Home sweet home

Le 12/07/2004
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par Herpès
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Thèmes / Obscur / Nouvelles noires
C'est sur une note d'humour lamentable que débute ce chef d'oeuvre pourri. Un mec qui se traîne sous la pluie jusqu'à tomber sur un hôtel isolé, on peut pas faire plus classique, manquerait plus qu'il cherche un raccourci que jamais il ne trouvera... Mais comme d'hab Herpès fait dévier le truc grâce à son style agréable (bien que dépourvu de personnalité) et change ce début Hitchockien en espèce de conte gothique assez inutile à part quelques passages jouissifs.
« Putain mais quel temps de chiotte, faut vraiment que je me trouve une piole où passer la nuit sinon je vais finir plus dilué que Monsieur Propre !!! »
Ca fait plus de deux heures que je traîne dans ce trou perdu de la Meuse et pas une place de disponible, nulle part, à cause de je ne sais quel séminaire dans le coin. C’est pas possible : tous les hôtels sont complets. Marre de marcher sous la pluie. Mon imper est détrempé et je ne sens plus mes pieds. Il ne me reste plus une seule adresse quand tout à coup j’aperçois une lueur dans le pénombre : une petite lanterne accrochée au dessus d’une porte me signale un B&B : Au perroquet qui dort. Ne faisant ni une ni deux je rentre. En ouvrant la porte une douce chaleur se répand autour de moi et m’entoure, exerçant comme une attraction sur moi. Je m’essuie les pieds sur un charmant petit paillasson, pend mon trench au porte-manteau et m’approche du comptoir en bois vernis. Une remarquable sérénité règne en ce lieu et je m’y sens tout de suite comme chez moi. Un coup d’œil à ma droite confirme cette impression avec le doux crépitement d’un feu dans la cheminée et un chien étendu sur le tapis qui fait un petit somme. Des petits pas de souris dans l’escalier et je vois apparaître une bonne petite grand-mère de contes de fées avec les joues rouges et une jolie permanente. Elle m’accueille d’une voix douce et me demande combien de temps je compte rester : « ba.. au moins le temps que cette satané pluie s’arrête ma bonne dame ». Elle me demande de signer son livre d’or (« je tiens à garder une trace d’un aussi charmant jeune homme que vous ») et me tend la clé de ma chambre, la numéro 6.

Harassé de fatigue, je suis la petite dame qui me conduit au premier, me sort des draps propres, fait mon lit et m’invite à aller me doucher. Au sortir de la douche, je me délecte du repas fumant qui m’attend sur le lit. Un rapide brossage de dents et je me coule entre les couvertures et me laisse guider vers les bras de Morphée…….

Réveil en sursaut, un cri vient de déchirer le silence. Je bloque ma respiration saccadée pour mieux écouter : rien, absolument rien. Je me lève pour aller chercher un verre d’eau mais je peine à trouver la cuisine. Au détour d’un couloir, je tombe sur une porte. Impossible de l’ouvrir. En y collant mon oreille, je peux percevoir des raclements comme si quelqu’un tanner du cuir. Rugissement sourd de l’autre coté du panneau. Montée d’angoisse. Je décide d’aller à l’accueil signer ce fameux livre d’or et en profiter pour me détendre. J’écris un petit mot gentil et je me met en quête de lire les autres commentaires. Partout des mots de garçons de mon âge avec la date d’arrivée mais jamais de date de départ. Je tourne quelques pages plus en avant et remarque que cette anomalie se répercute dans le temps. Pourtant les clés des autres chambres sont suspendues au mur. Ba, ça doit être une erreur, juste une erreur. Je me traîne jusqu'au salon et me pose dans un fauteuil. Le chien est toujours là et dort paisiblement. Ma main se pose distraitement sur sa tête. Froid, il est froid, je retire ma main prestement et l’observe plus attentivement. La lumière se réfléchit dans ses yeux comme dans du verre…Mais c’est du verre !!! : ce chien est juste empaillé. Je comprend mieux qu’il n’ait pas réclamé sa pâté depuis tout à l’heure !!! Bon n’empêche que l’atmosphère qui règne ici ne me dit rien qui vaille, tout est beaucoup trop calme, je n’aime pas ça.
Je me retourne afin de remonter dans mon lit quand je me retrouve nez à nez avec la petite vieille. Son regard à complètement changé, et avant que j’ai eu le temps de faire le moindre geste, elle me plante une aiguille dans l’épaule et déverse son contenu dans mon muscle. « Voilà qui devrait vous rendre plus conciliant, suivez moi à l’étage mon cher petit monsieur ».
Je ne puis résister, mes pieds me conduisent malgré moi vers la porte de tout à l’heure qu’elle déverrouille à l’aide d’une grosse clé qu’elle vient de sortir de sa poche. L’entrée dans le musée des horreurs. Partout autour de moi des hommes, nus, dans diverses postures. Et toujours ce silence. Rien ne bouge. Et soudain ça une étincelle dans mon cerveau déjà embrumé. Ils sont tous empaillés. Alors que je m ‘écroule par terre je l’aperçois entrain de vider les viscères d’un homme étalé sur une table tout en faisant une fellation à son membre qui reste indéniablement et éternellement mou. J’essaie de ramper vers la porte mais je suis comme paralysé. Mes bras sont engourdis et mes jambes ne répondent plus. Et j’entend au dessus de moi une petite voix douce qui me susurre « Oh quelle jolie pièce pour ma collection, il me manquait justement un blond », et toujours le raclement de la lame de rasoir contre la peau, puis le trou noir…