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« le: avril 23, 2015, 18:32:24 »
Mon texte pour la St-Con, en son état fort non terminé :
Les premiers jours furent assez vagues, passés dans du coton entrecoupé de douleurs terribles qui me refaisaient plonger dans l'oubli. Mais mes esprits reprirent avec le temps, et je finis par enregistrer les murs blancs, les gens blancs, les trucs blancs, et l'absence d'odeur, et je ne pouvais pas trop bouger ; les médecins se rendirent compte que je les regardais enfin et me racontèrent que j'avais de la chance, qu'il s'en était fallu de peu, que ça avait été tout un incendie, et reposez-vous monsieur.
J'étais branché de partout, tubé par tous les orifices, les infirmières venaient me changer, me laver et remplir mes perfusions, elles ne racontaient pas grand chose d'intéressant, surtout que j'avais du mal à causer avec tous ces antalgiques.
Ma mémoire revint, mes muscles aussi, en quelques semaines je pus déambuler dans les couloirs comme un cabri fougueux qui vient de passer deux mois dans le coma, brûlé et cassé à divers endroits et degrés ; nous étions arrivé en juin, le soleil par la fenêtre projetait des losanges clairs sur les murs de ma chambre, et j'aurai bien respiré l'air chargé de fleurs tout en chantant la vie si mon système respiratoire n'avait pas fait une overdose de fumées ardentes. On finit par m'amener un miroir et ma gueule ne ressemblait plus à grand chose, je ne savais plus trop à quoi m'attendre mais ce visage recomposé, boursouflé, glabre, en camaïeu de rouges, m'était tout à fait étranger. Je restais à le regarder vaguement fasciné, et puis j'ai compris que tout les gens le voyait à la place de ma tête, du coup j'ai un vertige assez dégueulasse et me suis vomi dessus, je crois. Quand j'ai émergé quinze heures plus tard, j'étais de très mauvaise humeur et assez vénère.
A force de gueuler, on finit par me raconter le merdier par le début, cette nuit du 10 avril où ma maison avait pris feu d'un coup avant de s'effondrer sur ma personne, que les voisins avaient appelé les pompiers qui m'avaient récupéré en mauvais état, et nul ne savait pourquoi ma maison avait décidé de me faire ça, à moi, qui y habitait depuis si longtemps et l'avait toujours bien traitée. J'avais bien une idée mais je ne leur dis pas.
Brian McKinnon était un écossais de taille moyenne et aux abords charmants, nous nous étions rencontrés huit ans auparavant dans un café de Stresa. Avec ma fiancée nous rentrions à Verbania après une journée sur les îles du Lac Majeur, enchantés des paradis floraux d'Isola Madre. La vedette nous déposa à Stresa et nous nous assîmes au bord du lac dans un de ces troquets touristiques et chers, mais la vue était belle et l'air si agréable que nous nous permettions de nous en moquer. Notre voisin de table saisit une de nos discussions et nous sympathisâmes, il venait d'Udine sur les traces de Hemingway. Un verre en appelant un autre, nous finîmes la soirée ensemble. J'étais captivé par son érudition et ses manières impeccables, il appréciait ma franchise et mes récits de voyage, et décidés à garder contact nous décidâmes de devenir nemesis.
Le lendemain je crevais les pneus de sa vieille Triumph, pendant ce temps il avait séduit ma fiancée et ils fuirent par le bac à Laveno avant de se perdre en Suisse. Il m'envoya plusieurs photos d'eux, certaines tout à fait obcènes, je ne perdis pas de temps à les suivre et trouvait son adresse. Pendant qu'ils copulaient à Montreux, je changeai les serrures de toutes ses portes, plantai des ronces dans son jardin et repartis avec son chat.
Les années passant, nous avions
J'eus aussi quelques visites
L'assurance avait payé, on m'aida à trouver une autre baraque, bientôt je pus rentrer dans ce nouveau chez-moi ; la rééducation et la douleur occupaient le gros de mes journées, puis un jour je retournai voir mes anciens voisins.
Ils ne me reconnurent pas, m'offrirent le thé, par