La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 
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Messages - Aelez

#16
Mangerbouger
Posté le 02/10/2008
par Lembaumeur




Putain de Dieu, on a bien failli réussir notre coup !

J'aurais donné n'importe quoi pour un bon vieux cassoulet. Un truc méchant, des flageolets, du confit de canard, de la graisse d'oie, des saucisses épaisses et juteuses. Et puis le tout arrosé d'un bon vin, du VRAI vin, avec de l'alcool et des sulfites. Putain de dieu. Je vendrais père et mère (paix à leur âme !) pour envoyer des pets bien odorants de ces effluves épaisses, charnues, et pas ces ersatz de prout au jus, fadasses et insonores.


Le consortium « Mangerbouger » naquit au début du siècle, le plus insidieusement qui soit. Par un habile jeu de lobbying international, ce mystérieux cartel s'est efforcé d'instiller dans la population l'idée qu'une consommation illimitée de fruits et de légumes, associée à une activité sportive régulière et journalière était la garantie d'une vie longue et heureuse. Antioxydants, Vélo d'appartement, Vitamines Abécédaires, Step, Oligo-éléments, Jogging, Omega, Sport Elec, Fibres, Fitness... La recette du bonheur, matraquée à longueur de journées, relayée sur tous les écrans de télévisions, soutenue par les gouvernements, injectée à tous les niveaux de la société. Ah ! Si c'est bon, alors, pourquoi pas ? Et tout le monde s'y met, pendant que les cours des produits maraîchers s'envolent, qu'on fait la queue pour s'inscrire dans des salles de sports dernier cri, que le Kosovo s'en va en couille et que les dictatures qui ne disent pas leurs nom s'évertuent à presser le jus, la sève, les forces encore vives de leur population opprimée, mais consentante, masochiste (vas-y fouette, fouette-moi grand fou !), peuple sodomisé sans vaseline par les grosses légumes assoiffées de pouvoir...

Ouais, bon, moi, tout ce que je voulais, c'est me taper un bon gros cassoulet.

Peu à peu, la pieuvre piteuse étendit ses tentacules gluants. Tout le monde était dans le coup. La World Vegetables Company, entreprise maraîchère mondialisée avait bouffé toute la concurrence grâce à ses pommes transgéniques maousse costaudes. Deux kilos la pomme, on avait battu des records ! Et toujours le slogan inlassablement ânonné par les médias en chaleur : Manger ! Bouger ! 5 fruits et légumes par jours ! et puis 6 et puis 7 ! Tenez, ce magnifique bouge-fesse à prix cassé en téléachat, préchi-précha ! Manger ! Bouger ! Inflation du prix des matières agricoles, on fait grimper la demande ! L'appel était relayé par quelques médecins peu scrupuleux ou carrément naïfs ! Antioxydants, Oméga 3 et 6 ! Manger ! Bouger ! On a bientôt organisé des stages gouvernementaux de nutrition (Manger !) et de sport (Bouger !) d'intérêt public payants et obligatoires pour apprendre une hygiène de vie optimale.

L'amaigrissement progressif de la population. Une population d'affamés volontaires. Une aubaine, pour tous les puissants. L'anorexie est peu à peu devenue la norme, véhiculée par la mode et tous les médias complices. La plèbe non seulement a faim mais souhaite la faim ! C'est la fin... Un autre compère s'est alors révélé : les labos pharmaceutiques, notamment le géant Sanofzer, pourvoyeurs de médications délétères (compléments alimentaires, coupe-faims, et plus tard, la pharmacopée censée soigner les nouvelles pathologies liées à la malnutrition...). La consommation de féculents et de matières grasses est devenue prohibée. Le légume roi ! Le roi-légume ! Manger !

En quelques décennies, l'immense majorité n'avait plus que la peau sur les os, silhouettes décharnées prêtes pour le grand charnier, se rendant chaque années dans les camps gouvernementaux d'effort et d'amaigrissement. Peuple docile car crevant la faim, crevant aussi de la chiasse provoquée par tous ces végétaux. Oui, les fabricants de chiottes publiques étaient aussi sur l'affaire ! Et les sociétés de nettoyage ! Ils ont tout sucé de notre sang, de notre moelle. Même notre merde s'est muée en immonde profit ! Notre merde liquide et verdâtre, le ferme et bel étron devenu fiction.

