Vu à la télé

Le 23/12/2004
-
par Aka
-
Dossiers / Noël de merde
Noël commence à taper sur les nerfs de tout le monde. Par exemple, Aka qui vient de subir les assauts des bien-pensants traditionnalistes dans un débat sur les fêtes. Le texte s'en prend moins à Noël qu'à la manière qu'ont les gens de débattre, de mettre en avant leurs convictions, de se remettre ou non en question... Le combat entre la norme et la marge n'est pas près de s'éteindre.
Je viens de voir un débat des plus pénibles qui avait pour thème « le père Noël est-il une ordure ? ».
On y voyait des défenseurs de traditions faisant l’apologie des retrouvailles familiales contre des personnes pour qui cette fête ne signifie rien.
Bon, déjà, on sait tout de suite qui sont les méchants. Maïté, seule invité VIP de l’émission, et qui est quand même une référence dans notre bonne culture franchouillarde, est du côté des pro Noël. De leur côté, on y parle évidemment de magie, de famille, d’enfant, de jolies décorations. Bon ok ça se tient. C’est qu’une question d’éducation hein. Inutile de vous dire que tous les invités de ce côté là du plateau étaient issus de familles nombreuses, que la plupart avait plus de 50 ans et que surtout, une majorité était catholique pratiquante. Mais soit.
De l’autre côté, on ne passe pas à côté des stéréotypes non plus. Un jeune homme, réplique de Nicola Sirkis en plus jeune, à tendance home. Un soixante huitard sur le retour, vulgaire à souhait, limite clodo ou alcoolo. Et une femme, la cinquantaine hystérique, représentante des mauvaises manières. Soit.

Comme toute bonne téléspectatrice, je choisis mon camp. Il va y avoir deux ou trois arguments d’échangés, j’aurai eu le temps de finir mon assiette et tout le monde sera content.

Euh bah non en fait.

C’est une vraie mise à mort. Non mais c’est vrai quoi, comment ces connards ont osé remettre en cause les sacro-saintes fêtes de fin d’année !
Bon là on a droit à tout ce qui est possible et imaginable pour faire pleurer dans les chaumières : les oranges dans les sabots, la messe de minuit, la symbiose de la famille… Ceux d’en face ne ressentent pas ça ? C’est que leur famille n’est pas normale. Je vous jure, ça a été dit ça : pas normal. C’est d’ailleurs le moment où j’ai arrêté de manger. Coupé l’appétit.
Alors la cinquantenaire essaye d’argumenter au mieux. Elle explique que il n’y a pas que Noël pour fêter la famille, il y a 364 autres jours dans l’année. Elle parle de l’hypocrisie familiale, des engueulades systématiques (Non, mais on t’a déjà dis que toi c’est parce que ta famille n’est pas normale, alors ferme ta gueule !). Le clodo essaye de faire comprendre que ça n’est plus, à notre époque, qu’une arnaque de plus à la consommation (Consommation ? Mais t’es qu’un putain de frustré avec ton RMI de merde avec lequel tu ne peux même pas te payer la pipe du week-end !). Le jeune indochinien essaye d’expliquer qu’il y a un décalage de génération et que les choses évoluent, les traditions ne sont plus les mêmes (Putain on y croit pas, c’est une veille tante qui vient nous parler de traditions !)…

Là j’éteins. Ces personne n’argumentent pas : elles se justifient. Elles doivent se justifier face à la masse bien pensante. Parce que il y a des choses auxquelles on ne touche pas. Parce qu’il y a des choses qui sont bien et d’autres qui sont mal. Parce que il y a des choses qu’on n’a pas envie d’entendre (« Comment ça le père Noël a été créé par Coca Cola ? »).

Les gens aiment bien les rebelles, du moment qu’ils ne touchent pas leurs ultimes convictions.
Les gens aiment bien qu’on s’intéresse à eux et à ce qu’ils font, du moment que c’est pour encenser et non pour critiquer.    
Les gens sont plein de principes, de valeurs, de pensées manichéennes dont ils ne veulent pas se débarrasser parce que c’est tellement plus simple que de se remettre en question.

J'emmerde les traditions. J’emmerde Noël. J’emmerde la famille. J’emmerde les bonnes manières.

Je vous emmerde.