La chambre noire

Le 06/02/2005
-
par Anthrax
-
Thèmes / Obscur / Litanie
Anthrax sait faire autre chose que de la merde. D'habitude sa poésie en prose est totalement pourrie. Là faut reconnaitre que ça tape pas mal, les images sont pas toutes intéressantes, mais certaines passent bien et l'ensemble se lit très bien.
La nuit est couchée sur son flanc, le museau tout barbouillé de suie. La terre, imbibée du sang des muets, lui sert de lit. La lune suspendue à un fil, tremble d'un rayonnement glacial.
Quelques étoiles écartelées offrent leurs lambeaux aux mendiants sidéraux, qui marchent sans répit, sur les contours des ténèbres.
La musique des nerfs parcourt les boyaux souterrains, un souffle vénéneux se répand sur le silence. Le monde est doucement écrasé entre des piliers de glace, et la poussière meurt de ne plus être éclairée…
Le buvard des illusions se dissout dans les veines de l'humanité, qui s'agite et se tord dans ses derniers soubresauts.
Un enfant s'est pendu au cou de sa mère, sa langue gonflée et bleuie cherche le sein que les hommes ont tranché.
Une chienne blessée cherche ses petits dans un dédale de corps abandonnés, tous les meurtriers sont morts, il ne reste plus rien!
Les rats sont partis se cacher dans les entrailles de la terre, plus rien à dévorer... La lune, écœurée, se balance au-dessus du vaste charnier, elle rougit de honte avant de sombrer au plus profond de l'obscurité.
Le silence à son tour se retire, un rideau tombe à ses pieds.
Seul demeure un océan d'encre indélébile, déchiré par un sceau de lumière innommable et incompréhensible.