La voix divine : le Messie

Le 13/06/2004
-
par Bobby-Joe
-
Rubriques / La voix divine
Première partie de la rubrique de Bobby-Joe, c'est l'histoire d'un gars tout ce qu'il y a de plus classique qui s'énerve à cause d'un licenciement, et qui fait pas semblant... Ce qui lui vaut de découvrir ce qui peut arriver à ceux qui refusent la normalité et choisissent la rébellion, on va dire ça comme ça. Brutal, speed, choquant et trop court, c'est un super bon texte qui sera completé par quelques add-ons dans la suite de la rubrique.
Fut un temps, mes collègues de bureau auraient - au cas où on les y aurait invités - parlé de moi comme d’une personne calme, un peu froide dans ses propos car distante et distante car solitaire, mais relativement sympathique et ouverte à l’esprit d'équipe.
Ils auraient sûrement cité quelques traits de ce fameux esprit d'équipe en ma faveur les ayant marqués ; tel que mon habitude à ramener quelques croissants fraîchement sortis du four pour l’ensemble de mon service; ma disponibilité aux différents problèmes personnels qu’ils pourraient rencontrer dans le cadre du travail ; mon ouverture d’esprit qui leur permettait d’avoir, souvent, le droit à ma participation aux différentes pratiques de détente dans les bureaux (occasionnel apéro en fin de journée, correspondance avec l’ensemble de l’entreprise par email (notamment le forum Intranet ou je n’hésitais pas à exprimer un avis toujours pertinent), style vestimentaire toujours agréable et suivant de peu la mode, etc...) ; mon professionnalisme et mes nombreuses compétences informatiques qui leurs permettaient de se sentir en confiance à l’usage de mes services.
S’ils se sont avoué surpris par mon licenciement, ils avouèrent l’être bien plus encore par mes actes dus à ce licenciement.
Lorsqu’on me découvrit dans le bureau du responsable des ressources humaines, il fallut trois hommes pour m’empêcher d’arracher, en plus du coeur et de quelques côtes, les différents boyaux de leur patron. On ne retrouva la langue du responsable que lorsqu’on m’obligea à ouvrir la bouche. Le trajet jusqu’à un poste de police fut relativement brutal, je reçus deux coups de matraque en pleines côtes avant d’avoir la peau marquée par une crosse de revolver. Les phrases de ces pédés de flics furent teintées d’une haine vibrante envers moi et mes gestes. Les questions des psychiatres tentaient de percer le fond de mes pensées les plus noires en s’immisçant dans mes sentiments, ma vie et ma culture. Je fus attaché, roué de coups au niveau des testicules, violé à plusieurs reprise par cette bande de débiles mentaux au physique horrible qui peuplait l’ensemble d’immeubles qui formaient un centre spécialisé. Mon procès, marqué par mes insultes constantes contre la direction de mon ancienne putain d’entreprise, fut longuement médiatisé, me permettant de savourer, encore un peu, la liberté civile. J’en profitais pour sauter quelques putes de temps à autres grâce à l’aide d’un docteur, intéressé par les films amateurs et qui usait de sa position pour arrondir ses fins de mois sur Internet. L’arrivée dans un quartier de haute sécurité au nord de la France m’est difficile à détailler tant l’absorption de tranquillisants y est intense. Ces enculés d’infirmiers-gardiens m’en fourraient plein la gueule autant qu’il leur était possible.
    Pendant près de trente ans je fus abruti par ces petites pilules vertes et blanches, les coups et vices des gardiens, la folie d’un directeur paranoïaque et catholique, l’affreuse méchanceté des débiles qui déambulent entre les murs de cette prison... J’y suis encore en acceptant les brimades de cet ensemble de merdes et les encouragements d’une société de victimes. JE NE SUIS PAS FOU, la vie est ce qu’elle est, j’ai été la honteuse proie d’un système d’enculés qui ne pensent qu’à baiser les femmes et les enfants. J’ai prouvé mon indépendance par le rejet du conditionnement effectué par l'état indubitablement mâle. Ces connards qui nous gouvernent se payent des putes pour évacuer le surplus de conneries qui flotte dans leurs crânes mais ils font l’objet de dérogations particulières quant au financement de leur vie publique. JE VOUS BUTERAI TOUS pour prouver au monde que la pensée vraie est protégée contre toute justice qui ne s’inscrit pas dans ses rangs. Je ne suis qu’un ange dont le verbe est la parole d’un Dieu unique, créateur de l’humanité et de la vie. Mon corps est son marteau et votre sang son jugement, je vous punis pour vos agissements blasphématoires. JE VAIS TOUS VOUS CREVER !!! MORT ! MORT ! MORT ! La folie est vôtre ! La Mission Divine qui m’a été confiée sera honorée par vos corps éclatés, je boufferai vos tripes et pisserai dans vos crânes !!! Je violerai vos enfants pour les initier aux plaisirs d’une vie respectueuse ! La fin de cette civilisation doit se produire de mes mains et apparaître dans la terre rougie par votre sang ! Le Dieu qui est nôtre nous donne une chance miraculeuse de plus pour accomplir ses voeux !!! Je tuerai pour vous Seigneur !!!

Extrait d’un entretiet avec Paul Furtier, enregistré par son psychiatre le 26/05/2022 au Centre de Haute Sécurité Psychiatrique de Lille et retranscrit dans “Et Dieu créa les fous” de ce même psychiatre, le docteur Arnold Voons (2024, Savoir-Lire)