nihil attacks

Le 19/02/2004
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par Tulia, Arkanya
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Thèmes / Débile / Parodies
Fallait vraiment s'y mettre à deux personnes pour prendre un texte au pif sur la Zone (VRP attacks) et remplacer un mot sur huit par 'nihil'... Un gros boulot donc, qui nous permet de rire à nouveau sur des vannes qui ont déjà un an et demi. Vous êtes bien sur Radio Nostalgie bonjour...
La journée au boulot a pas été terrible. Fait pas super beau, normal à Londres, mais ça va encore, tant qu’il tombe pas des grenouilles. Je rentre chez moi, beaucoup de monde sur la route. Ca me tue à chaque coup. C’est ça, si je suis mort, moi Scorbut, c’est bien qu’il y a une raison après tout. J'ai hâte d'arriver enfin à mon hôtel. Toute la chambre à ranger. J’ai le temps maintenant, j’ai plus accès au net.
Je passe le pas de la porte, pose mon attaché-case par terre et une barre à mines sur le lit. Même pas le temps de poser mon presse-purée et on cogne à ma porte (pensée : putain mais qui vient encore me faire chier ??). J'ouvre la porte : un mec sur mon paillasson. Vu la façon dont il avance vers moi pour me parler, avec sa gueule de tafiole et son air de cadavre édenté, je le reconnais tout de suite. Bingo ! C’est ce salaud de nihil !
Si j'avais su à ce moment-là que je ne connaitrai plus la paix...
Il est tout blanc, il pue un peu la charogne (dans le genre rat crevé de la dernière guerre), et une vague de dégoût m'envahit quand il ouvre la bouche pour parler et qu’une vieille remontée de bile s’attarde dans l’air.

"M. Jean-Pierre nihil (jamais été foutu de trouver un déguisement original, ça doit être pathologique chez lui), représentant pour la Zone. Nous vous considérons comme l’un des piliers antédiluviens de notre organisation. Mais savez-vous que nous n’avons pas recensé d’article de votre part depuis le 12 février 2003 ? C'est pas croyable (pensée : qu'est-ce qu'il me veut lui ?). Vous voyez votre gueule ? Un petit coup de tournevis dans le rond autour de la serrure et hop je te démonte la tête (pensée : euh ouais. Mais j'ai quand même une serrure trois points d'ancrage. Je vais rien dire, j'ai pas envie de parlementer), alors si t’es pas gentil et mignon... Viens voir, tous tes voisins du dessus sont coopératifs eux, hein Keyz !"

Il parle assez vite, de manière qu'on ne puisse l'interrompre, mais son ton est toujours très mesuré, et a quelque chose d'apaisant et aussi de glaçant. Il bouge trop et trop vite, il me donne le tournis et m'embrouille, me prends par le bras avec ses long doigts maigres pour m'entraîner dans la folle ronde de l’écriture à outrance. Youpi youpi.

Ce connard commence à s'éloigner et attend que je le suive. Faut que je retourne chercher les clés (pensée : commence à me faire chier lui). Je ressors avec les clés, ferme la porte et on monte les escaliers jusqu'à l'étage au-dessus. Et là, waou, y a plein de gens attachés devant des ordinateurs qui tapent sur leurs claviers comme des écervelés. Cet enfoiré d’esclavagiste commence à m’expliquer sa dernière trouvaille pour que les zonards pondent toujours plus d’articles. Il parle. Parle encore. Je trépigne salement. Il parle toujours. Aaaargh. Je commence à faire comme si j'en avais rien à foutre (pensée : d'ailleurs j'en ai carrément rien à foutre). Il continue de parler. J’aperçois quelques têtes que je reconnais dans les rangées d’auteurs forcés, je leur fais coucou en ignorant complètement le charabia incompréhensible que me débite l’autre con. Ce coup-ci je montre des signes d'impatience très très clairs. Même cet âne et ses yeux fixes devraient pas être capable de les rater. A croire que décidément il est pas finaud le gourou.
Et puis évidemment, il arrive au délicat chapitre de la rédaction-chef. Bonne technique pour vous faire faire tout le travail à leur place ces enfoirés de rédac-chefs à la con (pensée : je les hais).

