Jean-Pierre en quelques mots

Le 03/03/2013
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par ttbm78
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Plutôt bien écrit et fluide, ce texte n'aura pour lui au final que quelques phrases bien senties et un départ plaisant qui donne envie d'en savoir plus, le plus manquant malheureusement d'équilibre et d'un véritable but.
Dans la famille, nous avons des problèmes de hanches. C'est une maladie qu'on se lègue comme un Louis d'or, une anomalie osseuse qu'on se refourgue de père en fils. Une tare grandiose.
En vieillissant, cela a fait de moi un être boiteux, un monstre.
Certains soirs je me vois dans les vitres tel que je suis vraiment, voûté comme un quart de lune, clopinant et affublé d'une ombre mécanique. Je me fais pitié. Si j'avais assez d'élan je me jetterai des pierres.
Sur mes routes bancales, souvent je croise des hommes à genoux, des mendiants, la main tendue vers la poche à jamais vide des passants. Dans ma tête, j'appelle ça l'espoir de la mitraille.
Je ne donne pas tout le temps. Mais, maintenant que j'y pense sérieusement, je m'aperçois que lorsque je donne, je ne lâche qu'aux mêmes personne. Toujours aux même personne
Celles que je rejette, celles qui me ressemble tant.
C'est un peu comme si, inconsciemment, je payais mon dû à l'invisible, au possible destin, une taxe qui me dédouanerait du pire.
Alors je donne. Pas par générosité, ni même par charité chrétienne. Je donne pour ne pas, en plus des lois dictées par mon corps, m'encombrer l'esprit de suppositions et de probabilités d'avenir moche. J'ai déjà bien assez à faire avec ces mouvements erratiques, qui en définitif m'apparentent plus au singe qu'à l'humain.

*

L'infirmité ne m'a pas rendu meilleur, humainement je veux dire. Pour les femmes en revanche, ça m'a aidé : « Oh, le pauvre..», se disaient-elles à chaque fois, imaginant en moi l'enfant vulnérable qu'elles n'avaient jamais eu. En fait, l'enfant que personne n'avait jamais voulu leur faire.
J'ai toujours préféré taper dans les fragiles.

Suis-je si différent des autres, pire que ceux qui les pelotent dans les cabinets de bar ? Non. Je ne propose, moi non plus, qu'un peu de l'amour que je n'ai pas.

*

J'habite à Paris, la ville des lumières. Personnellement, en ville des lumières je préfère Lisbonne, mais bon on s'en fout, parce qu' en fait, ça n'a rien à voir avec ce que je veux dire après...
Donc, j'habite à Paris, et tous les après-midi j'arpente la capitale pour m'adonner à ma passion.
Ma passion, c'est de gâcher les souvenirs de vacances.
Pour cela, j'ai développé un ingénieux système. Je me cale aux abords des grands monuments et j'attends que des types se prennent en photo devant la tour Eiffel, ou autre. Là, en second plan dans le champ des objectifs, je me fourre le doigt dans le nez, l'air de rien.
Par-dessus tout, j'aime les ponts de Paris. Les amoureux s'y immortalisent. Moi, je m'y libère en me curant le nez.

Si tu veux savoir à quoi je ressemble vraiment, je vais t'épargner une longue description à la Émile Zola : regarde dans tes photos de vacances. Si tu vois, en arrière plan, un type en train de se remplir le tarin avec un maximum de doigts, et bien c'est moi.

*

Mon plus vieil ami s'appelle Rodrigue. Sa mère lui a donné un prénom qu'elle a trouvé dans un livre sérieux. Moi, ça m'amuse et pour le faire chier je l'appelle Le Cid, ou Cida, ça dépend.
Lui, il m'appelle Jean-Pierre, juste parce que je n'aime pas mon prénom.
Le mois dernier, Cida a appris qu'il avait le Sida. Ça ne m'a pas fait rire et je me sens un peu responsable.
Du coup, je suis super gentil avec lui. Par contre, je fais vachement gaffe. Maintenant, quand je vais le voir je porte un masque et j'emmène mon verre en plastique. (Tu comprends, je traîne une vieille bronchite, je ne voudrais pas lui refiler ça, en plus. )

*

J'ai pour projet d'inventer une nouvelle religion. J'ai déjà le logo, ça serait un mec pendu ; ça change du crucifié, sans trop bousculer les habitudes. Et puis il faut reconnaître que la croix au-dessus du lit, moi ça me fout les jetons. Là c'est plus sympa, on peut l'accrocher un peu partout, au rétroviseur, à un piercing, on peut même faire des petites guirlandes lumineuses. J'ai plein d'idées.

