peu étaient issus de « souches » vraiment abîmées. Oui, je crois qu’on avait vraiment eu de la chance. Faut dire qu’on était loin, isolés, et que les vents nous étaient favorables. C’est mon grand-père qui disait ça. Il tenait ça de son propre grand-père. Il m’avait expliqué des choses que j’avais pas trop comprises. Des noms que j’avais pas bien retenus. J’étais quand même jeune à l’époque. Il m’avait dit que c’était très important de se souvenir, « pour la postérité ». C’est pour ça qu’il a appris à écrire à mon père, et que mon père me l’a appris ensuite.
Aujourd’hui je dois être l’un des derniers à savoir, c’est pour ça que j’écris ce message. En espérant qu’un jour il sera trouvé, et que celui qui le trouvera saura le lire. On sait jamais. Si l’enfant de Nadia - la femme qui a aussi survécu - est une fille, j’essaierai de vivre assez vieux pour la féconder. Ca sera pas facile, j’ai déjà dix-sept ans ! De toute manière, il faudra que Nadia aie d’autres enfants dès qu’elle sera prête. Elle est encore jeune, donc ça devrait être possible. Elle est issue d’une bonne souche. Je pense qu’elle pourra vivre assez pour avoir six enfants. Si son premier est un garçon, il faut espérer que le suivant sera une fille. Il faut qu’elle ait aussi au moins un garçon bien sûr, mais les filles sont plus importantes. Moi je pense que je serai mort pour la naissance du troisième. Mais ça sert à rien de réfléchir à tout ça de toute manière. Et c’est pas le but du message.

Ca a commencé au temps du père de mon grand-père. J’ai dit que mon grand-père avait vécu très vieux. Et il était très jeune quand c’est arrivé, mais ses parents et grands-parents lui ont raconté beaucoup de choses. Il m’a dit qu’en ce temps là, le monde était plein d’humains. Vraiment plein. Et ils vivaient presque cent ans ! Ils avaient tous le temps de voir leurs enfants avoir des enfants. Et parfois, ils voyaient même les enfants des enfants des enfants de leurs enfants !
Les gens habitaient dans de grands immeubles, avec différents étages, un peu comme nos lapins. Ils étaient tellement nombreux qu’ils étaient obligés de faire ça. Et ils se battaient entre eux. Parce qu’ils s’ennuyaient. En fait ils se battaient pas vraiment, ils inventaient des armes terribles, et ils menaçaient de s’en servir sur les autres humains. Jusqu’au moment où les autres trouvaient une arme encore plus destructrice.
Un jour, l’une des puissances a été trop loin, et a utilisé une des armes. Ils voulaient effrayer leurs ennemis, mais les ennemis ont riposté. Mon grand-père ne savait pas exactement qui avait commis l’irréparable, mais la planète avait commencé à se vider. Peu à peu, la vie animale en avait disparu. Personne ne s’en est vraiment rendu compte au début. Ca avait commencé avec les rats, mais personne ne l’avait vraiment remarqué. Puis tous les autres animaux, y compris les humains. Au début, les scientifiques avaient dit que l’espèce évoluait, et que nous devenions de plus en plus intelligents. Que c’était pour ça que les enfants étaient de plus en plus éveillés. Et puis les gens ont commencé à mourir plus jeunes, toujours plus jeunes… Et les autres animaux aussi. C’est à ce moment que les scientifiques avaient commencé à se douter de quelque chose et à avoir peur. Leur théorie ne fonctionnait pas. Les gens ne devenaient pas meilleurs, simplement ils vivaient plus vite. Et mourraient plus tôt. Toujours plus tôt. Mais il était déjà trop tard. Beaucoup d’espèces se sont éteintes, parce qu’elles avaient plus le temps de se reproduire. Les adultes disparaissaient avant d’avoir fini d’élever les jeunes. Les animaux dont les petits n’avaient pas besoin des parents ont tenu assez longtemps, comme les lézards. Je pense même que certaines espèces existent encore. Mais les mutations en ont achevé beaucoup. « Les radiations et les toxiques », disait mon grand-père.
