Transit

Le 15/07/2006
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par Dagus
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Cette histoire d'aéroport me rappelle fortement un passage similaire du livre Fight Club, je ne sais pas si l'inspiration est directe ou involontaire. Quoi qu'il en soit c'est tout à fait lisible, de bon ton, presque trop d'ailleurs, on ressent mal le malaise du narrateur qui s'exprime de manière très tranquille.
J’aime pas trop l’avion. Parfois dedans on a une impression de flotter dans le vide. Ca me rappelle sans doute mon propre vide. Alors je m’accroche aux sièges, je serre les dents et je me retourne vers les autres pour voir si ils m’ont vu, apparemment non.
Il y aura toujours le nouveau con à coté de moi qui me parlera de ses ventes de camion en Amérique. Je lui demande poliment si en Chine il va ouvrir une succursale parce qu’a ce qu’il parait c’est le nouvel eldorado et j’espère qu’une lueur d’intelligence va percer dans son regard et qu’il comprendra peut-être. Il répond par un taux de croissance tout en rigolant bien fort. Alors je ferme les yeux et j’attends que ça passe ou mieux je fais un putain de Sudoku parce que j’aime bien comment ça sonne et ça occupe mine de rien.

Arrive un aéroport lambda en transit en train de pousser ma mallette bien propre tout en veillant à ne pas froisser ma veste. Je suis en train de déambuler comme un connard, avec ma cravate tellement serrée que je suis comme un pendu et je me demande ce que fout cette putain de foule. Mon collègue me suit comme un chien alors que je presse le pas.

Apres je reconnais l’endroit. Il y a dix ans environ. Au retour d’un voyage j’avais glandé un nombre incalculable d’heures dans cet d’aéroport avec mon meilleur ami a l’époque.
J’ai repense à ça mais pas trop parce que je me serai aperçu que ma vie n’était peut-être pas allée comme je le voulais. Je me suis juste souvenu de nous deux, deux jeunes cons minables pseudo-rebelles quand je prenais l’avion pour la première fois, tant de frissons et de nostalgie d’un coup. Ca donnerait presque envie de chialer de repenser a tout ça.
Au moment de réembarquer dans l’autre avion destination mystère j’ai vu un pauvre jeune un peu moche et nos regards se sont croisés, moi le regard si fier mais l’enfoiré il a compris mon jeu. J’ai perdu la main et j’ai baissé les yeux un peu honteux. Mais j’ai rigolé en repensant à sa misère parce que je savais aussi où il allait.