Rêve : la cathédrale de chair

Le 16/06/2004
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par Narak
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Dossiers / Rêve
Narak plante d'abord un décor hivernal et immobile, plein de beauté froide. Puis l'environnement change peu à peu, série de tableaux sinistres en mouvement dans lequel le narrateur évolue sans qu'on sache trop pourquoi. Ca ressemble fort à un rêve, comme c'est actuellement la mode sur la Zone. Les défauts : c'est carrément trop grandiloquent et trop gore dans certaines scènes pour être inquiétant, et y a de temps en temps de l'abus sur le champ lexical baudelairien moyen, mais dans l'ensemble l'idée est intéressante et pas mal traitée.
Je marchais dans la neige, sur un chemin bordé d’arbres.Cet endroit ne m’était pas inconnu.il faisait nuit, l’air était glacé mais il n’y avait pas de vent.Tout était immobile et silencieux, il n’y avait aucune preuve d’une présence autre que la mienne, aucune trace de vie, mis à part les empreintes qui me précédait, semblables aux miennes…
La piste serpentait entre les arbres noirs.Je la distinguait à grand peine sous les feuillages aux travers desquels seule la lune s’infiltrait.
Quelque chose me poussait à avancer, m’empêchant de faire demi tour, j’en avait pourtant tellement envie.Autour de moi, le paysage devenait de plus en plus familier et de plus en plus inquietant.L’atmosphère devenait moite.Je baissais les yeux. La neige immaculée et luisante qui jusqu’alors recouvrait le sentier était maintenant maculée d’écarlate.Je continuait cependant, mes pieds nus et glacés foulants les flaques sanglantes au sol.
Une ombre immense me recouvrit, je relevais la tête.La masse démesurée d’un étrange édifice me surplombait.C’était une cathédrale. D’une hauteur terrifiante et colossale, elle s’élevait face à moi, plus noire que les nuages que son clocher transperçait.Ses portes, d'une taille telle qu’aucun homme ne pourrai jamais les ouvrir, semblaient faites d'obsidienne.
Qui avait pu construire ceci ?
Soudain, dans un énorme rugissement, les portes s’écartèrent d’elles-mêmes.J’hésitait, mais ne pus m’empêcher d’entrer.
A l’intérieur, il faisait sombre et effroyablement chaud.Une odeur de charnier, humide et insidieuse régnait en ces lieux, tellement puissante quelle me prit à la gorge.L’obscurité résonnait d’une mélopée geignarde.Comme des choeurs.
Lorsque mes yeux se furent habitués au noir, je ne pu distinguer que trop clairement se qui m’entourait…
Tout se qui se trouvait en ces murs était vivant ou l’avait été. Le sol sur lequel je me trouvais était littéralement vivant. Il réagissait au moindre mouvement, se dilatant ou se contractant tel un muscle gigantesque. De petites veines palpitaient à sa surface, charriant un sang épais, sous mes pieds. D’épaisses stalagmites formées de monceaux d’os, ou des cadavres humains monstrueusement déformés étaient empalés ; servaient de piliers à cette horreur d’architecture liquide.Des foetus pendaient du plafond,au bout de leurs cordons ombilicaux suintants d'une bile noirâtre et brûlante. Des crânes, aux yeux et muscles encore intacts formaient les murs. Ils me regardaient lorsque je passais devant eux.J'entendais leurs langues claquer contre leurs palais déformés. La plainte douloureuse qu’ils émettaient se répercutait en écho jusqu’à la voute de cette monstrueuse nef vivante.
Mon dieu!
Immobile, je contemplais ces choses, sans comprendre,sans même réagir. Hypnotisé par cette structure grouillante de vie, de mort.Suitant la folie par tous les pores, par tous les orifices de ses monstrueuses vissicitudes.
malgré cela,je me surpris à trouver une certaine esthétique à toutes ces créations sans noms, elles révélaient un génie fonctionnel que jamais je n’aurai cru réalisable. Un sadisme inhumain, sauvage, incontrôlable...
Magnifique.
Et au milieu, un bassin de cartilages sculptés, contenant une mer de viscère en mouvement.
Voilà ce qui m’avait attiré ici.Je ressentait encore la puissance de l’appel. Il m'attirait encore. Je me penchais au dessus de ce sphincter bouillonnant, duquel jaillissait un torrent d’images et d’émotions. A cet instant, ma vie entière défilait devant mes yeux larmoyants.J’eu soudain l’envie de vomir, je basculais dans le bassin, en proie au vertige.C'était chaud et acceuillant, comme le ventre d'une mère. Une dernière image provenant du fond du bassin d’entrailles : moi, sur une route, dans une lumière éblouissante. Un danger qui se rapproche, une mort imminente.
Une soudaine douleur dans ma tête. Je fermais les yeux.
Il y eu un coup de tonnerre…

Je me réveillais sur un lit d’hôpital, dans une chambre vide et mal éclairée. Le silence...
Je contemplais le plafond un long instant. Que c’était il passé ?
Avais-je imaginé tout ceci ? Je me levai, habillé d’une blouse comme celle que l’on donne aux malades dans les cliniques et les hôpitaux. Pourtant, je n’étais pas malade ?
La porte de ma chambre était ouverte, je sortis.
Les couloirs étaient éclairés par des néons fluorescents qui projetaient une lumière bleutée agressive. Une odeur de formol planait ici. Le bruit de mes pieds nus se répercutait contre les murs froids.Ma respiration s'accélèra. J'avais peur,il fallait fuir. Je me mis à courir dans les couloirs déserts,comme un fou.
Oui !
Je ne pouvais qu’être fou.Oh oui ! C’était la seule explication ! Fou à lier ! Totalement !
J’ignorais l’ascenseur pour emprunter l’escalier. La sortie était là !
Dehors, la nuit, la lune... Je traversais la rue.
J'eu à peine le temps de la voir. Une lumière vive,un crissement de pneu,puis le choc.Violent mais sans douleur.Je me suis recroquevillé.

Ensuite ; le noir…

Je marche dans la neige, sur un chemin bordé d’arbres. Cet endroit ne m’est pas inconnu. il fait nuit, l’air est glacé mais il n’y a pas de vent.Tout est immobile et silencieux, il n’y a aucune preuve d’une présence autre que la mienne, aucune trace de vie, mis à part les empreintes qui me précèdent, semblables aux miennes…