Chez nous aussi ça arrive d’avoir des bébés déformés. Suivant la gravité des déformations, ils peuvent - ils pouvaient - se reproduire ou pas. Évidement, on est plus tolérant avec les filles. Nadia semble saine. Elle a juste un problème avec une main, dont deux doigts sont pas séparés. Et moi je suis issu d’une lignée où on vit vieux, et j’ai pas de déformation visible. Mon père disait que j’étais un miraculé. Il était fier. Je sais que mon père et mon grand-père sont vraiment mon père et mon grand-père grâce à la couleur de mes yeux et de mes cheveux. Il y a que chez nous qu’ils sont noirs. Les autres du groupe ont des yeux et des cheveux plus clairs...
Mais c’est pas le but du message.

Notre groupe a donc eu de la chance. On vivait loin des endroits où les malheurs ont commencé, et on avait peu d’échanges avec le reste du monde. Les parents de mon grand-père étaient des scientifiques qui travaillaient sur le Problème. Quand ils ont compris que les choses allaient très mal, ils sont venus ici avec mon grand-père. Ils ont expliqué à la population ce qui se passait et ont instauré les « Règles » : donner la priorité pour la reproduction aux hommes les plus sains, avoir le plus d’enfants possible pour les femmes, éviter d’avoir deux enfants du même père, ne pas accepter d’étranger sans quarantaine - mais ça fait longtemps que plus aucun étranger n’est venu pour entrer dans le groupe - protéger les lapins et les moutons en les empêchant de dépasser les Limites, et abattre ceux qui y sont allés. Ca nous a permis de vivre jusqu'à aujourd’hui, et les enfants semblaient être de plus en plus normaux. On avait de la chance. J’ai écouté mon grand-père quand il vivait encore. Et mon père après lui. Et j’ai lu les documents que mon grand-père et ses parents ont écrits, pour expliquer ce qui s’est passé. C’est comme ça que je sais. Si j’ai bien compris, on doit être les derniers humains sur Terre. Avec peut-être quelques autres groupes comme le nôtre, mais trop loin pour qu'on parte à leur recherche. C’est trop dangereux.
Tous ces papiers sont conservés dans une cabane du village. Toutes les archives de notre vie ici et sur ce qu’il y avait avant. Il y a aussi quelques photos et des dessins, mais ils représentent des choses que j’ai jamais vu, comme des centrales de production d’électricité, des usines de fabrication, des ordinateurs, des fusées… Pas facile de se représenter comment toutes ces choses fonctionnaient et à quoi elles servaient. Ca me fait un peu penser à un des garçons du groupe. Il était aveugle. Il aimait pas quand on parlait des couleurs et des nouvelles décorations pour nos maisons. Il disait que ça servait à rien, mais c’est parce qu’il savait pas de quoi il parlait. J’ai essayé une fois de lui expliquer, mais il s’est mis en colère et il m’a plus jamais parlé.
J’ai appris à lire à tous les enfants, pour qu’ils puissent comprendre ce qui c’est passé quand il y a eu le Problème. C’est aussi pour ça que j’écris. C’est plus dur d’écrire que de lire, mais c’est important, surtout si Nadia et ses enfants arrivent à faire un nouveau groupe. Je l’espère, je veux pas croire qu’on est les derniers, et que tout se soit fini si bêtement.

Il y a eu un accident il y a deux jours. Je sais pas ce qui s’est passé. Une explosion pendant la nuit, et tout a brûlé très vite. Tout le monde est mort. Sauf moi et Nadia. Je sais pas ce qui s’est passé. Moi j’étais sur la plage à réfléchir, avec Nadia. On aime bien parler ensemble. Elle est très jeune - elle attend son premier enfant - mais elle est intelligente. C’est la dernière fille de ma mère, son cinquième enfant. Moi je suis le premier. Je crois que son père était Thomas, parce qu’ils ont les mêmes yeux…
On était donc sur la plage, près des gros rochers qui dominaient le village, à parler. Son enfant est sur le point de naître, et elle a du mal à dormir. On se disait que finalement, les choses allaient pas trop mal. Les derniers enfants qui étaient nés ne semblaient pas déformés ni malades. Chez nos lapins et nos moutons non plus. Elle me disait que la naissance du bébé lui faisait un peu peur, mais qu’elle était sûre que ça serait une fille. Elle me parlait aussi de Maïzen, le fils de Komaya. Elle me disait qu’il était beau, malgré sa jambe trop courte et sa hanche saillante. Elle espérait que l’enfant était de lui. Elle me disait qu’il lui avait demandé de partager le même foyer… elle était heureuse.