Il m'entraîne je ne sais où, tout en parlant. Rien à faire, pas moyen de me dégager. Je commence à me sentir un peu mal à l'aise. Je sens des besoins de meurtre s'allumer dans mon regard et inonder ma gorge comme de la salive épaisse et noire.

Un contrat a été signé avec le Diable en personne pour me donner la capacité d’écrire pour La Zone et ce contrat mentionnait que je devais produire un certain quota de textes par mois. Oh mon Dieu oh mon Dieu, que c'est exaltant. Par contre, comme je n’ai pas donné signe de vie depuis 11 mois, il va falloir que je rattrape tout mon retard. Ma machoire tombe et mes yeux sortent de leurs orbites.
Mais, (il se fout son plus beau sourire au milieu de la gueule, enfin si on peut appeler sourire ce rictus qui laisse apparaître plus d’animaux morts que de dents), comme je suis un ami, je dispose d’un délai pour ça. Il sort sa calculatrice de poche pour calculer le nombre d’articles que je dois produire afin d’honorer mon contrat : 4 articles par mois multiplié par 11 mois d’absence, ce qui nous donne 89, chiffre auquel on déduit la CSG et le RDS, ce qui donne 114 plus 8 pour le 13e mois et à nouveau encore 5 pour le 14e mois, ce qui donne environ 56 textes à pondre pour la fin du mois de préférence sinon mon assurance ne couvrira plus les frais. “Pas vraiment surnuméraire” qu’il conclut avec son air de poisson lépreux. Aaaah me voilà tout rassuré (pensée : 56 textes ? Il est fou lui, j'ai une vie à faire moi). Je refais le coup des yeux en lâchant un timide "c'est encore beaucoup trop". Bizarrement, il a l'air de me trouver trop réticent.

Complètement parti dans son délire, il me parle alors des multiples possibilités d’écriture, pendant que j'essaie de m'échapper plus ou moins poliment. Pondre 56 articles, 112 mini-articles. M'en cogne moi du meilleur moyen d’écrire puisque je veux PAS écrire.
Je continue à lui faire une gueule pas spécialement aimable et je lui dis que j'ai autre chose à foutre de ma vie. Alors, il me sort la botte secrète : certains zonards écrivent des textes en commun, blindés de morceaux de phrases complètement aléatoires, deux textes en commun compteront pour un texte tout seul (pensée : WAOU, putain, mais c'est miraculeux !!! J'ai pas que ça à foutre). Puis il continue à m'embrouiller le crâne. Moi : toujours pas l'air convaincu. Il me suggère d'aller voir ça au premier étage (pensée : ouais ben je l'ai déjà vu).
Descente au premier par l'ascenseur. BLABLABLA BLABLA BLABLABLABLA (pensée : putain mais qu'ils sonts lourds ces rédac-chefs de merde. J'ai peur).

Et au premier, rebelote : encore du blabla (pensée : je m'en tape le cul par terre, c'est fou, non ?). Puis on remonte au deuxième, devant ma porte. Je sais plus où j'en suis. Cette vieille fourbasse sort que ça peut être fait très rapidement, un ordinateur est libre rien que pour moi. Ben tiens. J’ai pas envie, J’AI PAS ENVIE !!!
Ce serait bien que je ponde au moins un texte aujourd’hui même parce que là, il est un peu à la dèche. Nan, je peux toujours pas. Là, il s'approche de moi, comme pour me dire un secret : "bon, ça reste entre toi et moi, mais si tu veux, j'ai une idée déjà en tête, je te la refile, il te restera plus qu’à l’écrire, si tu acceptes, je baisse ton nombre d’articles à 40". Là, une idée surgit : "j'ai des trucs à faire, tu peux repasser dans une demi-heure et je te dirai si je suis motivé ou pas". Je commence à songer à m’amputer des doigts.

