Héritage

Le 11/01/2005
-
par Narak
-
Thèmes / Obscur / Propagande nihiliste
Ca tourne au sérieux du coté de Narak avec ce mini-article désespéré et rageur, aussi grandiloquent qu'une Bible du Néant. Le monde n'a plus le moindre avenir et l'apocalypse, moins brutale que prévu, se met déjà en place autour de nous. Crasseux, sombre et un peu surjoué, ça tape quand même bien dur. Puissant.
Bienvenue à toi, mon enfant.
Bienvenue dans cet immense monde agonisant aux teintes sépia.
Soit le bienvenu entre les merdes et les flaques d’urine, car là est ta place. En bas, à genou dans les gaz d’échappements aussi brûlants que les regards sont froids.
Regarde ton monde depuis le caniveau. De là ou nous sommes on pourrait le croire aussi vivant que le mendiant d’en face, fredonnant une chanson entre ses lèvres entrouvertes.
Mais regarde mieux.
Observe les mouches grouillantes derrière ses dents. Ce sont elles qui chantent pour son cadavre, la douce mélopée de notre fin.
Regarde nous !
Regarde nous crever le visage plaqué sur l’asphalte de nos autoroutes hurlantes.
Regarde les puissants évangéliser le monde à grands coups de croix vrombissantes dans les cieux noirs, pendant que les fous dansent L’Armaggedon sur les parvis en ruines. Regarde les enfants jouer dans d'immenses égouts à ciel ouvert. Regarde les chiens galeux aux côtes saillantes, qui rongent les carcasses de leur progéniture.
Ecoute les femmes hurler sous les coups et les hommes pleurer à l’écart. Ecoute les pourrir dans des draps de soie, sous leur tombeau de cellophane acheté moitié prix.
Respire les vents irradiés de tonnes de plutonium, déferlant sur toi, seul, au milieu de l’averse torrentielle et acide.
Les cendres grises d’un millier de soleils embrasant l’humanité, s’infiltrants entre tes paupières, dans ta gorge, dans tes poumons...

Sens les poings fermés, les larmes, la fumée acre et l’eau saumâtre ruisseler sur ton corps.
La vie sera dure et après tu crèveras, comme tu est né, pleurant dans toutes tes secrétions, recroquevillé sur le sol, dans une flaque de peur.
Le paradoxe du serpent qui se dévore tellement la queue qu'il mord sa propre tête. Encore un coup de machoire...Encore un.
Voici ton cadeau mon fils. Une existence éphémère et une agonie collective.

Ne ferme pas les yeux, tu es déjà mort.

Bienvenue...Et au revoir...