Le tunnel

Le 30/03/2004
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par Kirunaa
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Thèmes / Obscur / Triste
Un texte sombre, calme et onirique qui ne vaut que si on le lit juste avant l'article 'hors du tunnel'.
Tout était triste, noir, et sans intérêt. Avançant dans la pénombre il ne se posait même pas la question de savoir ce qu’il faisait là. Derrière lui, son passé était terne, flou et insaisissable.
Autour de lui le présent était comme un immense tunnel, que l’on suit sans réfléchir. Une main le long de chaque cloison, il suivait le chemin déjà tracé. Il ne voyait pas où il allait mais il avançait sans peur. Il savait parfaitement ou menait ce chemin d’obscurité : nulle part. Parfois une paroi disparaissait sous l’une de ses mains. Il se trouvait à un embranchement et choisissait invariablement le chemin de gauche. Pourquoi toujours à gauche ? Pourquoi pas. Que pouvait-il donc lui arriver ? Tourner en rond ? Et alors ? De toute manière dans les ténèbres tout chemin se valait. Il lui semblait de temps en temps entendre des voix. Elles appelaient. Parfois avec insistance, souvent tendrement, toujours désespérément. Il ne comprenait pas ce qu’elles disaient, il ne savait pas à qui elles s’adressaient. A lui ? Peut être. Mais qu’étaient elles ? Il n’avait d’autre souvenir que l’obscurité, le tunnel, et une notion de lui-même qui s’échappait en lambeaux de conscience.
Une fois il avait perçu un point, loin devant lui, d’une luminosité aveuglante. Du point filtrait une musique douce, un chant qui l’attirait irrésistiblement. Il n’avait pas accéléré l’allure, il n’avait pas éloigné ses mains des parois. Il avait seulement marché vers le point. Calmement. Il savait qu’il avait tout le temps d’y parvenir. C’est alors que les voix l’avaient fait douté. La seule fois. La peur, le désespoir, l’angoisse, l’insistance et l’urgence qu’elles laissaient transparaître l’avaient forcé à se retourner. Loin dans sa mémoire quelque chose avait remué et il avait froncé les sourcils. Ses mains avaient quitté les parois et il avait fait un pas, comme pour revenir et rejoindre les voix. Son cœur s’était gonflé d’espoir et d’amour. « Je t’aime aussi », s’était il écrié. Le son de sa voix dans le silence ouaté avait fait éclater comme une bulle l’effluve de mémoire qui s'était soudain volatilisée. Il s’était retourné de nouveau, avait tendu les mains de part et d’autre jusqu’à sentir sous ses doigts la présence naturelle des parois. Il avait fermé les yeux, essayant de rattraper une dernière fois la lueur de souvenir. Elle s’échappait en vapeur insaisissable à chaque fois qu’il pensait enfin l’effleurer.
Le point lumineux avait disparu. Il avait pris une inspiration qu’il avait laisser ensuite échapper, résolu. Il avait repris sa marche.
Une main le long de chaque cloison il suivait le chemin déjà tracé. Parfois la paroi disparaissait sous l’une de ses mains. Il se trouvait à un embranchement et choisissait invariablement le chemin de gauche.