*

Cher journal,

28/07/11

Espagne. Bord de mer. Terrasse ombragée, légère brise, température idéale.
9H48. L'envie de chier me tenaille.
Ça semble aberrant d'être préoccupé par ce genre de choses lorsque l'on a la chance de se lever et de pouvoir boire son café en regardant la mer. Je pense même qu'il faut être un sacré connard pour s'arrêter à de si basses considérations après avoir passé une année entière dans le gris et les couleurs ternes. Pourtant, je n'arrive pas à profiter du spectacle qui m'entoure, je reste centré sur mon petit intérieur plein. Mais c'est sans doute le mieux qu'il y ait à faire, parce que je suis convaincu qu'à cet instant, se détendre et s'ouvrir sur le monde pourrait avoir de graves conséquences...

29/07/11

Ce matin la mer est grise, le ciel couvert. On pourrait presque imaginer ce qu'est la vie ici, en plein hiver.

04/ 02/ 12

Je n'ai jamais su tenir un journal.

07/ 02/ 12

Maintenant que j'y pense un peu au sec, c'est assez marrant : samedi soir, je me suis chié dessus.
Au sens propre, j'entends...
Du caca liquide plein le pantalon, ça coulait même sur l'intérieur de ma cuisse, ça piquait un peu. Et ce flot de merde, heureusement soumit lui aussi aux lois de l'attraction, venait buter, s’agglutiner puis déborder sur l'élastique de ma chaussette. C'était comme si une entité supérieure s'était emparée de mon sphincter dans le seul but de remplir mes baskets.
( Adidas, modèle « Gazelle », noires à bandes blanches, payées 39 euros, une affaire ) .

'fin bref, tout à commencer par un mauvais rhum, le rhum à 7 euros de chez « Monoprix », celui dont on se sert essentiellement pour faire des gâteaux.
C'était une bouteille sans marque avec écrit : « Rhum Agricole », en bleu sur l'étiquette.
Je n'avais pas trop d'argent ce soir-là, et je n'avais pas non plus dans l'idée de m'adonner à la pâtisserie.
De toutes façons cela m'était impossible, je ne possède pas de plats à tartes.
J'ai donc rejoins mes amis, le peu de gens qui me téléphonent encore, et nous avons bu du rhum. Du rhum blanc, sans marque, écrit en bleu. Soyons lucide, c'est surtout moi qui en ai bu...
Il faut dire qu'il y avait aussi du bon bourbon, de l'herbe et du space-cake en concurrence sur la table basse du salon.

Souvent, quand on est malheureux, on s'imagine qu'on ne pourra jamais souffrir plus. Que la pire des journées ne durera pas plus de 24 heures. C'est un cheminement positif, une forme d'espoir que l'envie de chier annule en quelques secondes.
Le cœur a ses limites. Le gros intestin aussi.
Alors il faut chier. Librement. Comme un nourrisson chierait.
Une antipoésie propre à l'anus et aux fleurs de balcons.

Avec le recul, je me demande si ma vie aurait été différente si j'avais eu un plat à tartes ?

*

Anouck,

Ton regard, surtout. Puis le froid : étreintes sans gestes.

Le causse s'allongeait en collines, en vallons fait d'herbes rases et de pierres torturées.
L'histoire d'un million d'hivers avant le nôtre.
Le soleil couchant tremblait dans le fond, s'égarait dans le tronc de certains arbres, colorant l'écorce et la mousse de cette couleur moutarde qui me piquait le nez.
À l'évidence nous n'avions plus rien à nous dire, et notre silence, notre distance, rendait au paysage toute sa musique.

J'ai jeté la première pierre en direction de ce qu'il me semblait être l'horizon.
La seconde, grosse comme un cœur de veau, je l'ai éclatée contre ta tempe.
J'ai tapé
Tapé
Tapé
Tapé
Jusqu'à ce que la pierre dans ma main cogne la pierre sous ta tête.
Chocs sourds.
Et voici notre amour, désarticulé maintenant
nu sur un pull-over sale et quelques morceaux de Sopalins.