Je bossais dans une société de ce type chargée de tous les gogues publics de la capitale. J'avais tout du brave employé modèle : docile, obéissant, servile, serpillière, mur sur lequel on pouvait pisser tranquillement... Une fiotte, comme tous mes compatriotes. D'une bonne constitution, j'arrivais à garder une certaine forme, même avec les régimes alimentaires imposés. Ce job était pour moi et je l'obtins sans difficulté. Un poste a temps plein, ça n'a pas de prix de nos jours, où le taux de chômage atteint les 50%. De toutes manières, la plupart des actifs sont trop affaiblis pour travailler. Je passais donc mes journées à nettoyer les éclaboussures chiasseuses des gens, dans ces innombrables rangées émaillées de cuvettes. Ça puait. Une odeur rance, une odeur de mort. Et moi, je rêvais de cassoulet. J'étais assez âgé pour me souvenir de ce que ça signifiait.

C'est là que j'ai été contacté par la Résistance Alimentaire. Ce groupement armé se battait au quotidien pour sortir la population du joug de la faim, mais comment sauver quelqu'un malgré lui ? Les gens, aveuglés, apeurés, se vidant en permanence de leur douzaine de fruits et légumes ingurgités par jours, rendus dépendants, fascinés par la maigreur, hypnotisés par la télé immersive. Je me suis quand même engagé, pour essayer de sortir de ce pétrin. On faisait quelques actions d'éclats, vite étouffées par le pouvoir en place. Distributions de tracts, collage d'affiches, distribution de pâtes alimentaires dérobées dans un entrepôt militaire... J'avais personnellement plastiqué quelques toilettes dont j'avais la charge. Mais on jouait serré. La surveillance était maximale, à cause du terrorisme dont on entendait constamment parler depuis trente ans.

On se réunissait mensuellement pour décider des orientations du mouvement, des appuis à l'étranger, des futures actions. C'est là que ces fils de pute nous ont chopé. Une brigade sanitaire au complet a fait irruption au milieu de notre petite sauterie... L'avenir s'annonce bien sombre pour ceux qui n'ont pas réussit à fuir. Une rééducation complète dans les camps de classe 2, d'où personne ne revient intègre. Trahison ! Trahison ! C'est la débâcle... Notre misérable petit mouvement s'est éteint dans l'œuf, laissant la place à toute l'horreur d'un monde où la faim est la loi. Un monde sans cassoulet, pendant que je savoure le mien avec un plaisir sans remord.


#17
= INITIATIVES = / Re : Re : Mythologie
Octobre 30, 2008, 16:22:33
Citation de: Hag le Octobre 30, 2008, 16:18:18
Bonjour, je viens écrire une mythologie avec vous.

Ha non, toi tu t'attaches à un pylône et tu attends les cailloux.



Ha tiens, j'ai un MP.
#18
= INITIATIVES = / Re : Mythologie
Octobre 30, 2008, 15:57:27
Bon, étant donné que personne ne comprend personne et que ceux qui se comprennent ne comprennent pas qu'ils se comprennent, est-ce qu'on peut arrêter de tergiverser, et commencer, bordel ?

On verra bien ce que ça donne, et si c'est de la merde, on dira que c'est de la faute de Glaüx. Ou de Hag, tiens, y'a pas de raison que ça soit toujours les mêmes qui prennent.