Pfffffiou, je rentre chez moi et je referme la porte. Je retourne à mon jokari d’appartement. Même pas 30 secondes se sont écoulées et ça refrappe à la porte. Je rouvre. nihil qui me tend un arrêt de mort à mon nom pour que ça soit censé me faire croire qu’il va me buter si je lui ponds pas ses putains de textes. Eheheheheheheh on m'aura pas comme ça, pauvre con. Merci et à toute à l'heure. BLAM je referme la porte dans sa tronche de porc.

Moi : télé, affalage dans le plumard les doigts de pieds en éventail pour regarder une émission consacrée à mon chanteur mort préféré : Mike Brandt. Je mets à fond et je me commande une pizza. Pointe-toi dans une demi-heure, mon gars, c'est ça oui. J'entendrai que dalle.

Et pourtant j'entends. Derrière la voix chaude et sensuelle de mon idôle de toujours, je ressens les coups contre ma porte. Je les ressens vraiment, je les entends pas comme le rythme de ma musique, je les sens comme des vibrations dans le sol. Putain, mais il se passe quoi, là ?

Je me relève, ma part de pizza dans la main gauche et la télécommande dans la droite. Nouveau coup contre la porte d'entrée. Je sursaute, balance la part de pizza et la télécommande dans la gueule de la télé et me rue à la porte pour faire cesser ses conneries à ce con. Il commence vraiment à me gonfler cet abruti et, la musique me montant à la tête, je suis d'une humeur abominable. Je regarde dans l'entrée de la piaule, je m'arrête en remarquant le chambranle à moitié explosé. Qu'est-ce que... Pas le temps de penser plus avant, la porte se rabat brutalement contre le mur, qui en pleure des gravats de papier peint et de poussière. Je hurle.

Le nain des collines apparait dans l'embrasure, ange noir au sourire en piège à loup. Impeccable, pas une goutte de sueur après cet exploit. Putain. Il avance sur moi d'un pas leste et je panique.
- Alors, t’as réfléchi ? demande-t-il de sa voix de mort-vivant en état de décomposition avancée.
Je me barre. Qu'est ce que c'est que ce malade ?
Il me rattrape dans le couloir qui mène au fond de la piaule, marche sur mon Lapinchien de compagnie sans la moindre arrière-pensée. Celui-ci crache du sang par les deux bouts. Me chope par une aile.
- N'oublie pas que tu peux utiliser mon idée pour te remettre dans le bain, me feule-t-il aux oreilles.
Moi je me débats et je comprends plus rien. Mais en plus d'être moche, il a vraiment une tronche à faire peur ce fou furieux, et une haleine qui t’achèverait un ornithorynque. Il me maîtrise comme si je n'étais qu'un paquet de linge sale et cordialement me rappelle :
- C’est quand même pas à n’importe qui que j’accepte de donner mes idées !
Ah ouais ? Prends donc déjà ce coup de genou dans les valseuses, connard ! Je lui échappe, mais lui pas impressionné ou perturbé pour une thune continue sa traque comme si de rien n'était, l'air détendu, son sourire vissé aux lèvres.