Et soudain il y avait eu l’explosion, à quelques centaines de mètres au sud du village. Je crois que c’est ce que l’on appelait « les installations militaires » qui a explosé. Le ciel s’était illuminé comme en plein jour, et une colonne de feu était montée vers le ciel. Alors qu’une pluie de morceaux de métal brûlants avait commencé à s’abattre sur le village et la plage, j’avais couru avec Nadia pour nous cacher sous les gros rochers. Je l’avais aidée à se hisser dans le refuge improvisé. On entendait la pluie ardente marteler le toit de notre abri, et on voyait les gouttes de feu pleuvoir sur le village. Les autres étaient sortis des maisons en hurlant. Tout brûlait autour de nous : les arbres, les cultures, les cabanes… les gens…
Nadia avait alors poussé un cri, et tendu la main vers la dernière cabane au nord. Maïzen venait d’en sortir, portant un bébé dans ses bras. Il avait regardé autour de lui, et crié quelque chose aux autres qui courraient en tout sens avant de se diriger vers nous, vers l’abri des rochers. Miraculeusement, il avait réussi à sortir du brasier du village, évitant les débris incandescents qui tombaient du ciel en averse mortelle. Il avait monté le chemin de la plage, on le voyait se rapprocher de nous, boitant sur sa jambe trop courte, portant dans ses bras le bébé terrifié. Derrière lui dans le village, des silhouettes de flamme courraient en tout sens, se roulant par terre pour éteindre les langues de feu qui les léchaient. Je retenais Nadia en serrant son bras de toutes mes forces, lui hurlant qu’il était trop risqué de se porter au secours de Maïzen. Quelques autres l’avaient vu se diriger vers les rochers et avaient tenté de le suivre, mais la nuée ardente avait eu raison d’eux avant qu’ils puissent le rattraper. Je sentais sur mon visage le souffle brûlant du vent, je voyais la colonne de feu qui peu à peu passa du blanc au jaune pâle, du jaune au rouge, puis à l’écarlate et au pourpre. En son centre, un étrange jeu de fumée et de gaz semblait dessiner un visage moqueur, riant de notre surprise et de notre malheur.
Le fils de Komaya était finalement parvenu jusqu’à la plage. Marcher sur le sable avait toujours été difficile pour lui. Soudain, un éclair de feu s’était abattu du ciel, lui arrachant des bras l’enfant qu’il tentait de sauver. Le sable devant lui avait volé en tous sens, creusant un cratère peu profond dans le sol. Le sable retombé, on avait pu distinguer en son centre une ombre fumante. Maïzen s’était jeté sur la forme et l’avait soulevée… ce n’était plus qu’un corps sans tête. Nadia avait hurlé devant l’atrocité de la scène, et Maïzen avait levé les yeux vers nous. Il avait laissé tomber à terre le cadavre de chair brûlée qui avait été son neveu et s’était avancé vers nous, aussi rapidement que sa jambe malade le lui permettait. Trébuchant sur le sol inégal, illuminé par instants à la lueur des flammes tombant du ciel, il était parvenu jusqu’à la base des rochers. J’avais tendu la main vers lui, me penchant pour l’aider à nous rejoindre. Son visage était brûlé et il était couvert de coupures. Une deuxième explosion éblouissante avait alors déchiré le ciel. Aveuglé par la lumière, j’avais protégé mes yeux de mon bras. J’avais entendu Nadia crier. Rouvrant les yeux, je m’étais à nouveau penché vers Maïzen. Je ne voyais rien, la vision encore obscurcie par l’éclair de lumière. Tâtant la paroi au dessous de moi, j’avais enfin senti sa main. J’avais refermé mes doigts sur son poignet et tiré de toutes mes forces pour le hisser et l’aider à se mettre à l’abri avec nous. Il n’avait pas saisi mon bras et je lui avais jeté un regard par dessus le bord du rocher, tout en me protégeant des étincelles tombant autour de nous. Son regard surpris et immobile était fixé juste derrière mon oreille gauche. Je m’étais retourné pour voir ce qui l’empêchait de monter, et n’avais rien vu. Juste les yeux de Nadia agrandis d’horreur et de terreur. A nouveau je m’étais penché vers Maïzen et j’avais compris. Un long morceau de métal émergeait de son dos, le clouant à la paroi…
Me rejetant en arrière, j’avais alors pris Nadia dans mes bras et l’avais serrée contre moi, cachant sa tête contre mon épaule pour l’empêcher de voir la lumière infernale qui luisait à l’extérieur de notre abri. Elle était comme amorphe, ne réalisant plus ce qui se passait. Elle répétait inlassablement « Maïzen, Maïzen, Maïzen… ».
