Sinistrose

Le 09/03/2005
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par Anthrax
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Thèmes / Obscur / Litanie
On a toujours un peu de mal à suivre Anthrax dans ses raisonnements et ses textes dans leur progression, mais celui-là tient debout grace à son style ravagé et son ambiance de mélancolie apocalyptique. Y a pas mal de tournures qui font grincer des dents et y a un coté trop sautillant dans le rythme, mais les images passent pas mal et l'ambiance est désespérée à souhait.
Sinistrose. Temps gris humide qui colle à ce pays d'ennui, atmosphère d'automne précoce. Viennent les doutes, le flou, les peurs irrationnelles.
Je commence à trouver ce lieu insupportable !
Sensation de gaspillage. Errer sans jamais trouver ma place. Les autres me renvoient une image dans laquelle je ne me reconnais pas…
Je ne sais plus où j’en suis !
Mon penchant pour l'alcool n'est pas un vice, c'est un plongeon tête la première, à la poursuite d’une joie inaccessible ! Hélas, les réveils sont mauvais, je ne le sais que trop bien, ils me remplissent de dégoût...
A trop chercher l'amour des autres, je finis par tenter de le prendre de force, désespérément, tout en sachant que c'est perdu d'avance.
Autant faire un pacte avec la haine pour qu'elle m’ enfonce à jamais !
Grisaille. Absence de couleur. Couverture sale jetée à la face du monde.
Gouffre de larmes, tourbillons aveuglants, tripes lacérées ! Galops brûlants qui martèlent les tempes, coursiers fantômes surgis du néant, étendards de malheur, sursauts et ricanements !
Il y a des créatures immondes qui s'agitent dans la boue, un cauchemar dans lequel on ne peut même pas hurler. Des éclaboussures épaisses qui dégoulinent sur les cœurs, âcres, noires, fétides.
Cavernes et trous à rats, sans paillasse, sans lumière, des barreaux imprimés, code-barre...
Quelque chose qui nous tire par les pieds, bras invisibles qui nous entraînent du côté des mourants, de la vermine et du suintant, dans la sale gueule d'une folie pas remboursée par la sécurité sociale !
Je suis comme fatiguée de la vie, une part de moi s’est coincée quelque part. Hors service. Bonne à jeter ! Je crois bien à cet instant que le monde entier a raison contre moi… Stupide mal de vivre !
Solitude, un sceau marqué à jamais dans ma chair.
Mors à l'âme qui ne saurait être domptée...
Le silence ou l’explosion.
Je m’enfonce, yeux grands ouverts, une boule d’une matière incroyablement dense et compacte fait l’ascenseur entre ma gorge et mon estomac.
Je suis perdue et je n'ai pas la force de partir à ma recherche.
Dans mes rêves, je marche sur une route déserte, paysage vide, une lande brûlée. Je parle aux pierres et au ciel de métal. Je marche, je marche, cédant au poids qui me ramène à la terre, sans jamais rien rencontrer qui puisse briser le mortel enchantement.
Besoin d'un déluge pour refleurir mon jardin, tout est désespérément sec, stérile !
Plus rien à donner qu’un amour désespéré, plus rien à tendre que les griffes.
Une dernière fois, avant de déchiqueter mon propre visage, devenir lambeaux que le vent emporte. Qu'il n'en reste rien !
La vie, brève et fulgurante étincelle dans la nuit.
Se couler dans le cafard comme dans un suaire, tout en volupté, s'enrouler dans les draps noirs de la dissolution.
La mort est le lieu d'où l'on vient et auquel chacun doit retourner, entre les deux est un voyage nommé existence, serpent qui se mord la queue, palais des miroirs.. Une éclipse, une sale blague !