Argh. Je suis coincé là, je suis dans la salle de bains, j'ai fermé la porte à clé, mais y a pas vraiment d'issue de secours, hormis une petite fenêtre. Euh... Voilà ce psychopathe qui tabasse la porte en miaulant calmement :
- Si tu m’écris un article aujourd’hui, je te suce même la bite en prime, espèce d’enfoiré de fils de pute !
Pas étonnant qu'il fasse écrire les articles de La Zone par les autres, ce con est carrément trop feignant pour le faire lui-même. La serrure de la salle de bains, c'est pas franchement le genre coffre-fort, elle va lâcher en deux minutes top chrono. Je-suis-dans-la-merdeuh. Bon ce coup-ci : fenêtre. Je suis au deuxième étage, mais y a pas à chier, je vais me prendre pour Bruce Willis et me laisser glisser le long de la gouttière, sinon ce fou va me tordre le cou. Il hurle au travers du mince battant :
- Et je me sens même d'humeur à tout avaler comme une grosse chiennasse ! Tu ne le regretteras pas, pauvre cloche ! Nous allons nous entendre, pas de problème, ne t’inquiète pas !
Mais non, je suis pas inquiet du tout, penses-tu.
Fenêtre ouverte, moi agrippant la gouttière d'une main tremblante en essayant de pas regarder en bas, je vois vraiment pas pourquoi je m'inquièterais.
Allez hop on y va. Au moment où je passe de l'intérieur à l'extérieur, j'entends la porte éclater sous le poids du gourou.
- On peut toujours discuter, voyons !
- Ouais ben tu vas discuter tout seul mon pote...
Il n'est pas de mon avis. Il passe la tête par la fenêtre et me sourit encore. On dirait qu'il sait faire que ça cet enfoiré. Il me fait un signe :
- Coucou !
Je lui renvoie poliment son salut, des douleurs plein les bras. J'essaie de descendre tout doucement, essayant de ne pas songer à l'asphalte noir du parking d'en bas. Je me sens mal là.
- Allons ne fais pas l'enfant, voyons.
- Mais-euh, je veux ma mère de location...
D'une main, sans cesser de me fixer de ses beaux yeux de veau mort, il agrippe la gouttière et secoue. Ce trou de balle de fils de pute est d'une force terrifiante et je sens un genre de tremblement de terre contre mon corps.
Je me mets à glisser à fond la caisse le long de la gouttière. Ah ben non tiens, je glisse plus là, je tombe. Aaaaaah.

Quand je me réveille, j'ai mal partout. Vraiment. Je vois tout en rouge : normal, j'ai du sang qui me dégouline le long de la gueule. Je dois avoir deux trois côtes fracassées, j'arrive à peine à respirer. Mais là où j'ai le plus mal, c'est au cul. Waouh putain, un peu comme si je m'étais cogné un train de marchandises récemment.
Doucement, le son revient dans mes tympans. Et la première chose que j'entends, au milieu des vagues de bruit blanc assourdissant, c'est la douce voix de mon nihil, quelque part dans le coin. Je m'en sortirai jamais, on dirait.
- ... sais que je me mets dans les ennuis auprès de mes lecteurs si je leur donne pas quotidiennement de quoi lire, n'est-ce pas ?
- Non.
Une vague de chaleur m'envahit et je suffoque. Je tourne la tête difficilement et j'aperçois le fou juste derrière moi, gentil et mignon, portant admirablement la combinaison en latex noir avec la cravache à la main. Il a enlevé mon pantalon et déchiré mon calcif. Il me sodomise comme un brutos en continuant à causer comme si de rien n'était. Ouhlà.
- Tu seras satisfait de ton retour sur le site, tu verras. Aucun autre site n'égale le nôtre actuellement, nous sommes les meilleurs sur le net, l’élite. Tu acceptes ma proposition, n'est-ce pas ?
- Non.
Il accélère. Une vague de transpiration m'inonde et se mélange au sang qui commence à sécher sur le bitume. J'en ai marre, je halète, je voudrais que tout s'arrête.
- On peut même imaginer de réduire ton nombre d’articles de retard de quelques lignes, voire de t’octroyer un grouillot qui taperait les textes pour toi, disons Daria elle sert à rien et elle a rien de mieux à foutre, d'accord ?
- Nooon.
Il accélère encore et m'envoie une grande torgnole entre les oreilles. Je sens une main de chaleur agriper mes tripes et ma colonne vertébrale se cambre malgré moi. Argh. Ca vient, ça vient !
- Alors dis-moi maintenant, cette proposition te convient ?
- Oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!
Il éjacule longuement en me cognant la tronche contre l'asphalte. Je vois des étoiles de partout, je comprends plus rien à ce qui m'arrive. Je suis au bord du gouffre.
Puis il se redresse et se réajuste, toujours souriant. Il me regarde longuement.
- On dit donc un texte basé sur mon idée et tapé par Daria d’ici ce soir ?
- Je le savais bien que je me ferais enculer un jour ou l’autre pour écrire sur ce site de merde…

La prochaine fois, je prévois la tête de missile nucléaire.