Le fossoyeur

Le 06/09/2004
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par Anonyme
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Thèmes / Débile / Disjoncte
L'histoire de ce texte n'est pas claire, El Defoncer l'aurait reçu d'une amie qui elle-même l'aurait reçu de on ne sait qui... Mais le texte est zonard et n'est pas paru ailleurs sur le net, donc... En fait quand je dis zonard, c'est sans doute un texte qui pourrait concurrir pour la palme de texte le plus gerbant de tous les temps. Ca abîme un peu au passage l'histoire qui aurait pu être intéressante, mais c'est jouissif. En plus c'est franchement bien écrit, ce qui ne gâche rien. A lire.
Pascal travaille depuis deux mois au cimetière.
Il ne sait pas encore en quoi exactement consiste son travail. Entretien des plantes, des allées, creusement des tombes… Il ne pensait qu’à cela lorsqu’il s’est engagé. Il ne pensait pas au reste. Mais aujourd’hui, le reste, il va le connaître.
Nous sommes le 11 janvier 1966. Il est dix heures du matin. Il attend, dans le froid, au bord de la vingt-sixième division. Le conservateur le rejoint, et lui désigne une tombe : « c’est celle-là ! ». Son regard parcourt la pierre tombale : A la mémoire Dime Sophie Degrès-Lefras, décédée le 26 Novembre 1960.
Cinq ans ! Cinq ans que le cadavre est là, dessous, dans un état encore inconnu. « Reprise de concession » : personne n’a renouvelé la concession le corps va donc être exhumé ce matin et la place sera cédée à une autre famille.

Les deux hommes se mettent au travail. Pioche en main, ils creusent avec peine le sol congelé. De temps à autres, ils s’arrêtent pour reprendre des forces et se réchauffer les mains. Puis ils reprennent le travail. La terre est à présent plus tendre, la croûte durcie par le froid a été entièrement traversée.

Vers la fin de la matinée, ils ont presque atteint leur but. Un coup de pioche plus fort que les autres découvre une vielle planche pourrie : le cercueil ! Pascal appréhende depuis longtemps ce moment : aujourd’hui, il va voir la mort de près. Il se baisse, et gratte à l’aide d’une petite pelle la terre qui recouvre le cercueil.

Le conservateur le regarde, et lui dit :
- Vas-y ! Ouvre !
- Moi ?
- Ben oui, il faut bien que tu apprennes ton métier ! Moi, ça ne m’apportera plus rien, des comme ça, j’en ai fait des dizaines !
- Comment j’ouvre ?
- A la pioche ; on va enlever le dessus d’abord ; ensuite on enlèvera le cadavre et on pourra facilement sortir le reste du cercueil.
Pascal prit la pioche à deux mains, la leva et la rabaissa puissamment sur le bord du cercueil. Le métal s’enfonça aisément dans le bois pourri ; il se servit de l’outil comme d’un levier, et tira jusqu’à ce que la planche céda.
Il redonna quelques derniers coups sur le contour du couvercle. Celui-ci était à présent entièrement détaché. Il n’osait pas le retirer.
- Vas-y ! Soulève-le
Pascal se baissa, tremblant. Il saisit la planche à deux mains, puis tira un coup sec. Le couvercle vint d’une pièce.
Il regarda dans le cercueil : le corps était entièrement emballé dans un grand plastique noir. Le conservateur s’approcha :
- Merde ! Ils l’ont mise dans une housse en plastique !
- Quel est le problème ?
- Ben, la housse est étanche et non biodégradable : le corps doit baigner dans son jus !
Pascal regarda ce sac, écoeuré par la pensée de son contenu ; le conservateur et lui saisirent la housse et redressèrent le corps. Pascal recula sous le poids du fardeau ; il buta sur une pierre qui se trouvait derrière lui, perdant l’équilibre. Il tomba à la renverse.
Le sac, en équilibre instable, s’effondra sur lui en se déchirant ; le contenu visqueux s’épancha sur le ventre et les jambes de Pascal, l’engluant d’une bouillie visqueuse et nauséabonde.Pascal hurla ; il sortit précipitamment de la tombe et se regarda : son abdomen et ses jambes étaient couvertes d’un jus noir sirupeux, qui exhalait une odeur pire que tout ce qu’il avait pu imaginer jusqu’alors. Du just de mort ! De la pourriture humaine, a l’état liquide… Il ne vomit pas ; il retira ses vêtements puis alla se laver et se changer. au chaud.
Le conservateur vint le réconforter puis ils se remirent à l’ouvrage : il fallait maintenant ranger le corps.

A proximité du cimetière se trouvait une carrière à laquelle on accédait par un puits à échelle. Un autre puits, non muni d’échelons, servait à jeter les corps. Ils posèrent le cadavre dans une brouette qu’ils apportèrent jusqu’au puits. Le conservateur retira la grille qui fermait ce puits en maintenant une aération suffisante. Puis ils vidèrent la brouette dans l’orifice. Ils descendirent ensuite dans la carrière afin de ranger le corps.

