Crise de foi : Zonisse aigue

Le 27/02/2004
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par Vitriol
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Ce texte revient à sa vraie place, sur la Zone. Vitriol, ce vieux de la vieille qui a déjà traîné vaguement sur le site il y longtemps, fait du pur Vitriol : super bien écrit, incisif et bien marrant, ceux qui connaissent le gars reconnaitront, sinon c'est à découvrir d'urgence. Vivement la suite.
Les apparences étaient pourtant de mon côté : costume gris, cravate noire, sourire carnassier et regard en épervier, j’avais tous les dehors et atours du gendre idéal d’un banquier en fin de carrière.
C’était compter sans son arrivée. Elle : femme (estimation déductive opérée à partir des bijoux clinquants qui pendaient d’elle), fourrure brune, sac à main en pseudo croco violet, front altier sur lequel la charge des questions ne devait pas trop avoir pesé pendant 55 printemps.

Accompagnée du mâle de l’espèce, très reconnaissable lui aussi, bien qu’il soit nettement moins coloré. Cette espèce merveilleuse, qui foisonne dans les contrées josaciennes, s’apprêtait, comme les lemmings à l’approche de l’hiver, à entreprendre une grande et périlleuse migration : s’en aller vers Versailles en RER…

C’est alors que la crise existentielle s’est produite. Oui, car les composteurs étant en panne, c’est toute l’épopée de notre couple qui s’en trouvait compromise :

Elle (la voix pleine d’effroi et de consternation mêlés) : « Charles, où pensez vous que nous puissions oblitérer nos tickets ? »

Et là, tournant tragique. L’influence d’une Zone oubliée de mon cerveau, que je pensais bien incapable d’un tel réflexe : « Dans ton cul » (Notez l’absence de recours au DTCS…)

Choquée, haletante, c’est un tremblement de terre : la faille de San Andrea de sa belle éducation qui vient de s’ouvrir.

« - Pardon jeune homme ? »

Sommé de répéter, je m’exécute, devant le regard incrédule et terrifié de mes deux nouveaux amis.

S’ensuivit, après moult étouffement et reprise de souffle, un long couplet sur les valeurs morales et le respect. Conciliant, j’ai fini par lui dire que pour guérir, j’étais prêt à tout et qu’en signe de pénitence, de rémission et de droiture d’esprit, j’avais décidé de voter Sarkozy aux prochaines Présidentielles.

Phrase conclusive de la Belle :

« Je pense qu’avec des spécimens comme vous, il nous faudra plus que Sarkozy… » Départ sur un air entendu, front haut : victorieuse.

« Plus que Sarkozy… » J’avoue que j’ai un peu peur de ce qu’elle mettait là derrière. Hum, gazé ? Poinçonné dans son postérieur au sceau de la morale qu’on y trouve ?


On fait quand même de jolies rencontres sur le quai…