Extase

Le 10/08/2005
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par Arkanya
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Difficile pour moi, qui suis allergique à l'érotisme et à la douceur, de faire une critique objective de ce texte qui est basiquement tout ce que je peux haïr en matière littéraire : une scène de baise pleine d'amour et d'harmonie. Bien sûr, c'est très bien écrit, subtil et sur la fin ça se détériore quelque peu pour tomber dans le désespéré (la seule chose qui permet à ce texte de passer sur la Zone), mais l'ensemble du texte me hérisse quand même.
Elle se regarde dans le miroir. Maintenant qu’elle a ôté toute trace de son maquillage, de légers cernes sont apparus sous ses yeux, et sa bouche a les contours bien moins définis. Elle ôte les anneaux qui ornent ses oreilles, et masse ses lobes un peu douloureux. Elle brosse ses cheveux et les relève pour les attacher avec une barrette, comme il les aime.
Elle éteint la lumière et se dirige à tâtons dans le couloir. Il est déjà couché, et lui tourne le dos. Elle soulève un pan de couette et se glisse près de lui, elle le prend dans ses bras et elle le serre tendrement, autant qu’elle l’aime, pour qu’il le comprenne sans qu’elle ait à le dire. Elle passe sa paume sur son torse, en caresse les dénivelés, elle contourne les tétons, par discrétion et pudeur mal placée. Il caresse sa main, son avant-bras, son contact est si doux, elle ferme les yeux pour ne plus sentir que sa peau sur la sienne. Elle avance ses doigts vers son visage, et elle le parcourt d’un frôlement appliqué, le nez, le front, la joue, l’oreille - il frémit - la bouche si douce. Sans prévenir, elle glisse son index entre ses lèvres, puis l’ôte aussitôt. Elle continue à passer la pulpe de ses doigts sur la carte de ce visage qu’elle aime tant, puis elle revient vers sa bouche. Cette fois-ci, elle rencontre sa langue et son bas-ventre se contracte en un frisson délicieux. Lentement, il lèche un à un ses doigts fébriles et hésitants.
Il soupire et se tourne alors vers elle, la prend dans ses bras, elle glisse sa cuisse entre les siennes, elle se colle à lui aussi près qu’elle le peut, son corps a envie de se fondre dans le sien. Elle laisse sa langue courir sur son torse, dans son cou, elle ne sait plus ce qu’il fait, où il la caresse, comme il respire, elle ne sent que son âme, elle ne pense qu’à le lécher, le goûter, se repaître de sa peau, de sa présence, de son être, elle mord son menton, ses joues, elle tourne longuement autour de sa bouche avant d’y fourrer une langue gourmande qu’il commence à aspirer goulûment.
Il la repousse soudain, et se dresse au-dessus d’elle. La regardant droit dans les yeux, il glisse lentement ses mains sous son tee-shirt et lui caresse le ventre, puis les seins. Il les prend au creux de ses paumes et les flatte doucement, comme s’il tenait des fruits mûrs et sucrés, prêts à éclater sous une trop forte pression. Ses tétons durcissent sous ses doigts, il se met à les pincer, une onde de plaisir irradie son ventre et le hasard fait qu’il l’accompagne de ses doigts qui l’effleurent, il les glisse sous sa ceinture avant de déposer le plat de sa main directement sur son entrejambe qui n’est plus qu’un brasier ardent. Elle n’y tient plus, elle enlève son tee-shirt d’une main tandis que de l’autre elle déboutonne son pantalon. Elle lui offre sa nudité insolente et il la recouche d’un geste, commence à embrasser son corps, puis descend vers son intimité, l’agace d’hésitations, de promesses, de papillonnages, y plonge enfin tout à fait, humidité chaude et délicieuse. La tête lui tourne, elle gémit pendant qu’il la lèche et la découvre, sa langue douce titille son bouton de plaisir et elle ne peut plus penser. Elle est perdue dans son propre plaisir, tout le reste n’existe plus, il revient vers elle, embrasse son ventre, son cou, enfouit sa tête dans ses cheveux que la barrette n’a pas retenus longtemps, son souffle chaud l’excite plus encore.
Elle le repousse, elle a besoin de se retrouver avant de tomber. Elle lui enlève son caleçon avec empressement et le fait glisser le long de ses jambes avec son pied. Il prend un air surpris et penaud, se met à genou sur le lit. Elle s’assoit en face de lui, il essaye de la recoucher, elle résiste, il essaye de protester, alors elle se penche et enserre de ses lèvres le bout de son sceptre. Il grogne en rejetant la tête en arrière, elle adore sentir à quel point elle lui fait du bien. Elle s’applique à le caresser, de sa langue et de ses doigts, sa verge chaude dans sa bouche palpite d’aise. Elle le sent au bord de la rupture, il lui soulève la tête et l’embrasse à pleine bouche, puis la dépose lentement sur le lit. Il se glisse entre ses jambes, pose délicatement son sexe sur le sien, l’introduit doucement. Un éclair d’extase traverse son corps tandis qu’il vient en elle, de plus en plus loin. Leurs corps se touchent, se fondent et se parlent, commencent à transpirer, tandis que lentement il va et vient. Puis il se dégage, se dresse, attrape ses cuisses d’un geste ferme et, à genou devant elle, commence à la prendre dans cette position qu’ils affectionnent tant, parce que ses yeux sont plongés dans les siens, parce qu’il la voit toute entière, et surtout parce qu’il s’enfonce tellement loin, tellement bien, d’un coup elle sent la jouissance monter, gonfler, enfler, éclater enfin et son corps n’est plus qu’un soubresaut d’indécence. Elle le regarde et elle rie, au bord des larmes. Il n’y a que lui qui lui fasse cet effet. Il est heureux de l’avoir comblée, il lui pose la question du regard et elle lui répond d’un sourire, oui, elle est bien, oui, elle a joui, oui, elle veut continuer, son bonheur ne sera parfait que quand elle l’aura senti tremblant dans ses bras.
Il se recouche à côté d’elle, sur le dos, et l’attire au-dessus de lui. Ses cheveux caressent son torse, sa langue cherche le creux de son oreille, elle s’empale sur lui. Elle commence à onduler en se moquant de son besoin d’être dominé. Il réagit aussitôt, attrape ses fesses, la soulève et commence à jouer de son bassin pour la prendre avec violence et passion. Elle essaye de retenir ses cris, ça l’excite plus encore. Elle sent sa chaleur tout au fond d’elle, dans son ventre, dans ses entrailles, et son âme s’envole. Elle se penche sur lui et l’embrasse, ses mains se perdent dans ses cheveux, s’y accrochent désespérément, sa bouche a besoin de la sienne, elle a besoin d’être près, plus près, toujours plus près de lui. Il commence à gémir, de plus en plus fort, de plus en plus vite, et puis il s’enfonce au plus profond qu’il peut, une dernière fois, avec toute la force de l’orgasme qui l’envahit et le noie.
Ils desserrent leur étreinte, elle se redresse, le regarde dans les yeux, ils ne sont plus que bonheur et félicité épuisée. Leurs corps et leurs cheveux sont trempés, leurs esprits troublés, leurs sourires vagues.