Voilà, donc je propose que tu commences, Winteria, et après chacun fait son truc comme il l'entend tant que c'est "UNE MYTHOLOGIE COH2RENTE DU POINT DE VUE DE L4UNIVERS QU4ELLE D2VELOPPE", et après on lapide Hag. Tout le monde est d'accord ?
#19
= INITIATIVES = / Re : Mythologie
Octobre 30, 2008, 15:11:11
Ha merde, moi aussi j'avais compri qu'il fallait juste écrire une histoire en cohérence avec la trame... Du coup je vois pas trop bien où tu veux en venir, en fait. Pas du tout, même.
#20
= INITIATIVES = / Re : Mythologie
Octobre 30, 2008, 14:29:44
Bon, l'idée me plaît bien, mais ça serai gentil, maintenant, de nous exposer le résultat de pos séances de paluchage mutuel via MP.
histoire qu'on puisse s'y mettre, quoi.
#21
= TRI SELECTIF = / Re : Tri séléctif : Pitoum
Octobre 28, 2008, 16:34:33
Ouais, lu aussi, et ça se lit tellement bien que j'ai voulu attendre un peu avant de le balancer au tri. Mais bon, le surci est court, on est sur la Zone quand même.
#22
= TRI SELECTIF = / Re : Tri selectif : Putsch
Octobre 28, 2008, 09:33:10

Journal de l'insignifiance
Posté le 23/10/2008
par Putsch




08/03
Idée numéro 1: Faire le ménage dans ma vie, mes proches, mes amis et ennemis.
Idée numéro 2: Faire un vrai travail d'introspection, enfin savoir ce que je voudrai faire de ma vie.
Idée numéro 3: Eviter de lâchement abandonner ces envies là pour retourner dans ce qui me perd, le "rien".
Idée numéro 4 et 5: arrêter d'être médiocre dans tout ce que je fais par peur. Si impossibilité, apprendre à rester à ma place, et m'habituer à ce que cela me ronge.



09/03
J'ai pas vraiment envie d'écrire ce que je pense là-dessus, mais selon le médecin, c'est primordial. Et il veut le lire à la fin de la thérapie, donc je le fais. Là, je ne sais pas trop quoi écrire. J'ai faim, mais je n'ai plus rien à manger. J'ai donné ce que j'avais aux chats. J'ai regardé la télévision, et je me sentais vide. Je n'aime pas ce sentiment, je sens que je perds mon temps. C'est tout, je crois.

11/03
Hier, je dormais chez ma copine. Et je m'y ennuie, en général. Je n'y emporte plus de livres, car les seuls que j'ai, ça fait des années que je les ai, donc je les ai déjà lus plusieurs fois, et je n'ai pas d'argent pour en acheter. Et j'ai une haine profonde envers les bibliothèques. Donc, je fais l'amour avec elle. Et ça me ronge, parce que j'ai le sentiment d'être un animal. Ca me rabaisse. Je n'aime pas ça.

12/03
Aujourd'hui, je suis allé faire un tour. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie. Et dans ces moments là, je suis seul, sans avoir à être chez moi. Mais là, je n'ai pas réussi, malgré le fait que je quitte la ville. Il y a eu plusieurs jeunes, qui, quand je suis passé devant eux, se sont mis à m'insulter. Quand je suis avec mes amis, je parle de ce genre de personnes avec détachement, comme si ça ne me touchait pas. Je fanfaronne. Mais je tente souvent de me persuader que je suis capable de tenir tête à plusieurs personnes à la fois. Mais ça ne marche que lorsque je suis sûr d'avoir le dessus. C'est idiot, je suis presque sûr de pouvoir le faire.

13/03
Ce matin, je me suis levé en colère. J'ai l'impression douloureuse de rater ma vie. Mais je n'ai pas le courage de bouger, trouver du travail, ou bien tout simplement avoir une passion. J'ai beau expliquer aux gens que ce n'est pas de ma faute, je commence à le croire. Ou bien à le comprendre. Quand je suis sorti de ma chambre, j'ai tapé un de mes chats dans le ventre. Un chat, ça n'a pas besoin d'avoir une utilité, c'est facile pour eux. J'ai trois chats chez moi. Enfin, deux, ça fait une heure que je ne l'entends plus. Il faut que je le trouve, sinon dans deux jours il va puer.

