L'Autre - Introduction

Le 27/07/2004
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par Aka
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Rubriques / L'Autre
Cette introduction du texte 'l'Autre' se contente de mettre quelques repères en place pour la suite et ne peut pas vraiment se lire tout seul. Ca plante le décor, une séance de spiritisme entre potes.
En quelque lieu que se trouvent deux ou trois personnes assemblées en mon nom, je m’y trouve au milieu d’elles. (Saint Matthieu ch.XVIII, v. 20)
4h00 du matin. Des fous rires nerveux ou des sanglots étouffés perturbaient parfois le silence de la pièce. La conclusion qu’on pouvait en tirer, c’est que rien ne s’était passé comme prévu. Ou plutôt si : ça dépendait des points de vue en fait.
4h00 du matin. La fin d’une séance de spiritisme entre amis. L’apothéose d’une semaine de vacances bien arrosée. Que faire d’autres en pleine cambrousse lorsque la totalité des activités ont été épuisées ? Tout était réuni. Une vieille maison, un maître de séance, des crédules, des initiés, des sceptiques, l’alcool, l’ennui…
Et maintenant, ils en étaient où ? Tous le nez dans leurs souliers à ne pas pouvoir se regarder en face. Tous à remettre de l’ordre dans leurs cerveaux. Assimiler ce qu’ils avaient vu. Faire rentrer ces nouveaux faits dans leurs croyances personnelles, chacun à sa manière. Oui c’était ça : bien tout ranger dans de petites cases, ne pas laisser la raison fuir et ne surtout pas tout remettre en question. Pas maintenant.
« Putain ça c’était de la montée d’adrénaline ! Bon il y a quelqu’un qui va chercher la vodka pendant que je roule un pèt’ ? »
Sarah releva la tête vers Fred avec un sourire entendu. Elle le remerciait intérieurement d’avoir rompu le silence qui commençait à devenir pesant. Personne ne voulait perdre la face et ils s’affairèrent donc tous en même temps à préparer leur défonce. La fourmilière était à nouveau en marche. Les langues s’étaient déliées. Chacun y allait de son anecdote, comme si quelques minutes avant il avait été seul dans la pièce. Seul face à ces quelques heures. Le ton était surexcité, ça sentait la nuit blanche et la gueule de bois à plein nez.
Eux deux ne bougèrent pas. Ils se dévisageaient. Pas un mot mais tout passait par le regard.
Puis il se leva, alla lui passer la main dans les cheveux et murmura « joli travail miss » avant de rejoindre les autres dans la cuisine.
Elle se replongea aussitôt dans la contemplation de ses mains. Joli travail… Ca dépendait vraiment des points de vue.