Elle va chercher son paquet de cigarettes et le reste d’une bouteille de rosé. Elle lui en sert un verre tandis qu’il lui allume une clope. Il a envie de parler, d’en parler. Elle lui sourit, le cœur serré, elle préfère vivre au jour le jour, sans se poser de questions. Les questions, ça ne sert qu’à s’angoisser. Il semble soulagé. Il se couche, elle se colle tout contre lui, dans ses bras, et elle l’écoute s’endormir. Elle reste éveillée deux bonnes heures, pas le temps de dormir, elle préfère profiter de sa présence, de sa peau, elle reste là, les yeux ouverts, sans bouger. Le lendemain, elle se réveille tôt, trop tôt, et elle caresse son torse. Elle le regarde dormir et elle s’émerveille encore. Zut, elle l’a réveillé… Il l’embrasse sur le front, le contact de ses lèvres est chaud et rassurant. Ils se rendorment heureux, jusqu’à l’heure où la sonnerie du portable les ramènera à la réalité.

Il a pris sa douche pendant qu’elle rangeait les restes témoins de leur folle soirée. Il est sur le pas de la porte, il a posé quelques billets sur la table de nuit. Il tient à la payer, parce qu’il n’y a pas de raisons, parce qu’elle doit bien vivre aussi, parce qu’on s’en fout, parce que ce n’est rien pour lui. Elle n’a jamais dépensé un centime de ce qu’il lui donne, mais il ne le sait pas. Il va sortir, retourner dans la vie qui est la sienne, celle dont elle ne fait pas partie, dont elle ne fera jamais partie, celle dont elle n’est qu’une récréation, un à côté. Il va y avoir des tas d’autres hommes, des clients, avec certains ce sera horrible, avec d’autres pas trop désagréable, mais avec aucun ça ne sera comme avec lui. Elle va penser à lui chaque seconde de sa vie, attendre fébrilement des jours, des heures, une nouvelle, un geste, un message, s’empêcher cent fois par jour de l’appeler, prier pour le revoir au moins une fois, pour que ça n’ait pas été la dernière. Elle va continuer à l’aimer sans le lui montrer, pour ne pas le perdre, et pour ne pas lui compliquer l’existence, elle va l’aimer à en mourir et espérer qu’il l’oublie, parce que le jour où il ne viendra plus la voir, ça voudra dire qu’il est heureux, ailleurs.

Elle referme la porte sur sa nuque.