Nevrotica 12

Le 27/11/2004
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par Tulia
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Rubriques / Nevrotica
Le sentiment mis en avant aujourd'hui, c'est la méfiance vis-à-vis des autres et le besoin de protection, d'où un style un peu enfantin. Ca veut monter en puissance, mais l'intensité est tuée dans l'oeuf par l'inutilité flagrante de toute forme de rébellion et on sombre dans deux-mille questions embrouillées. Ca semble réaliste, mais d'un point de vue littéraire on sait plus sur quel pied danser.
Ça commence comme une petite chanson douce et froide. Ça donne envie de se recroqueviller sur soi-même, comme pour se rassurer et se protéger.
Seule… Je suis seule. Et c’est comme ça que je me sens le mieux… Que je me contrôle… Que je suis libre.
Je reste sans bouger, les yeux dans le vague, mes pensées se perdent dans une multitude de détails coincés entre de grandes interrogations existentielles. Tout est flou, je n’y suis pas vraiment attentive. Alors je me laisse tout doucement bercer par la musique jusqu’à ce qu’elle me pénètre complètement. Les pensées parasites s’effacent peu à peu et je me recroqueville encore pour mieux savourer cet instant de calme et de triste sérénité.
J’ai construit mon abri contre les invasions du monde extérieur dans lequel je peux me réfugier à volonté. J’aime m’y enfermer en secret quand je me sens en danger.
Seule… Je suis seule avec moi-même. Et je trouve ça tellement rassurant de me croire ainsi immunisée de la perfidie des autres.

Ce monde sans âme dans lequel mes congénères évoluent et se complaisent m’effraye. Comme s’il avait été façonné pour qu’il y ait de la place pour tout le monde sauf quelques uns. Et j’ai beau chercher, je ne trouve pas la mienne. Alors je continue de chercher, sans relâche, mais tous les chemins sont sans issue, me forçant à faire constamment demi-tour pour en essayer d’autres…
Il n’y a pas le moindre point de répère et quand je me rends compte que je tourne en rond, je sombre dans la folie. J’essaye de me rappeler mais tout est confus, comme si mes souvenirs n’avaient jamais existé et qu’ils n’étaient que pure fabulation de mon esprit qui tenterait de les oublier. Par gêne ? Par honte ? Par peur ? Je ne sais pas… Je m’effondre… Et je crie… Mais il n’y a pas âme qui vive pour m’entendre.
Seule… Je suis seule perdue dans cet immense labyrinthe. Et il n’y a rien ni personne pour m’aider à en sortir.

Puis la chanson s’accélère pour devenir enivrante et angoissante à la fois. Je sens l’excitation malsaine monter en moi pour remplir tout mon corps d’un souffle destructeur. Le sang bout dans mes veines qui tressaillent de façon de plus en plus perceptible sous ma peau affolée. Je crois que je ne vais plus pouvoir résister encore bien longtemps à ce puissant besoin soudain de laisser mon esprit voyager dans ses propres tréfonds obscurs et torturés. Je vais perdre toute connection avec la réalité…
Mais quelle réalité après tout ? Ça n’a sûrement pas d’importance. D’ailleurs, pour moi ça n’en a pas la moindre actuellement. Ma raison est morte, seul mon instinct subsiste. Un instinct noir, violent, chaotique, animal…
Seule… Je suis seule pour affronter ma bestialité. Et mes pulsions agressives me fascinent autant qu’elles me terrifient.

Je suis assaillie par mes obsessions qui sont parvenues à se frayer un chemin pour revenir hanter mon esprit. Elle me hurlent de les assouvir toutes en même temps. J’ai beau résister de toutes mes forces, elles finiront par me faire céder. Si je continue de les combattre, elles me videront et m’écraseront, je suis trop faible et trop soumise pour pouvoir lutter. Il n’y a pas d’alternative, mon agonie sera lente mais brutale.
La rage qui m’habite finit par m’aveugler. Elle me pousse à tout vouloir détruire. Je risque à tout moment de me perdre définitivement mais jusqu’à présent ma conscience a toujours réussi à se cacher dans un coin sombre pour ne refaire surface qu’une fois la tempête passée et constater les dégâts. Va-t’elle un jour finir par avoir la décence de m’achever ?
Seule… Je suis seule à l’intérieur de mon corps. Et je suis même pas capable de me défendre contre moi-même… Torture perverse dont je ne peux résolument pas me passer…