... pute

Le 31/07/2009
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par Marquisard
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
En voilà un qui a de la bonne viande hachée dans le crâne. Ce prétendu poète nous a offert un lamentable exemple de sa production (une histoire où une contrebasse se fait enculer par un réverbère, un truc du genre) puis s'est cassé, vexé qu'on ne hurle pas au génie. Mais avant, le poireau mononeuronal en question nous a gratifié de cette gêlée qui se veut zonarde. Y a pas d'histoire et le style est approximatif et fatigant. Sans parler de ce foutu impressionnisme littéraire de tafiole. Heureusement, la coupure brusque et involontaire du texte en cours de route nous sauve de l'asphyxie.
Il y a trois jours, le long des ruelles éclairées aux néons l'asphalte rendait une lueur jaune-pisse tendance multicolore quand j'apperçus la silhouette d'une pute vêtue de plumes.
- Oh putain ! Math ! Mathilda vieille folle !

- Ben tiens, Lou, mon chou. Qu'est-ce que tu fous dans ce merdier ?

Mathilda, anciennement Mathieu, travelot parisien avec qui j'ai passé quelques folles soirées voila quelques années, toxico notoire, la caricature du trav. extraverti en fin de carrière, un amour.

Comment dépeindre Math en tenue de soirée... prenez un cacatoès de l'espace, à moitié déplumé, tartinez d'une bonne dose d'exotisme parisien, voilà l'travelot.

M'invitant à la suivre d'un geste de la main, elle entame le récapitulatif des années manquées, spleen de vie voguant de déshérence en extraits de printemps, folie ordinaire pour une pute ordinaire. Je la laisse marcher quelques pas d'avance, écoutant sans trop entendre, yeux rivés sur sa petite démarche chaloupée, ses jambes effilées, resserrées dans un jupon de mauvais genre. Je la trouve classe comme ça.
Les souvenirs me reviennent peu à peu, son souffle chaud sur la courbe de mon dos, son orifice légèrement triangulaire, attrayant dans sa couleur chair de cerise-mûre, lui aussi à dû en prendre un sacré coup depuis le temps. Cette femme me plait, elle m'a toujours plu.

Nous avons passés la nuit à arpenter les quartiers pauvres, s'amusant des souvenirs abandonnés sur ces sols trop fatigués. Rehaussant notre ballade nocturne de quelques verres, de quelques rails aussi.

Au matin, le regard interlope et la démarche saccadée, tout frétillants de dope à l'approche des premières lueurs. Elle m'a refilé son numéro, m'a embrassé légèrement et s'est tirée. Me laissant en face à face avec un de ces poivrots des quartiers riches venu exhiber son walk-man à la vue des travailleurs, pauvre con.

Ce matin c'est elle qui m'a rappelé, prétextant un surplus de gains la nuit passée, accompagné d'une folle envie de se défoncer en société.

A présent je referme la porte de sa piaule, l'âme déconstruite à la perspective des prochaines nuits d'insomnie.

Héroïne sweet héroïne ; et merde.

Sur les ondes, les poumons ravagés par la maladie, Hank Mobley joue son dernier morce