Les feux de l'amour

Le 14/04/2004
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par Arkanya
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Thèmes / Polémique / 2004
Deux jours après le 10 Avril, il ne reste plus grand-chose de la Zone, et c'est dans ces décombres fumants que s'aventure Arka, pour y dégommer les derniers survivants. Un article qui tente de faire la démonstration qu'en citant le plus grand nombre de votants potentiels dans le texte, et en leur offrant quelques private-jokes, on a plus de chances de gagner... A voir.
Mieux vaut tard que jamais comme on dit hein, et ouais. Le 10 avril 2004, pour je ne sais quelle raison, mon cerveau a zappé l’événement, et c’est seulement à 17 heures, en recevant d’outre-tombe un coup de fil d’Ocus, que je me suis souvenue de la fête rituelle zonarde. Me frappant violemment le front, je m’écriai “Ciel ! La Saint Con” et sautai dans mon jean. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’étais dans le train vers Zonard’Land.
Ma première victime ne fut guère compliquée à débusquer, elle était encore à la porte, cherchant désespérément une percée dans l’enceinte de barbelés et hurlant des mots incohérents à la ronde. Le temps de gratouiller une allumette et Herpès nous disait au revoir dans un “floush”.
- Quelle grosse conne, pensai-je en soulevant le pot de fleur sous le porche et en y prenant la clé.
- Bonjour, fit une voix dans la pénombre.
Merde, l’hôtesse d’accueil. Le temps de dégainer, Aka partit en fumée, l’éclat de son sourire Email Diamant persistant un instant dans l’air. La phase d’approche était largement avancée, je pouvais considérer que ma mission était en bonne voie. Un coup d’œil circulaire pour évaluer la scène, et je me lançais dans la bataille.
Une fois dans les décombres et les gravats de la Zone, j’avançai prudemment, le lance-flamme dans une main, le Zippo dans l’autre, à l’affût du moindre son. Au détour d’un tas de cendres moisi qui fut peut-être Gwen au vu de l’odeur de meringue rose fondue, je distinguai les crépitements d'un feu de bois. J’avançai à pas feutrés, attentive au moindre caillou qui eut pu trahir ma présence, et avançai vers l’endroit d’où des voix et des éclats de rires fusaient. Un bûcher de fortune avait été monté à la va-vite, sur lequel Ric qui faisait office de sorcière des temps modernes lançait des psaumes païens à la lune. Tout autour du feu de joie, l’on retrouvait assis en tailleur Petit Prince, Super Pétasse, Bizontin, Panoramix et autres Tentés qui fêtaient leur Saint Con en faisant tourner un bang qui fleurait bon les herbes de Provence.
Sans un bruit, je m’approchais du troupeau qui était déjà trop défoncé pour comprendre quoi que ce soit quand je les arrosai copieusement d’essence. Il n’y eut plus qu’à laisser cette conne de Daria mettre sa main au feu pour que la guirlande s’illumine et que tous ces corps se fondent en un amas de chair bouillonnante.
Il faisait bien chaud décidément, mais ma mission n’était pas terminée.
En m’enfonçant un peu plus profond sur les terres de la Zone, j’entendis soudain des voix d’enfants derrière un muret d’agglos. En m’approchant, les gloussements me faisaient néanmoins de moins en moins penser à ceux de mioches… C’était Pouf, Monsieur Maurice et Daria qui jouaient au docteur comme des abrutis, tout heureux qu’on les ait oubliés... Le petit coup de lance-flamme me fit limite mal au cœur… Presque trop facile…

Tous les points de suspension de mon article ne tardèrent pas à attirer Gawhell. Il fut facile de la piéger en passant derrière elle, et son éternel torticolis l’empêcha d’esquiver l’allumette qui vit se ficher dans sa minerve. Elle périt dignement, en poussant de petits gémissements de cochon d’Inde… (derniers points pour la route…)
Près du parc d’attraction désaffecté, en train de jouer à la marelle, Maltchik, Petit Bouc, Daria et Joke Jester attendaient tranquillement que le dieu de la braise vienne les faucher. Vassago y passa aussi, après tout ce sale con avec sa manie de rester à côté des enfants pour leur faire des crocs en jambe n’avait qu’à pas être là.
Plus loin, Tulia, Bouc, Morg et Hashman s’ébattaient dans leur piscine en capsule toute neuve et Daria les regardait. Dans la mesure où ils l’avaient remplie d’huile de vidange, il ne fut pas compliqué non plus de les avoir.

Ma mission arrivait à son terme, il ne me restait plus que quelques mètres jusqu’au boss de fin. En plein milieu du terrain dévasté et apocalyptique se dressait un bâtiment encore plus gris et sale que les autres. Je m’approchais de l’entrée, quand un cerbère aux dents acérées… Ah non, c’est rien, c’est Lapinchien ! “floush !” Un Hot-Lapindog ! (…)
La voix libre, je pénétrai dans un couloir étroit au fond duquel brillait une lumière pâle. J’avançai prudemment, sachant qu’on apprend pas à un vieux gourou à faire des grimaces. Il était assis dans un large fauteuil, jouant avec une poupée à qui il manquait les yeux et les bras.
- Je t’attendais, dit-il.
- Ouais c’est bon arrête ton char ducon, me la joue pas genre je-sais-tout, ça marche pas avec moi.
Il ne se laissa pas démonter par le Zippo allumé que je brandissais.
- Bon dis donc grosse conne, tu me parles sur un autre ton tu veux ? Déjà je suis désolé pour toi, mais tu as perdu, la règle précise bien qu’il ne faut brûler qu’un et un seul con.
J’éclatai d’un rire sonore.
- Mais je sais bien grand chef ! J’ai tiré au sort mon con de cette année, j’avais pas d’idée précise, et devine sur qui je suis tombée.
- J’aime pas les devinettes.
- Putain mais essaye !
- Jean-Pierre Chevènement ?
Soupir…
- Non ! Sur Zone Inc. ! Alors je brûle l’esprit de la Zone, c’est lui mon con.
Il sourit faiblement.
- Et tu crois vraiment que je m’attendais pas à ce que l’un d’entre vous vienne me chercher ? Mon corps entier est recouvert d’un onguent que m’a fourni un moine Shao Ling, qui empêche la mort de passer, une sorte de bouclier anti-mourant si tu préfères.
Je regardais notre webmaster trafiquant d’organes, comme à son habitude très sûr de lui, se délecter à l’idée qu’il était intouchable.
- Eh nihil ! Y’a un truc que t’as oublié, dis-je en approchant le Zippo de mes fringues.
Elles s’embrasèrent en un souffle. A travers les ondulations de l’air bouillant, je vis les yeux du chef s’agrandir de surprise comme sa peau fondait au rythme de la mienne. J’eus juste le temps d’hurler :
- On est tous des voix dans ta tête, on est tous toi…

Cette année, j’ai brûlé la Zone…