Samedi soir

Le 05/01/2005
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par Anthrax
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Thèmes / Obscur / Litanie
La nouvelle auteuse, Anthrax, cultive l'incongru, le surréaliste et le fumeux. En l'occurrence, ça me laisse assez froid, mais tous les goûts sont dans la nature... Encore qui fume trop du Thiéfaine...
Fragments d’étoiles plantés en plein cœur ! Éclaboussures violettes sur la mâchoire noire d’un ciel d’orage.
En bas, sur la Terre, des vanités suspicieuses traînent leurs arêtes décolorées et les mantes religieuses encapuchonnées rodent sur les places désertes, à l’heure où les rats comptent leur monnaie. Quelques montures élégantes paradent encore dans les rues animées, où des clowns à tête de mort agitent leur bâton crécelle.
La nuit a éclaté comme un vase sur les carreaux du crépuscule, une plaie qui n’a fait que s’élargir, tandis qu'un bûcher s’est éteint au-dessus des toits glissants.
Dans les mansardes poussiéreuses, les crétins patientent et les vers de sable guettent leurs étoiles-mères. Bientôt, les nuées nocturnes viendront s’abattre sur les comptoirs étincelants pour se noyer haut et court à des alcools de potence.
Un tas de chiffon s’avance, titubant, voûté et plein de vermine. Il se met à clamer d’une voix hargneuse à tous ceux qui ne veulent pas entendre :

« - Croyez-moi, restez chez vous, l’heure est aux anomalies !
Les Marie couche-toi là sont de sortie, et les vipères qui glissent entre leurs jambes ont des crocs effilés, hé, hé…
Les Carabosses font la noce sur le palier de Charon, et il est question d’un bain de minuit dans les eaux glacées du Styx ! Ho, ho, et demain, que restera-t’il de la fête ?
Quelques lambeaux de lune à la pointe d’un canif, des vallées de larmes à ensevelir sous des restes de fatigue ?
Encore un vase brisé, lui aussi, sur les dents d’un morveux qui n’en avait pas encore ? Il l’aura bien mérité celui-là, à naître au milieu des fous et des gravats ! Un ange dégringolé de sa litière, leur premier souffle une fois sur deux, c’est le dernier de la mère, comme je vous le dis !
C’est comme ça ici : la vie, la mort et les poches vides !
C’est pour ça que ces satanés tambours peuvent vous rendre fous, que le feu peut vous traverser le corps et vous ficher un poteau-mitan dans l’anus ! Alors, ne restez pas là je vous dis, rentrez chez vous, laissez place aux anomalies ! Laissez place aux anomalies, anomalies nomalies, nomalies… »

-    Ses yeux !!! Ses yeux !!!

-    Quoi, quels yeux ??? T’es fou ou quoi ? Allez ne reste pas là, rentre donc boire un coup !