14/03
Aujourd'hui, je suis passé à la banque. Je n'ai pas pu retirer, et j'ai insulté l'appareil. Les gens me regardaient bizarrement. Moi aussi. Je suis passé voir ma mère, pour lui demander de l'argent. Elle m'a dit que j'étais un minable, comme mon père. C'est vrai que mon père est un minable. Il a cinquante ans, il ne travaille pas. Mais c'est pas la même chose pour moi, je suis jeune, il faut juste que je trouve quelque chose. Ma mère m'a dit aussi que je finirai comme lui, et qu'elle ne m'aidera pas jusque là. J'ai alors donné un coup de pied dans la table, et un verre à pied s'est cassé par terre; elle est tombée dessus. Elle s'est ouvert la joue, et je lui ai pris cinquante euros. Je ne suis pas minable. Il faut juste que je trouve un boulot. Je n'ai que vingt cinq ans.

15/03
Aujourd'hui, je n'ai rien fait. Je suis resté chez moi, et j'ai eu une idée. Il faut que je fasse du sport. Ca ne peut que m'aider. J'ai écrit le programme que je me donne à suivre tous les jours sur une feuille A4, et je l'ai scotchée sur la porte d'entrée. J'ai cinq appels en absence de ma mère, mais je ne veux pas écouter les messages. Je vais me débrouiller. Demain je dois voir ma copine, et je ne sais pas si j'ai envie. Elle a une vie facile, elle ne sait pas ce que j'endure.

16/03
J'ai emmené ma copine dans un bar. J'ai payé toutes les tournées, pour lui montrer que j'avais de l'argent. Quand elle m'a demandé d'où il venait, je lui ai dit que je bossais à mi temps. Elle avait l'air contente. Moi je ne sais pas. J'en ai marre de savoir qu'elle puisse avoir un jugement sur ce que je fais. Et elle continuait, en me disant que je pourrai enfin faire des choses que j'aime, etc.... Je lui ai dit de se taire. Après on s'est engueulés, je ne me souviens pas ce que je lui ai dit, seulement que je lui ai donné un coup de poing dans la gueule. Elle avait deux dents en moins et elle pleurait. Je suis rentré chez moi. Au fait, je n'ai pas fait de sport le matin, je me suis levé à une heure de l'après midi. Ca aussi, ça me fait chier.

17/03
Ce matin, j'ai pensé au suicide. Pas le mien, mais l'idée générale. Puis, on a toqué à la porte. C'était le père de ma copine. En y repensant, je me dis que j'ai bien fait de lui ouvrir. La porte à peine ouverte, il est rentré et s'est mis à me rouer de coups. Je ne sentais pas grand-chose, à cause de la surprise. Puis il m'a frappé au visage. Là, j'ai eu mal. Et chaque parcelle de mon corps, chaque muscle, chaque nerf, se sont mis à hurler, à m'envoyer des signaux d'alarme. Je ne pensai pas avoir une telle force. J'ai réussi à me relever, puis à prendre un peu de distance. Il m'a alors foncé dessus, à la manière d'un rugbyman. Nous avons échoué près de la table basse, où s'amoncelaient les restes pourris de mon repas de la semaine dernière. Sentant qu'à cause du poids de son corps sur le mien, j'allais de nouveau perdre le contrôle, je me suis mis tant bien que mal à farfouiller sur la table. J'y ai pris une cuillère, et je l'ai enfoncée de force dans la bouche de mon adversaire, jusqu'à la gorge. Il s'est dégagé, étouffant et crachant des glaires de sang. J'ai dû y mettre trop de force, je lui avait déchiré les muqueuses. Une fois debout, j'ai pris un couteau. Il était particulièrement sale, il y avait de la moisissure sur la lame. Et j'ai tenté de lui enfoncer la lame dans l'œil gauche. C'est marrant de voir comme un œil peut résister à la pression d'un couteau de table bon marché. La lame s'est cassée une fois à l'intérieur. Et lui hurlait de rage et de douleur, se tortillant comme un ver à qui on aurait enfoncé un cure dent dans le corps, suffocant, le visage partagé entre le rouge, le violet, et le noir. Il a dû mourir peu de temps après, car il ne bougeait plus. J'ai continué à jouer avec lui jusqu'à la fin d'après midi. C'était assez drôle. Maintenant, j'ai l'impression d'être quelqu'un, je sais que j'ai du pouvoir. Oui, j'ai bien fait d'ouvrir la porte.

