Lendemain de cuite

Le 04/09/2004
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par Kirunaa
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Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Comment se fait-il que sur la Zone on ait jamais eu de texte sur la gueule de bois avant aujourd'hui ? C'est vrai quoi, la déchéance, le revers de la médaille, l'auto-destruction qui fait rigoler, c'est des créneaux zonards ça non ? Un texte qui rappelle de superbes souvenirs de haut-le-coeurs, de sifflements dans les oreilles et de points noirs devant les yeux. Totalement sans intérêt, et c'est ça qui est bon.
Une sonnerie qui s’intensifie… un portable, c’est la sonnerie d’un portable. Suraigüe, crissante, ridicule et désagréable. Qui peut bien avoir une sonnerie aussi conne ? … Ouais, bon, d’accord, ça doit être la mienne.
Je suis dans le noir, bien au chaud, profondément endormie et je suis bien. Quoique… en y réfléchissant, je suis pas si bien en fait. Je pense que je commence à me réveiller. Tout est gris… bon, j’ouvre un œil.
AIE ! Blanc ! Trop blanc ! Aoch ! Mon crâne !
Bon, donc ça doit être un pseudo matin. Je risque un œil pour tenter de voir ou je suis… ça ressemble pas à chez moi. Merde. Où j’étais déjà hier soir ?
Ma pensée se retrouve interrompue par une autre, beaucoup plus terre à terre et urgente. Faut que j’aille gerber. Tout de suite.
Je me lève en repoussant la couette qui forme un tas un peu trop haut pour être seule sur le lit. J’éclaircirai ça plus tard. Je traverse la chambre - en fait c’est la mienne, mais passablement saccagée - et me dirige vers la porte de la salle de bain. La cuvette, salvatrice, m’accueille dans ses bras de porcelaine - en d’autres mots, je m’écroule la tête dedans. Mon estomac se tord bizarrement dans mon ventre et je sens que je ne vais que moyennement apprécier les minutes à venir…

Calme. Je ferme les yeux, appuyée le dos contre le carrelage frais du bord de la baignoire. J’ai toujours mal au ventre mais au moins il est vide. Ma tête tourne, est pleine de brouillard et me lance. Bien, je connais ça, c’est juste une gueule de bois. Une putain de bordel de merde de bonne de gueule de bois. Aïe.
Je respire profondément et essaye de rassembler un peu mes souvenirs. On est quoi aujourd’hui ?
Je pense que je vais essayer de voir ce qui traîne dans mon lit, ça m’aidera peut être. Je me lève - douuuuucement - et retourne dans la chambre. Une jambe poilue et tatouée d’un de ses minables tatoos tribaux tous semblables émerge de sous la couette. C’est donc un homme. Je m’en doutais mais j’espérais me tromper. Je m’approche du lit et soulève la couette. Beau cul, j’aurai pu faire pire. Il dort la tête écrasée en biais dans l’oreiller, la bouche grande ouverte. (Note pour plus tard : penser à laver les draps).
Je donne un coup de pied dans la jambe.
« Aller, tu dégages »
Grognement, nouveau coup de pied.
« Tu dégages j’ai dit ! » J’avise un tas qui devrait être ses vêtements. Je le ramasse - ça pue la sueur - et le lui lance à la tête. « Dehors j’ai dit ! T’es simple d’esprit ou quoi ? »
Merde, avec ma veine ça se pourrait.
L’homme grogne de plus belle, se retourne, plisse le front de douleur. Lui aussi doit en tenir une bonne. « T’es qui toi ?»
« Ca te regarde pas, dégage. »
« Tu me parle autrement, salope. »
« Je te parle comme je veux, petite bite » - ça je sais que ça blesse à chaque fois.
« Je t’emmerde, connasse ! C’est pas se que tu disais hier soir ! » - touché.
« Je m’en souviens pas d’hier soir, donc ça a certainement pas été si bien que ça. Tu ranges ton ego et tu dégages de chez moi.
Il enfile tant bien que mal son jean’s et son t-shirt, se lève, enfile ses chaussures et me jette un regard mauvais. « Pauvre fille, en plus t’es moche. »
« C’est pas ça qui t’à dérangé que je sache »
Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, puis se ravise. Et s’éloigne vers la porte qui s’ouvre… et claque. Coulé.
Je soupire. Journée de merde qui s’annonce. Notre Aspirine qui êtes dans le placard, que votre cachet soit avalé, que votre actif agisse, donnez nous maintenant le soulagement de votre molécule, soulagez nos douleurs comme nous soulageons rien du tout, et ne nous laissez pas crever comme des bêtes, mais délivrez nous de la migraine, amen.
Re-portable. Je le trouve entre deux coussins du sofa et décroche.
« Allo ? »
« Ah ! Vous êtes là ! Vous avez vu l’heure qu’il est ? »
« Heu… je… » merde, ma chef, quelle heure il est ?
« Ca commence à bien faire vos pannes de réveil, je vous veux dans mon bureau dans trente minutes. » clic
Et merde. Ca sent l’échec critique à plein nez là. Des fois, j’en ai marre des journées loose…