Nevrotica 11

Le 24/09/2004
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par Tulia
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Rubriques / Nevrotica
Un Nevrotica plus décousu que la moyenne, les passages n'ont plus de rapport entre eux, c'est juste des bouts de pensées agglomérées. Ca quitte peu à peu les territoires psychotiques pour se tourner vers de la pure dépression. On retrouve ce mélange de mélancolie apathique et de désespoir qu'on ressent tous un jour ou l'autre. C'est moins impressionnant mais plus euh... convivial. Ouais convivial c'est bien.
Toxique. Tout est toxique. La crasse m’entoure et la puanteur m’inonde, je suis souillée à tout jamais. Tout ce qui émane de moi est malsain et corrosif, mon existence même est une offense pour l’ordre naturel des choses, je suis viscéralement nocive.
- Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
- Je sais pas, j’arrive plus à me résoudre à faire autrement, c’est plus fort que moi…
- Et ça te sert à quoi concrètement ?
- A me protéger je pense.
- Te protéger de quoi ?
- Des autres.
- Et tu remarques même pas que pendant que tu te protèges des autres, ça laisse une grande faille pour que ton pire ennemi puisse t’attaquer ?
- Moi-même ?
- Evidemment… qui d’autre ?
- Je sais mais au moins lorsque c’est moi, je contrôle encore ce qui se passe.
- T’en es vraiment sûre ?
- …

Je sais plus quoi faire… ni quoi penser… Je m’empêche de faire tout ce dont j’ai envie. J’arrive même pas à le contrôler en plus. Je crois que j’ai peur de me sentir bien, ne serait-ce qu’un instant. J’ai du trop bien comprendre que la souffrance me rattraperait toujours quoi qu’il arrive. Moins je serai heureuse et moins je souffrirai. Ainsi je me condamne à me torturer moi-même pour finir par ne plus ressentir la moindre émotion. Mon cœur est vide et froid, ça fait mal.
Je crois que ce coup-ci j’ai définitivement perdu mon âme…

Elle a peur, ça s’entend dans sa voix. Pauvre créature effrayée qui perd la raison petit à petit. Les émotions se succèdent à toute vitesse et s’entrechoquent. Instant de doute. Non y a vraiment plus aucune logique dans tout ça. Une envie de hurler remonte du plus profond de ses tripes mais reste irrémédiablement bloquée derrière les lèvres, sentiment d’être perdue dans un monde qui lui échappe. Comment savoir ce qu’il faut faire quand toutes ces voix parlent en même temps ? Sa souffrance est trop belle pour qu’elle y mette un terme. Elle voudrait être capable de se coudre les lèvres, n’avoir même jamais eu de bouche. Non.
Et moi je l’observe. Tout le temps. Elle le sait mais elle m’ignore. C’est plus facile pour elle de feindre l’indifférence que de m’observer lui renvoyer l’image de sa folie. Et puis ça me procure tellement de plaisir de l’épier en train de s’enliser ainsi, j’aime trop la voir se complaire dans sa névrose pour pouvoir envisager de l’aider à s’en sortir.
Elle finira par s’asphixier, je le sais. Elle aussi le sait au fond d’elle-même mais elle préfère se voiler la face.

Quand plus rien ne me motive, la dernière force sur laquelle je peux toujours compter c’est la haine. Elle ne me quitte jamais. Elle me permet de ne pas oublier afin de ne plus refaire les mêmes erreurs que dans le passé. Le pardon, à quelque niveau que ce soit, est une hérésie. Je ne pardonnerai plus rien ni personne et surtout pas moi-même !

Des cendres… Il ne reste plus que ça de mon innocence et de mes désillusions. Tout a fini par crâmer et je suis condamnée pour toujours à ne plus voir que cette réalité qui m’étouffe. Je n’aurai plus jamais la moindre conviction car je sais désormais qu’elle finira par être détruite, je ne me battrai plus pour aucune cause car elle n’en vaudra pas la peine, je ne construirai plus rien car ce sera chimérique. Je me contenterai simplement de subir en attendant la fin.
Et des cadavres… Ils n’existent pas mais je les imagine, je suis leur meurtirère imaginaire et ça me procure un plaisir extatique… La seule vérité universelle c’est la mort !