19/03
Je me suis promené toute la journée d'hier. J'avais emporté des morceaux du cadavre pour les jeter dans la rivière, une fois sorti de la ville. Il n'y avait pas grand monde dans les rues, et heureusement, car j'ai pu faire plusieurs allers retours. Maintenant, il n'y a plus que sa tête et la colonne vertébrale chez moi; je ne sais pas quoi en faire. Je vais les ranger proprement en attendant d'avoir une idée. J'ai tellement marché hier qu'en rentrant, je me suis endormi sur le canapé.
Aujourd'hui, je n'ai presque rien fait. Ce matin, j'ai été utiliser l'argent que le père de ma copine avait sur lui, pour acheter un gros couteau de chasse. J'ai prétendu avoir un cochon à tuer, dans la soi disant ferme où je travaillais. Quel con, ce vendeur. Je l'ai affuté une partie de la journée, et après, je me suis reposé. J'ai préparé des vêtements de sport, pour ce soir. J'ai enfin trouvé une activité physique qui me plait.

#23
Rien ne t'empêche de commenter les textes qui sont dans le forum.

Pour ta deuxième objection, tout le monde restant libre de commenter et donner son avis sur tous les textes postés en tri sélectif, je suppose que si un texte remporte les hourra généraux de tous les lecteurs-auteurs, il sera redirigé vers le site.



Mais bordel, c'est vrai ça, pourquoi on a pas encore de coke dans la cave?
#24
= TRI SELECTIF = / Re : Tri sélectif : Maxilio
Octobre 27, 2008, 20:03:29
Message complémentaire de Maxilio :
CitationJ'espère que vous aurez compris ma critique virulente du capitalisme, l'aliénation qu'il suscite et le drame des délocalisations!


Moi non, mais bon, il se fait tard.
#25
= TRI SELECTIF = / Tri sélectif : Maxilio
Octobre 27, 2008, 20:01:36

routine, routine...

Posté le 22/10/2008
par Maxilio




    Par un bel après midi de printemps, l'émérite professeur Paul Smith détenteur de la chaire d'Histoire moderne de civilisation européenne à l'université de Yale lit la correspondance entre monsieur de Voltaire et Frédéric II de Prusse tout en songeant qu'il va manquer de crackers au frommage. En même temps à huit mille kilomètres de là...

    L'entrepôt était vraiment gigantesque: Un parallélépipède de tôles long d'une centaine de mètres, haut de vingt-cinq, et surmonté d'un toit à double pente; ça et là, de rares ouvertures dispensaient un rai de lumière qui, l'espace d'un instant, surprenait la course ascendante des grains de poussière. Samuel, tout en pliant une couverture avec dextérité, considéra la tâche qu'il avait accomplie depuis ce matin cinq heures: dix mètres cube de vêtements soigneusement triés répertoriés et alignés. Il en conçut un grand soulagement ainsi qu'une certaine fierté lorsqu'il crut déceler une expression complaisante sur le visage de son surveillant. Certes il repensait parfois à sa vie d'avant, mais elle semblait comme irréelle et dépourvue de sens telle une longue enfance... Mais depuis six mois qu'il occupait ce poste son sens de l'organisation faisait des merveilles, et il commençait à s'envisager à nouveau un futur. Paradoxalement hors du temps, hors de SON temps, malgré les conditions de "vie" plus que rudes: la faim, le froid et la diarrhée incessante, Samuel avait réussi à instaurerune routine terreau de toutes les espérances.
    "Ils ont besoin de moi désormais! Les stocks promettent des mois de travail..
    Il y avait bien cette douleur inquiétante dans le bras mais
    _HE TOI !!!
    Plus surpris qu'effrayé Samuel leva les les yeux vers son surveillant.
    Celui ci lui fit signe d'approcher avec l'index.
    _Oui Unterscharführer?
    _Mais depuis combien de temps t'es là toi au juste?
    _Six mois her Unterscharführer.
    _Non ça va pas... ça va pas du tout. C'est beaucoup trop. Viens avec moi.
    Samuel sentit son sang refluer de son visage. Près de vomir et au bord de l'évanouissement il marmonna:
    _Je... je dois d'abord finir ce tas de valises! je.." ce qui lui valut un formidable coup de poing qui lui explosa l'arcade gauche.
    Groggy, trottinant, il précéda le SS jusqu'au crématorium où il croisa furtivement les regards éteints des sonderkommandos.
    Une main sur sa nuque l'agenouilla et il eut à peine le temps de songer combien quinze minutes avant il aspirait avec délice aux trois heures de sommeil qui l'attendaient dans sa paillasse infestée de blattes.
#26
= TRI SELECTIF = / Tri sélectif : Tonton Serge
Octobre 27, 2008, 19:57:30


