Nevrotica 10

Le 04/06/2004
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par Tulia
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Rubriques / Nevrotica
Et vlan, Tulia en rebalance une couche (si ça fait pas mal c'est qu'on tape pas assez fort) avec un Nevrotica qui raconte toujours la même chose, mais la répétition est le principe à la fois d'une rubrique et d'une névrose... Tentative d'auto-analyse compulsive et questionnement permanent mêlés de sensations maladives... Dans la moyenne des Nevrotica.
Je t’ai ardemment désirée pendant si longtemps et voilà que maintenant tu m’étouffes… Je t’ai moi-même construite, petit à petit, au fil des ans, pièce par pièce mais dès le départ les fondations étaient bancales. Chacun des évènements que j’ai subi m’a permis de te renforcer à certains endroits stratégiques mais à force de rajouter du ciment un peu partout, tu as fini par devenir trop solide à certains endroits et trop fragile à d’autres. Tu me protèges désormais trop bien de l’extérieur mais pas assez de l’intérieur…
Je suis parcourue de frissons. Pourtant il ne fait pas froid… Faut que je pète un câble mais ça veut pas sortir. Faut que je cogne, que je casse quelque chose, que j’extériorise !!! Je caresse délicatement la peau de mon bras du bout du doigt. C’est agréable. Putain j’ai envie de déchiqueter tout ça à grands coups de lame de rasoir !!! Je suis en train de m’asphyxier… Sortez de ma tronche bordel, SORTEZ-TOUS !!!!!!!!!
Y a beaucoup trop de monde là-dedans, j’arrive même plus à m’y retrouver… Pendant qu’une voix me dit blanc, une autre me dit noir et quand l’une me suggère de foncer pour suivre mes instincts, une autre me dit de faire gaffe et de toujours me protéger. C’est pénible à la longue de toujours être à la fois en accord et en désaccord avec soi-même, surtout quand toutes ces voix hurlent en même temps.
Je voudrais tant pouvoir être enfin seule avec moi-même… J’ai tellement peur. Pourquoi tout ce qui m’entoure est toujours brutal ? Pourquoi y a t’il autant de haine et de violence en moi ? Pourquoi est-ce que je ne parviens même pas à hurler ? Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que je m’inflige ça ?

Que faire ? Que penser ? Que dire ? Tout et rien à la fois… Infoutue de prendre une quelconque décision sans passer des heures interminables à y réfléchir… à me torturer devrais-je dire. Mesurer une à une toutes les conséquences que mes actes ou mes paroles pourraient entraîner. Ne jamais entrevoir de véritable solution. Putain mais je pourrais pas en avoir tout simplement rien à foutre comme tout le monde ? A force de toujours attendre que je me décide, je finis immanquablement par passer à côté de tout ce que je pourrais faire et au lieu de ramasser mes dents après coup, je passe mon temps à ruminer toute seule. Quelle logique de merde…
Je suis à la fois mon martyr et mon bourreau. J’adore me faire souffrir et c’est justement pour ça que je me hais.

C’est comme si j’entendais un tambour. On dirait qu’il bat au même rythme que mon cœur, comme si ma pression sanguine venait cogner brutalement contre mes tympans. Et ça s’accélère petit à petit…

J’ai l’impression que je me suis complètement renfermée sur moi-même. Comme si le reste du monde n’avait plus la moindre importance… Je vis désormais dans mon petit monde imaginaire. Je l’ai modelé selon mes goûts et j’y cohabite seulement avec les gens que j’ai choisi, redéfinissant leur personnalité si j’en ressens le besoin… Je m’y sens bien… Même si je sais parfaitement que tout cela n’est qu’une illusion… J’y retrouve tout ce qui me rassure et m’apaise.
Un peu comme une seconde vie que je mène depuis mon enfance… Et que je refaçonne au fur et à mesure que je vieillis… Mais je n’y suis pas vraiment la même personne que dans la réalité. Parfois j’ai peur de ne plus savoir qui je suis réellement, celle qui existe ou celle qui le croit seulement ? La personnalité imaginaire ne serait-elle que l’expression du fantasme inassouvi de la personnalité réelle ? A moins que ma personnalité imaginaire soit en fait ma véritable personnalité et que ce que je montre réellement ne soit qu’un artifice pour ne pas dévoiler qui je suis au fond de moi-même afin de me protéger…
Des questions… Toujours des questions… Pourtant les pièces du puzzle se placent, une à une, il en manque encore beaucoup mais je commence à pouvoir deviner ce qu’il représente. Et petit à petit, je comprends…

Par moments, je me sens complètement vidée. Plus le courage ni la force pour faire quoi que ce soit. Sauf de penser… pour finir immanquablement par me reprocher de n’être qu’une larve, d’être incapable de communiquer mes émotions et mes sentiments, de ne jamais faire ce qu’il faut pour que ma condition ne change, de passer mon temps à me morfondre toute seule dans mon coin…

Et je tourne sur moi-même… Encore et encore… De plus en plus vite… Combien de temps ça va encore durer avant que j’explose ?