Les gens

Le 23/03/2005
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par Ponch
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Notre nouvel auteur se coule dans la peau de John Poncherello, le célèbre motard héros de la série gay des années 80 : Chips. Un trip moins confortable que prévu, puisque sous son apparence de boyfriend idéal se cache un être torturé et empli de colère et de ressentiment. C'est un peu comme si on apprenait que Casimir est en fait un junkie amateur de films pornos et de death-metal.
La vie, la sociéte, les magasins, la promiscuite, les gens. Probleme central et incontournable, plaie beante et purulante de l'humanite. Je dois faire avec. Pas le choix. Comme tout le monde. J'en suis un apres tout. Mais je les hais. De tout mon être.    
8H du mat' une journee de plus dans la vie de John Poncherello. Ca vous dit quelque chose? Normal j'ai eu mon heure de gloire dans vos ecrans de tele. Je conduisais une grosse moto, portait des lunettes de soleil, un uniforme qui me comprimait les bonbons et un brushing de tapette. A l'epoque ca marchait bien, faut croire que ca plaisait aux menageres, a ces petasses, ces misereuses qui attendent le retour de papa pour l'oeil humide et la toison offerte lui servir son chili con carne.
Je gagnais du fric en passant pour le mec gentil, le gendre ideal, celui qui aime les vieilles dames et ne pete jamais au lit mais déjà à l'epoque je sentais grandir en moi une colere sourde, une haine qui ne demandait qu'à exploser à la face du monde.
Mon nom est Estrada. Eric Estrada et pas Ponch bande d'enflures. 20 ans que la serie est terminee et que je suis condamne à tourner dans des telefilms à l'eau de rose. Je n'arrive pas à me décoller cette saloperie d'etiquette puante.
Quelle belle connerie. Je hais les animaux, je hais les enfants, je hais les vieux et je vous hais. Enfoncez bien ca dans vos cranes moisis.
Il y à 2 ans j'en ai eu marre et j'ai decide de me livrer à ma passion: la haine de l'autre.
Ma haine est un art que je cultive sans cesse, un jardin que je ne cesse d'arroser de votre sang pourri.
J'ai demenage. Decide d'habiter Dallas. Les cons sont en quantite industrielle là bas. L'image de l'autorite les rassure. Ils m'aiment bien, me voient comme un ami, le mec qui donnerait un rein pour sauver un enfant, alors que j'ai plus pour habitude de leur prendre leur rein a ces petits morveux pourris et le passer au mixeur. J'aime bien la viande quand elle est tres fraiche et saignante. Parait en plus que c'est bon pour la sante.
L'autre jour j'etais dans une maison de retraite pour une seance d'autographes. Il y avait là plein de petites vieilles incontinentes et en charantaise qui me regardaient pleine de joie. J'en avais la nausee. Je crois que je hais encore plus les vieux que les enfants. L'une de ces vieilles s'appelait Gladys. Elle a tenu à me raconter sa vie. 78 ans , veuve depuis 10 ans, cardiaque, abandonnée de sa famille. Le schema classique. La victime ideale. Elle m'adorait dans "Chips" et a vu tous mes telefilms. Je lui ai dit que je passerai la prendre le lendemain pour l'amener en balade.
Nous sommes alles nous promener dans un parc proche de la maison de retraite. Je m'etais bourre d'anti vomitifs tant l'odeur qui emanait de son corps decrepi pourri et son regard plein de gentillesse me retournaient l'estomac. Elle a tenu à me prendre le bras. Sa hanche lui faisait mal. Je me retins difficilement de lui dire que de toute facon ce serait une des dernieres choses qu'elle ne pourrait jamais ressentir.
Je lui ai propose de l'emmener en haut d'une de ces tours qui dominent la ville. En haut je lui ai dit qu'elle me rappelait ma grand mere. Ca lui a plut. Je le savais. Je lui ai dit aussi que j'allais la tuer. Ca lui a moins plut et lelle poussa un cri d'effroi à la vue de ma lame de rasoir. Tout se passait comme prevu. C'etait un moment delicieux. A mesure que je me rapprochais d'elle, elle commencait a suffoquer et cherchait nerveusement dans son sac ses medicaments pour le coeur.
Je vis dans son regard quelque chose de merveilleux. La peur. Cette putain de peur qui vous serre le ventre. Gladys savait qu'elle allait mourir ici en haut de cet immeuble. Admirable petite vieille. Elle savait qu'il n'etait pas la peine qu'elle gache ses derniers souffles dans une crise de panique. Je m'assis en face d'elle. Je ne pouvais detacher mon regard du sien.Les minutes passaient et la vie la quittait. Etendue par terre, elle n'avait plus la force de bouger. Son souffle se faisait de plus en plus court. Elle n'avait maintenant plus la force de respirer et j'attendais cet instant de grâce avec une immense excitation. Elle mourut dans un dernier souffle. J'eu un orgasme dans un profond soupir liberateur.
Me ressaisissant je pris mon cellulaire et une voix paniquee. Les secours arriverent et je leur servis mon plus grand numero d'acteur.