Je crois qu'il faut que je rentre à la maison
Posté le 05/09/2008
par Tonton Serge




    Salut mes amis, une petite histoire de vacances ?

    Elle fait 1m72 pour 59 kilos, des mensurations que je connais biens pour vivre avec elle. Quand nous étions passés devant cette boutique de jouets sexuels de Queen Street et que nous avions poussé la porte par jeu et par défi, je n'aurais jamais imaginé que cela puisse se terminer ainsi.

    Il y avait cette annonce au milieu des autres : Karr Avon – expérimentez la joie et le plaisir des liens. Elle avait horreur d'être entravée. Elle dormait la fenêtre ouverte, ne supportait pas que je lui tienne la main trop longtemps ou que je bloque l'un de ses membres lorsque nous faisions l'amour. Je ne sais pas pourquoi elle a noté le numéro indiqué.

    Toujours est-il que nous nous sommes retrouvés quelques quinze jours plus tard devant un homme d'une cinquantaine d'années, le cheveux blanc et bien coupé, un col roulé noir, des doigts manucurés, qui nous a demandé ce que nous connaissions des liens. Rien à été notre réponse. Rien d'autre que les images de japonaises ficelées et de Betty Page que tout le monde a déjà plus ou moins vu une fois dans sa vie.

    Il nous a écouté un peu à la manière d'un psy, en silence, les mains croisées devant lui, hochant la tête de temps en temps. Il nous a demandé ce que nous voulions. Nous n'en savions rien. Nous avions poussé la porte sans réfléchir vraiment à ce que nous voulions. Voir, sans doute.

    Il l'a regardée, comme s'il la mesurait. J'ai vu qu'elle se troublait. Il nous a dit de revenir dans une heure. Il s'est levé et nous a laissé seuls dans la salle vide. Nous sommes allés dans le café librairie qui faisait le coin avec Main Street. Ma gorge était nouée. Je voyais bien qu'elle aussi ne voulait pas parler. Nous avons bu un thé organique népalais en grignotant du bout des lèvres un cake aux carottes et au sésame.

    Quand nous sommes revenus dans la salle il n'y avait personne. Nous avons encore attendu une demi heure. Le jour commençais à tomber. La lumière devenait plus faible. Nous serions peut-être partis si nous n'avions vu une ombre passer de temps en temps derrière le verre dépoli de la porte fenêtre qui se trouvait derrière le bureau où il nous avait reçu.

    La pièce était blanche avec un plancher de bois clair très propre. Le bureau avait une esthétique années 20. Pas de photos, pas de cadres, rien. Rien, si ce n'est ce nom gravé sur la plaque dorée sous la sonnette de la porte d'entrée : Karr Avon.

    La porte s'est ouverte, en contre jour il est apparu. Il nous a fait signe de le suivre. La pièce d'après était plus grande, avec toujours le même plancher sauf que les murs étaient d'un gris souris mat. Le plafond avait une hauteur d'au moins trois mètres, un ancien atelier sans doute, avec tout un système de poulies et de tringles qui faisait ressembler les lieux à une arrière scène de théâtre.

