La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Serial Edit 2 : le texte de départ

Démarré par nihil, Juin 06, 2008, 22:21:05

« précédent - suivant »

nihil

On a redémarré une série de textes sur le principe du Serial Edit en redémarrant d'un nouveau texte de référence, un extrait du Faust de Goethe. Chaque auteur a modifié le texte précédent à sa guise avant de passer la main. Pour cette nouvelle série, on a déjà cinq ou six textes. Contrairement au Serial Edit précédent, les textes sont restés assez proches dans l'esprit et même dans le style du texte d'origine (ce qui n'est pas une qualité en soi). Les textes seront publiés bientôt sur le site.

***

Le texte de référence :


FAUST
Sous quelque habit que ce soit, je n'en sentirai pas moins les misères de l'existence humaine. Je suis trop vieux pour jouer encore, trop jeune pour être sans désirs. Qu'est-ce que le monde peut m'offrir de bon ?
Tout doit te manquer, tu dois manquer de tout ! Voilà l'éternel refrain qui tinte aux oreilles de chacun de nous, et ce que, toute notre vie, chaque heure nous répète d'une voix cassée. C'est avec effroi que le matin je me réveille ; je devrais répandre des larmes amères, en voyant ce jour qui dans sa course n'accomplira pas un de mes voeux ; pas un seul ! Ce jour qui par des tourments intérieurs énervera jusqu'au pressentiment de chaque plaisir, qui sous mille contrariétés paralysera les inspirations de mon coeur agité. Il faut aussi, dès que la nuit tombe, m'étendre d'un mouvement convulsif sur ce lit où nul repos ne viendra me soulager, où des rêves affreux m'épouvanteront. Le dieu qui réside en mon sein peut émouvoir profondément tout mon être ; mais lui, qui gouverne toutes mes forces, ne peut rien déranger autour de moi.
Et voilà pourquoi la vie m'est un fardeau, pourquoi je désire la mort et j'abhorre l'existence.

MÉPHISTOPHÉLÈS
Et pourtant la mort n'est jamais un hôte très bien venu.

FAUST
Ô heureux celui à qui, dans l'éclat du triomphe, elle ceint les tempes d'un laurier sanglant, celui
qu'après l'ivresse d'une danse ardente, elle vient surprendre dans les bras d'une femme ! Oh ! que ne puis-je, devant la puissance du grand Esprit, me voir transporté, ravi, et ensuite anéanti !

MÉPHISTOPHÉLÈS
Et quelqu'un cependant n'a pas avalé cette nuit une certaine liqueur brune...
   
FAUST
L'espionnage est ton plaisir, à ce qu'il paraît.

MÉPHISTOPHÉLÈS
Je n'ai pas la science universelle, et cependant j'en sais beaucoup.

FAUST
Eh bien ! puisque des sons bien doux et bien connus m'ont arraché à l'horreur de mes sensations, en m'offrant, avec l'image de temps plus joyeux, les aimables sentiments de l'enfance... je maudis tout ce que l'âme environne d'attraits et de prestiges, tout ce qu'en ces tristes demeures elle voile d'éclat et de mensonge ! Maudite soit d'abord la haute opinion dont l'esprit s'enivre lui-même ! Maudite soit la splendeur des vaines apparences qui assiègent nos sens ! Maudit soit ce qui nous séduit dans nos rêves, illusions de gloire et d'immortalité ! Maudits soient tous les objets dont la possession nous flatte, femme ou enfant, valet ou charrue Maudit soit Mammon, quand, par l'appât de ses trésors, il nous pousse à des entreprises audacieuses, ou quand, par des jouissances oisives, il nous entoure de voluptueux coussins ! Maudite soit toute exaltation de l'amour ! Maudite soit l'espérance ! Maudite la foi, et maudite, avant tout, la patience !

CHOEUR D'ESPRITS (invisible.)
Hélas ! hélas ! tu l'as détruit l'heureux monde ! tu l'as écrasé de ta main puissante ; il est en ruines ? Un demi-dieu l'a renversé !... Nous emportons ses débris dans le néant, et nous pleurons sur sa beauté perdue !
Oh ! le plus grand des enfants de la terre ! relève-le,reconstruis-le dans ton coeur ! recommence le cours d'une existence nouvelle, et nos chants résonneront encore pour accompagner tes travaux.

MÉPHISTOPHÉLÈS
Ceux-là sont les petits d'entre les miens. Écoute comme ils te conseillent sagement le plaisir et
l'activité ! Ils veulent t'entraîner dans le monde, t'arracher à cette solitude, où se figent et l'esprit et les sucs qui servent à l'alimenter. Cesse donc de te jouer de cette tristesse qui, comme un vautour, dévore ta vie. En si mauvaise compagnie que tu sois, tu pourras sentir que tu es homme avec les hommes ; cependant on ne songe pas pour cela à t'encanailler. Je ne suis pas moi-même un des premiers ; mais, si tu veux, uni à moi, diriger tes pas dans la vie, je m'accommoderai volontiers de t'appartenir sur-le-champ.
Je me fais ton compagnon, ou, si cela t'arrange mieux, ton serviteur et ton esclave.

FAUST
Et quelle obligation devrai-je remplir en retour ?

MÉPHISTOPHÉLÈS
Tu auras le temps de t'occuper de cela.

FAUST
Non, non ! Le diable est un égoïste, et ne fait point pour l'amour de Dieu ce qui est utile à autrui.
Exprime clairement ta condition ; un pareil serviteur porte malheur à une maison.

MÉPHISTOPHÉLÈS
Je veux ici m'attacher à ton service, obéir sans fin ni cesse à ton moindre signe ; mais, quand nous nous reverrons là-dessous, tu devras me rendre la pareille.

FAUST
Le dessous ne m'inquiète guère ; mets d'abord en pièces ce monde-ci, et l'autre peut arriver ensuite. Mes plaisirs jaillissent de cette terre, et ce soleil éclaire mes peines ; que je m'affranchisse une fois de ces dernières, arrive après ce qui pourra. Je n'en veux point apprendre davantage. Peu m'importe que, dans l'avenir, on aime ou haïsse, et que ces sphères aient
aussi un dessus et un dessous.

MÉPHISTOPHÉLÈS
Dans un tel esprit tu peux te hasarder : engage-toi ; tu verras ces jours-ci tout ce que mon art peut
procurer de plaisir ; je te donnerai ce qu'aucun homme n'a pu même encore entrevoir.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Glaüx

SI JE PUIS ME PERMETTRE DE R2IT2RER? JE PRODUIS MOULTE D2JECTION SUR CETTE PUTE 2MOTIVE DE GOETHE? QUI DOIT SUCER DES TIGES DE PISSENLIT EN ENFER? EN ESP2RANT LE DOUX AINSI QU4AMER GOÜT DE LA S7VE GICLANT AU FOND DE SA GORGE? CE FAISANT; jE LE HAIS; jE LE HAIS PROFOND2MENT;

CadArn

je note quand même l'effort considérable qui vous a permis de lire les soixante premières pages de Faust I (bien qu'il semble que glaux soit plus proche de George Pérec, dans la forme)


admirable, admirable
yo, quand est-ce qu'on mange?
(interdit d'aguicher!)

Glaüx

1) On écrit Perec, pignolo. Lui-même insiste à grands cris là-dessus, tout le temps. Tu tenteras de faire le malin un autre jour, avec des références maîtrisées.

2) ah

3) L'usine d'étiquetage est dans ton cul.


Ceci étant, ça faisait un bail. Rappelle-moi si je t'aime ou si je t'aime pas, j'ai oublié. C'est pour mes fiches.