Ce corps qu’ils retrouvèrent s’était dépecé à l’intérieur du sac. Ils le transportèrent tant bien que mal jusqu’au charnier.
Pascal regarda l’empilement d’ossements et de débris humains : certains crânes portaient encore des cheveux, et même parfois de yeux demi séchés. Il avait déjà vu les catacombes de Denfert-Rochereau, là où les ossements séchés étaient soigneusement empilés. Mais là, les ossements n’étaient pas nus ; à la chair pourrie s’ajoutaient des lambeaux de vêtements, des cheveux, des objets personnels.
Il regarda cet amas morbide avec dégoût, mais aussi avec une certaine… fascination ; fascination, c’était bien le mot qui caractérisait son attitude lorsqu’il regardait ce must de l’horreur. Il était écoeuré par tant de macabre, mais il n’arrivait pas à détacher son regard de toutes ces atrocités.
Le conservateur avait ouvert le sac ; il commençait à transporter les débris morceau par morceau :
- Le bras droit, on le met là Tiens, aide moi à transporter les reste, on va essayer de ne pas tout détacher.
Ils saisirent le corps, mais lorsqu’ils le soulevèrent la tête se détacha et s’écrasa mollement sur le sol. Ils jetèrent le corps sur le tas, puis revinrent ramasser la tête.
- Ça va ? questionna le conservateur.
- Oui oui ; maintenant, ça va mieux.
- Tu verras ; la première fois, c’est infect ; après on s’y fait ; il y en a même qui y prennent goût.
Pascal hocha la tête. Il regarda l’amoncellement funéraire le plus longtemps possible, puis rejoignit le conservateur à la sortie du puits.

Le soir, il ne parvint pas à trouver le sommeil. Il ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il avait vu. Jamais il n’aurait soupçonné qu’une telle chose puisse exister. Jamais!

Il se leva, s’habilla, puis partit prendre l’air. Au cours de sa promenade il passa devant le mur du cimetière. C’était tentant Il avait la clé sur lui ; il rentra, prit une lampe dans le bureau puis descendit dans la carrière, prenant bien soin de refermer la trappe derrière lui. Il alla retrouver les cadavres.
Cette fois ci, il n’avait pas de gants : il effleura du bout des doigts la tête de la femme qui était posée là. Il appuya légèrement ; son doigt s’enfonçait dans la chair molle, glissant sur l’os. Il regarda son doigt couvert de chair putréfiée : cela l ‘excitait ! Il porta, tremblant, son doigt à ses narines, humant l’odeur abominable ; puis il le porta lentement à ses
lèvres, sortit timidement la langue, et goûta. C’était infect, mais tellement excitant. Désirant ne reculer devant rien, il ferma les yeux et introduisit tout son doigt dans la bouche. Il suça la couche gluante qui le recouvrait. Il avait réussi ! Réussi à faire reculer toutes les limites de l ‘immonde.
Il regarda de nouveau la tête, s’en approcha puis l’embrassa sur ce qu’il restait de lèvres. Il serra les mâchoires entre ses doigts afin d’écarter les deux maxillaires et de faire pénétrer sa langue dans cette bouche putride. Il l’embrassa ainsi à pleine langue, jusqu’à ce que le palais et la langue de la morte, entièrement détachés de l’os, lui remplirent la bouche. Il mâchonna le morceau de viande puis l’avala.
Il retrouva le tronc, le remit à terre. Il se déshabilla entièrement, s’allongea sur la dépouille. Il la viola avec une violence inouïe. A chaque mouvement de va et vient, il détachait encore davantage les articulations de sa victime, il étrangla le morceau de cou qui restait, arracha les cervicales avec les mains. Ils saisit le bras restant, l’arracha sauvagement ; il porta la main sous son ventre, creusa avec les ongles dans l’abdomen qui creva dans un bruit humide. Il fouillait, de sa main droite, dans les tripes suintantes de jus marron dont il se recouvrait le visage.

Après l’acte, son excitation ne laissait même pas la place au dégoût, mais à une véritable folie qui s’emparait de lui. Il se mit à arracher délibérément tout ce qui dépassait du tas de cadavres. Puis il retira un crâne et profita du trou créé dans le tas pour y enfouir sa tête. Il s’enfonça tel un ver, dans l’amoncellement collant. Il avait pu pénétrer entièrement sous le tas, noyant son corps nu dans la masse boueuse.

Il désirait à présent les rejoindre, conscient du fait qu’il était allé trop loin dans sa folie pour pouvoir un jour revenir en arrière et retrouver une vie saine. Il ouvrit la bouche en continuant à avancer, respirant péniblement. Ses dents se heurtèrent à une échine qui se fragmenta facilement. Il détacha, comme un charognard, un morceau : une vertèbre, qui se désolidarisa de la colonne et des côtes. Il la rogna de façon à pouvoir l’introduire entièrement dans sa bouche. Puis il l’avala, s’étranglant irrémédiablement. Il mourût étouffé, laissant entrevoir deux pieds qui dépassaient d’un tas de corps mal rangés. Comme il aurait aimé être mutilé, dépecé, violé et mangé à son tour !

A vous qui travestissez la mort pour en faire un thème de tracts,
voyez ce que c’est...

Texte anonyme trouvé dans les catacombes de Paris XIVeme