Meine zwei diktatoren

Le 21/10/2006
-
par Lapinchien
-
Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Un court texte sur les effets du manque. Comme l'addiction dont il est question n'est pas précisée, on pourrait supposer qu'elle fera l'objet d'un final twist bien débile, comme d'hab. En fait non, c'est un texte sérieux, nerveux et angoissant, qui mérite d'être lu sans arrière-pensée.
24 heures que je n’en ai pas pris…
Je frôle le record mais à quel prix ? Sueurs froides et tremblements gouvernent tout mon être. Chacun de mes mouvements est maladroit. Le moindre petit stimulus est amplifié des dizaines de fois. J’y réagis beaucoup trop brusquement comme si j’étais menacé. Mais je ne contrôle pas mes gestes et je fais tomber tout ce qui se trouve sur mon passage. Je tente de rattraper les bibelots avant qu’ils ne se cassent mais je renverse encore plus d’objets. Je n’apprécie pas correctement les distances et mes mains s’écrasent lourdement sur le sol. J’ai comme l’impression que toutes mes phalanges se disloquent, que tous mes os se broient sous le choc mais c’est encore un des effets du manque. Mon cerveau interprète tout exagérément, je ne souffre que de quelques contusions et égratignures superficielles. Je me roule pourtant par terre dans un long râle désespéré. J’ai mal. Je souffre le martyr et chacun des objets éparpillés sur la moquette se fiche entre mes cotes comme des centaines de petites dagues pointues qu’un pervers enfoncerait lentement et consciencieusement dans ma chair.

« Je dois prendre ces fichus cachetons… çà n’est pas le bon jour pour m’en défaire… J’ai d’autres problèmes en ce moment, une montagne de vrais problèmes, des trucs concrets et insurmontables, pas comme cette connerie de dépendance à la con ! » Je reste affalé comme une merde. La seule raison pour laquelle je ne suis pas en train de dévaliser la trousse à pharmacie est pitoyable. Je suis loin de faire preuve de volonté. Dans ma tronche, il y a un combat perpétuel entre addiction et déprime. Je ne suis pas maître, je n’ai plus le contrôle depuis belles lurettes… C’est l’apathie qui l’emporte actuellement… Sécrétion massive d’inhibiteurs synaptiques, envie de rien, le moindre mouvement est superflu… C’est la raison pour laquelle momentanément mon addiction peut aller se faire foutre…

(O_____O) lapinchien