Brûlons utile...

Le 10/04/2005
-
par M. Con
-
Thèmes / Polémique / 2005
On fait ici dans la connerie de proximité, la bêtise provinciale et quotidienne, la plus pénible qui soit. C'est vrai, pourquoi aller chercher une cible dans les hautes sphères de notre société quand on en entouré de toute une populace d'abrutis qui ne demandent qu'à être grillés. Voici une nouvelle méthode pour animer de manière amusante ces repas dominicaux en famille qui nous pèsent tous.
D’un œil goguenard je vois passer en file indienne les vaillants promeneurs du dimanche sur le petit sentier en contrebas de la maison, flanqués de leur piailleuse marmaille, équipés du bâton de pèlerin version Décathlon, chaussures de marche et sac à dos rempli pour le pique nique du midi en forêt ainsi que de la vieille couverture au cas où madame aurait envie d’un p’tit coup dans le fourré vite fait bien fait !…. Ah la nature en ces premiers week-ends de printemps ! les odeurs, les bourgeons, les …..

« Bande de cons ! »
En les voyant défiler avec leur sourire réjoui du con heureux qui prend l’air, je marmonne mes frustrations devant mon barbecue de merde que je me suis fait chier à construire pendant 15 jours pour que le cérémonial des réunions de famille soient un peu moins rasoir. Malheureusement, chaque dimanche, dés qu’un coin de ciel bleu apparaît, j’y ai droit. Je me retrouve cloué devant ma forge de vulcain comme un martyre à son bûcher. Je n’ai plus alors qu’à me griller la couenne pendant deux heures en regardant cuire saucisses, merguez et autres côtes de truc, filet de machin et tranche de merde. Moi qui ne demande qu’une chose : traîner au plumard et me lever vaguement entre 13 et 16 heures pour aller titiller les bières du réfrigérateur.

« Vie d’con ! »

Déjà ce matin, j’en avais ras le cul ! je le sentais venir ce dimanche pourri, je le voyais se profiler inexorablement à l’horizon de ma lâcheté. Aussi, pour me donner un peu de cœur à l’ouvrage, je me suis sifflé un litron de blanc aligoté. Puis comme ma régulière me prenait la tête avec ses conseils à deux balles de période pré menstruels, plutôt que de lui coller une mornifle dans le pif, j’avais enchaîné avec le pastaga, c’est bon le rikiki, c’est frais, surtout avec le soleil qui veut rattraper le temps perdu et qui te chauffe le gras pendant que les autres cons s’empiffrent à l’ombre en râlant parce qu’ils attendent la gamelle.

« Week-ends de merde ! »

Tandis que je me prends la tête à aligner des bouts de choses sanguinolentes sur la grille en me brûlant les doigts noircis par le charbon de bois, mes vêtements imprégnés d’une fumée tournoyante qui me pique les yeux, mon voisin, une vraie tête de con, vautré dans son transat, me nargue depuis sa terrasse d’un sourire niais et satisfait. A l’étage, sa bourgeoise en recoiffant sa tignasse queue de vache, ouvre les volets de leur chambre, heureuse de la giclée qu’elle vient de se recevoir dans son fondement agricole.
Nos regards se croisent, elle tique un peu. Il faut dire qu’occasionnellement je lui secoue également la tirelire lorsque son connard de flic de mari est en tournée, il faut bien s’entraider entre voisin. La Marylin de sous-préfecture minaude, donne de la mamelle, tandis que mézigue je l’ignore royal et replonge dans mon four non sans me coller une autre rasade de jaunet dans le gosier.

« Connasse ! »

Le chat curieux viens en sournois vers les assiettes pour renifler la bouffe et je lui file un superbe coup de latte façon champion du monde de karaté mais coté précision la picole ça aide pas et je le rate magistralement « con d’chat ! ». Par contre je ne loupe pas l’assiette qui s’explose en miette sur la terrasse. Mon moutard s’empresse d’aller cafter auprès de sa mère, « p’tit con » et j’me prends un nouvelle branlée.

Le chat me nargue, les voisins se marrent, les randonneurs s’arrêtent pour profiter du spectacle. Je passe un sale quart d’heure… et je n’ai plus de glaçons .

