Childrens are very cruels

Le 20/01/2006
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par Mad Meat
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Le ton de ce texte enfantin est bien sympathique. C'est pas une nouvelle, y a pas d'intrigue, c'est plutôt une tranche de vie amusante et sinistre. On fait le point sur la méchanceté et la stupidité des gamins, notamment de celui-ci qui s'en prend gentiment à ses souris domestiques.
Reprendre contact avec l'enfance, l'âge où on est le plus méchant, et que c'est inconsciemment.
J'avais sept ans, sept souris, et déjà toutes mes dents.
C'est important les dents. Ca aide à manger, à faire du mal aux autres enfants quand ceux-ci se montrent trop embêtants.
Sourire, sans dents, ça fait con. Pauvres bêtes.
Je ne peux m'empêcher d'avoir un vague sentiment de culpabilité quand je repense à ce que j'ai fait subir à ces animaux. C'en est presque drôle.
Je passais mon temps à les regarder, en rentrant de l'école.
Je me souviens de tout. Elles étaient toutes (mâles et femelles confondus) dans une grande cage, qui était elle-même dans la baignoire.
Chaque fois qu'il en naissait des nouvelles (elles naissaient par plus de quatre ou cinq à chaque fois), je les installais très serrées dans des lit de Playmobil, je les voyait gesticuler dans tous les sens, pour sortir...Parfois, y'en avait qui tombaient au fond.
C'était rose, avec de gros yeux bleus vitreux, et des pattes minuscules.

Ridicules.

Je ne les nourrissait jamais, j'attendais que ma mère le fasse, quand elle atteignaient le stade de non-retour, proches du décès.
Il en mourrut une. Puis deux. Puis trois.
C'est à ce moment là que je me suis dit qu'il fallait que j'en garde un souvenir, de ces souris que je n'aimais pas, et que je trouvais si laides.
Ainsi, je m'attelais soigneusement à arracher leurs dents.
J'en prennais une entre mes mains, de l'autre je tenais fermement mon marteau.
Je donnais de petits coups sur le bout, jusqu'a ce que la racine se détache doucement.
Puis, sentant que ça allait bientôt venir, je frappais très fort à la base, jusqu'a ce qu'elles me tombent dans les mains.
Leur tête, ridiculement petites par rapport à mes mains enfantines, produisaient une sorte de spasme, comme désarticulées.

"-Tu finiras mal !" , me disait-on.

Je n'en avais que faire, je m'employais et me plaisais à toutes les arracher, quand elles ne tombaient pas tout de suite.
Jusqu'au jour où je n'en ai plus eu.

Est arrivé mon poisson rouge de couleur noire, Batman.