La colonne pourpre était lentement devenue de plus en plus sombre, disparaissant dans la nuit. L’air autour de nous avait une étrange odeur de bois et de chair brûlés. Le calme de la nuit avait peu à peu repris ses droits. Je ne percevais plus que la respiration saccadée de Nadia dans son sommeil, le doux chuchotement des vagues sur le sable, et un ronflement lointain, là-bas au sud. Doucement, la marée montante avait gommé les cratères de sable et emmené les preuves des évènements de la nuit.
Au matin, on était sortis. La plage lisse avait repris son visage d’innocence, semblant nous demander pourquoi nous n’étions pas au village avec les autres. On était remontés jusqu’à la place centrale. Les ruines de nos foyers finissaient de se consumer. Les arbres avaient tous disparu. Les formes méconnaissables des autres du groupe, carbonisées, gisaient ça et là entre les décombres des cabanes. Parfois il ne restait qu’un membre à la peau calcinée, dont émergeait un morceau d’os des chairs noircies. Un peu hagards, main dans la main, on s’était dirigés vers la cabane qui abritait les archives des parents de mon grand-père. Notre mémoire comme on l’appelait. Le toit n’avait par résisté au déluge de feu, et presque tout avait brûlé à l’intérieur. J’y ai juste retrouvé le matériel nécessaire pour vous écrire ces mots, à vous, les futurs enfants de Nadia. Pour que vous sachiez. J’espère que vous serez nombreux à les lire, c’est mon plus cher désir.

Je vous souhaite la vie la plus longue possible,
Nicolas.



J’écris pour moi maintenant. L’accouchement s’est mal passé, l’enfant était trop gros et difforme. Ce n’était ni un garçon ni une fille. Sa tête trop grosse a déchiré le ventre de Nadia en voulant sortir. L’une de ses jambes était à l’envers, fixée à une hanche trop saillante. Il a tué sa mère juste avant de mourir. J’ai enterré le corps de Nadia près de Maïzen avec celui de leur enfant. Je suis seul maintenant. Plus seul qu’aucun être l’a jamais été. La mer était déjà vide de poissons depuis le temps de mon père. Les derniers oiseaux ont disparu des arbres lorsque j’étais enfant. Nos lapins et nos moutons étaient les derniers animaux avec nous. Le seul bruit que j’entends est toujours celui des vagues.
Je vais marcher hors des Limites. Je vais aller mourir dans cette ville dont mon grand-père m’a parlé, la-bas, vers l’est. Je verrai les immeubles.
Je suis le dernier humain sur Terre. Je suis peut-être même le dernier être vivant sur la planète entière. A moins que d’autres groupes aient pu se former ? Mais les parents de mon grand-père disaient que c’était presque impossible. Je suis le dernier habitant du monde. Je suis le propriétaire de la Terre. Je suis le chef de l’univers.

Et je suis seul.