« Chier tiens ! bande de con ! vie d’con !, week end de merde! Connasse ! »

Mais le pire reste à venir.
Précise comme un coucou Suisse voilà, l’apothéose, la gerbe, le feu d’artifice, mon expiation personnelle, ma croix, mon calvaire, mon cauchemar, le cataclysme, la fin de tout : Mamiiiiiiiie, LA Belle Mère.
Je ne la décrirai pas c’est au dessus de mes forces. Imaginez simplement un mètre cinquante de gueule renfrognée, moche, revêche, frustrée, aigrie, radine et vous être encore loin du compte. Je suis même sûr qu’elle se touche la nuit en rêvant du borgne. Je sais bien que sur cette terre pourrie je ne mérite pas grand chose, mais là, la punition divine ne m’a pas loupé c’est la totale : un pitbull parlant.
Je l’entends gueuler sans même la voir, un peu comme les parisiens. J’ai la gorge nouée, une boule me monte de l’estomac, je me sers un verre pour faire passer. Son pas nerveux et sec se rapproche de mon espace. Je suis en sueur. Pour affronter le fauve, je prends instinctivement mon air con, le plus naturel chez moi et c’est parti. Elle commence par dévisager ma trogne de pochetron de son œil de vautour et attaque en mi majeur :

« Alors mon gendre toujours avec vos saucisses ?
(M’en vais te la coller où je pense moi la saucisse. Pour une fois ça te réchaufferas le cul connasse)

« Hé oui Mamie c’est la joie du barbecue ! »
Je tisonne à mort dans l’âtre afin de résister à la tentation ô combien jouissive de lui planter le tisonnier dans sa hure, j’ai les mains qui tremblent… je regarde mon verre tristement, j’hésite….

Avec sa gueule pinçée, son meilleur profil Elle enchaîne aussitôt très en forme :
« Vous auriez tout de même pu tondre la pelouse au lieu de vous prélasser ! »
(Et la tienne de pelouse est elle tondue où c’est la forêt vierge ?)

- Je réponds d’un voix suave aussi faux cul et hypocrite que possible : vous avez raison Mamiiiiiiiiiiiche, mais je ne peux pas tout faire, la semaine je bosse…. Moi !
- Fonctionnaire ! vous appelez cela un travail ! Mon pauvre amiiiiiii ! ! !
La salope, la connasse de première classe avec un C majuscule, je la hais ! Dire que pour me farcir la fille et encore pas souvent, je dois supporter ça ! mais il faut être née con et masochiste ! On devrait envisager de me donner des indemnités tout au moins la médaille du courage.

- Je vous sers quelque chose (Vieille con) ?
- Je ne bois pas…. Moi ! Quand je pennnnnnnse que j’ai laissé ma fille UUUUUUnique vivre avec un fonctionnaire ivrogne (pléonasme). Mais regardez vous, vous êtes un déchet, une merde, un….

Dedieu ! cette fois je vais la tuer la vioc !

C’est à ce moment là je crois que j’ai été touché par la grâce. Ce fut comme une vision, une évidence, un acte de salubrité publique, la délivrance du prisonnier, la rédemption, un cadeau offert à l’autel des Cons. J’ai regardé quelques instants sa tronche de vieille catho et sans un mot je l’ai empoignée par le col de son chemisier moutarde et la ceinture de son jeans taille gros cul. Puis je l’ai arrachée de terre tandis qu’elle battait des ailes dans dés : « quoi ? Mais que ? » Et je l’ai bourrée en tas dans mon joli barbecue tout neuf qui rougissait de plaisir.
Certes, elle beuglait un peu fort lorsque je l’ai pliée en boule pour qu’elle rentre bien. Elle couinait toujours lorsque mon mélange détonant (alcool à brûler/white-Spirit) lui arrosait la gueule pour bien que ça cuise, mais j’étais heureux et je tisonnais….. et je tisonnais avec entrain dans des giclées vermeilles. Je voyais sous mes yeux embués de larmes d’émotion et de joie indescriptible se déformer peu à peu sa vieille peau fripée de crocodile, se cloquer jusqu’à exploser pour devenir noir dans une odeur de graisse brûlée tandis que je savourais mon dernier verre à jamais….


« Dites donc vous rêvez mon ami, elles brûlent vos saucisses ! décidément vous n’êtes bon à rien ! »
- Quoi ? Vous dites ? Excusez moi Mamie, je pensais à autre chose.