    Au centre de la pièce il y avait un bloc de pierre rectangulaire anthracite d'environ un mètre de large sur un mètre de hauteur et deux de longueur. A côté se trouvaient un perroquet et une chaise d'un bois plus foncé toujours dans le même style que le bureau. Au pied du porte manteau était posée une grande valise à roulette en nylon noir. Je me suis demandé qu'est ce que cette valise venait faire là. Avait-il un train à prendre d'urgence après s'être occupé de nous ?

    Il m'a fait signe de m'asseoir, lui a désigné le porte manteau en lui demandant de se déshabiller – complètement. Il a dit – complètement – de telle manière qu'il n'y avait aucun doute sur ce qu'elle avait à faire, ni qu'elle allait le faire. Je ne l'avais jamais vue aussi soumise. Je ne l'imaginais même pas capable d'une telle soumission. J'étais un peu jaloux et en même temps très curieux de ce qui allait suivre.

    Elle évitait mon regard. Elle était nue. J'avais habituellement le plus grand mal à la voir nue. Elle n'aimait pas que je la regarde. Il l'a aidée à monter sur la pierre, la faisant s'asseoir avec les genoux remontés le long du buste, les bras autour de ses tibias, les talons contre ses fesses. Il ne disait rien, utilisant ses mains pour place son corps. Je n'avais jamais vu autant de contrôle chez quelqu'un.

    Quand à un moment elle a posé son menton sur ses genoux comme pour se reposer un peu, il est revenu vers elle et l'a remonté en lui donnant un angle droit avec son cou. J'ai été surpris qu'elle suive. Tout dans ce petit mouvement sentait la contrainte. En relevant le menton de la sorte il était évident que l'abandon n'était plus possible.

    Il a ouvert la valise dont il a tiré un rouleau d'une matière plastique bleutée vaguement transparente. Un peu comme un film alimentaire en plus large. Il s'est rapproché d'elle et a enveloppé ses bras l'un à l'autre au niveau des poignets puis, avec une adresse incroyable, dans un silence troublé seulement par les craquements du plastique qui se déroule, il a enveloppé ses chevilles et liés chevilles et poignets.

    Il faisait chaud dans la pièce, deux gros radiateurs de fonte que je n'avais d'abord pas remarqués semblaient fonctionner à plein. Il a ensuite commencer à envelopper ses jambes, ses bras et son torse. Rapidement seuls dépassaient encore ses pieds, son cou et sa tête. J'ai vu qu'elle fronçait les sourcils. J'imaginais ses muscles qui éprouvaient inconsciemment la résistance du film, son sexe à même la pierre.

    Je ne comprenais pas qu'elle ne dise toujours rien. Elle avait l'air ailleurs. A un moment il s'est retourné pour prendre quelque chose dans la valise. Elle a essayé de tourner la tête vers moi – enfin c'est ce que j'ai pensé car elle n'a pas terminé son mouvement, ne pouvant déjà plus bouger comme elle le voulait sous peine de perte de l'équilibre.

    Il est revenu et a ouvert sa bouche pour la faire mordre dans un tuyau droit dont l'embouchure était du même type que celle des tubas pour faire de la plongée en apnée. Il a rapidement mis un sac de plastique transparent autour de sa tête en englobant le tube. Il a assuré l'étanchéité au niveau du cou par quelques tours de plastique supplémentaires.

    J'ai failli me lever et intervenir mais j'étais trop fasciné par ce qui se passait. Le sac se collait contre ses cheveux et sa peau, elle essayait de bouger mais en était incapable. Au niveau du tuyau le sac faisait d'horribles bruits de succion. Après un temps qui m'a semblé long, très long, il a percé le sac au niveau du tuyau.

    Tout de suite le bruit de son souffle a rempli l'espace. Elle aspirait l'air de tous ses poumons et le recrachait avec la même avidité. Une fois l'étanchéité faite au niveau du tuyau il a commencé à envelopper le cou et la tête. En une dizaine de tours on ne la reconnaissait déjà plus. A la fin, ne restait d'elle qu'une silhouette improbable de plastique brillant. Avec ce souffle qui c'était fait plus régulier mais qui ne ralentissait pas dans son avidité d'air.

    Il l'a ensuite faite basculer sur le côté et son sexe et ses fesses se sont dévoilés derrière ses talons. Elle était humide. Une flaque de sueur s'était formée sur la pierre. Il a pris dans l'ouverture entre ses jambes le début du film plastique qu'il avait laissé en attente et l'a relié au reste du rouleau par un gros nœud rond de la taille d'un œuf qu'il a placé entre les lèvres de son sexe. Il a serré et le nœud s'est positionné plus profondément, le souffle s'est accéléré.

    Il a fini de l'envelopper, complètement, jusqu'aux pieds qui ne formaient plus qu'une toute petite protubérance. Je ne voyais plus qu'une silhouette de plastique, comme un objet inanimé que l'on regarde sans y prendre garde. Elle était posée sur la côte. Il l'a redressée. J'ai vu un peu de sueur perler aux tempes de l'homme sous l'effort.

    Il m'a regardé dans les yeux et a mis la paume de sa main à plat contre le trou. L'air n'arrivait plus. Il a souri doucement. Il a enlevé sa paume puis la remise puis l'a enlevée. Il a commencé à jouer avec le conduit. J'ai vu qu'il bandait. Je crois que moi aussi.

    Il s'est arrêté aussi brusquement qu'il avait commencé, laissant l'air affluer, il m'a fait signe de me lever. Il a posé la valise à plat sur le sol, l'a ouverte en grand, une main a pris la nuque de ma femme, l'autre la base de ses fesses. A son regard j'ai compris qu'il fallait que je fasse de même et nous l'avons descendue dans la valise.

    Elle y tenait toute entière. Les fesses du côté des roulettes. Il a zippé les deux battants, a donné un tour de clé à la serrure, m'a donné la clé, a relevé la valise, a plié les vêtements, les a glissés dans un sac en papier kraft, a sorti la poignée télescopique et m'a indiqué la sortie en me la mettant dans la main.

    Je suis sur le trottoir. Il fait nuit. Je crois qu'il faut que je rentre à la maison.
#27
Ha oui mais selon les critères Cuddleliens, la mienne est mieux.

Fais-moi des bisous.
#28
Citation de: Cuddle le Octobre 27, 2008, 18:57:12
En ce qui concerne l'écriture collective, j'suis d'accord avec le duc, il n'est aucunement question de gloire mais plutôt de concession...Aller écrire un texte avec un mec qui en a rien à carer, c'est peut-être la meilleure soluce pour finir sur le forum.

Effectivement, si t'écris pour la "gloire", c'est pas gagné. D'un autre côté, s'il faut absolument que tu tires une reconnaissance quelconque de tes textes, tu peux considérer comme un défi de réussir à écrire un texte avec n'importe qui.

Citation de: Cuddle le Octobre 27, 2008, 18:57:12
... les meilleurs auteurs de la zone (et je ne cite pas de noms) vont se retrouver quasiment tout le temps en tête de fiche. Les mêmes vont écrire entre eux ...

Il y avait eu une initiative, il y a deux ans, où les couples d'auteurs étaient tirés au sort : Dossier "lettre de rupture", ça avait donné quelques bons trucs. Expérience à renouveller ?
#29
= TRI SELECTIF = / Re : Tri selectif : Putsch
Octobre 27, 2008, 18:54:33
Celui là, y'avait de l'idée, mais franchement, c'était trop gros, ça l'a rendu indigeste.
#30
Citation de: Pygwenali le Octobre 27, 2008, 16:42:48
Arf.
Another shit in the hole.

Oui, nouveau Diktat.
Si t'avais fait un effort sur l'orthographe, il aurait peut être été publié, même, ce texte, avant la révolution.

Et te fais pas trop de mal, je les ai pas encore tous lus mais il et probable que les autres y passent aussi.