J'ai nommé cette photographie de toi « Charpie et paysages grandioses ».
Je suis certain que ça t'aurais plu.

*

14/10/2012

Comme on fait trois pas en arrière face au vide, ce matin j'ai renoncé à habiter ma propre chair :
Un jardin pauvre, à la merci des fleurs fanées. Invariablement fanées.
Ici ne pousse que le chiendent et quelques tremblements aphones ; l'aboiement tenace des racines.
Juste un cri, germant en silence
Comme un noyau de fruit dans une terre promise aux maladies nerveuses.

Je rêve d'un grand équinoxe. D'une existence à égale distance du jour et de la nuit. Une existence dont seul le soleil et certains médicaments sont, parait-il, capables.
Une existence moyenne ; sans pulsions permanentes, sans cette histoire bouclée, Anouck, qui tournent en rond dans le haut de mon crâne, qui frise l'obsession.
Sans ces tambours, tendus à même ma peau, dont le battement perpétuel me rappelle à l'infini la mauvaise chose et le rythme lourd de ma main sur son petit visage.
Je crois que certains instants durent toujours.

*

Souvent, on se figure mal à quel point les peaux mortes pèsent sur l'ensemble du corps. Peut-être sur l'ensemble d'une vie. Alors, tant bien que mal on s'accommode, on panse ; on nettoie à nouveau cette plaie que l'on croyait propre. On s'enduit d'avenir et de mercurochrome. D'espoirs et de coton souillé. Mais surtout, on se tait.
Parce que personne ne veut entendre
Que le silence est un bruit.

*
02/05/2011

Ça y est, je suis amoureux ! Elle s'appelle Anouck ( dire que je me plaignais de mon prénom... )
et elle croit que nous nous sommes rencontré sur internet...
En fait, je n'avais jamais entendu parlé d'elle avant ce jour et nous nous sommes rencontré pour la première fois au « Trois Chèvres », le bar bien nommé de la rue de la Belle... Ça ne s'invente pas...

Mais reprenons l'histoire depuis son véritable début :

C'était un après-midi de mai comme il y en a tant. Du soleil sur Paris, un peu moins dans mon sang.
J'avais acheté, 3 euros, une rose quelconque chez la fleuriste que je rêve de baiser depuis quelques mois. J'étais très bien habillé et je n'ai pas fait l'appoint, avec un billet de 100, dans l'espoir de l’intéresser au moins par quelque chose... Vrai que c'est pas facile de trouver l'amour et un peu de tendresse, quand on à une tare physique et un pied de porc pour seul argument poétique.
( En tout cas, ça ne m'empêche pas de faire des rimes en -ique... )
'fin bref, nous étions attablés, ma fleur et moi, au « Trois chèvres » ; il en manquait donc une...
Et voilà qu'apparaît cette jeune fille au visage candide, scrutant tour à tour chacun des membres de la terrasse. Un point d'interrogation clignotait dans ses yeux verts. Je me suis dis que je tenais sans doute là ma plus belle chance d'être amoureux. Lorsque son regard s'est timidement posé sur moi je lui ai fait un petit signe de la main, puis j'ai moulé sur mon visage le sourire sincère que je réserve habituellement au miroir de ma salle de bain.
Alors, elle s'est approchée puis m'a dit :
-Thierry ?
J'ai dit :
-… Oui...C'est moi.
Elle m'a dit :
-Anouck, enchantée.
J'ai alors remoulé entre mes joues le sourire sincère des grandes occasions.

Elle m'a longuement parlé de ma sensibilité, celle qui transpirait des messages que nous nous étions envoyé par e-mail... Elle m'a dit que je lui avais redonné confiance en elle, en l'avenir, et que, grâce à moi elle avait revu son jugement négatif sur les hommes et l'amour.
Anouck à l'air d'être une fille bien.

Pendant qu'elle monologuait pour compenser le stress, un type très bien habillé est arrivé en courant à l'endroit où, il y a encore quelques minutes, Anouck se posait des questions. Il avait une rose à la main. Il suait beaucoup, aussi. Je me suis dit que ce type avait probablement raté le train le plus important de sa vie.
J'ai coupé la parole à Anouck d'un geste qui voulait dire de manière habile, « ferme ta gueule ! », et je lui ai demandé :
-Tu aimes les paysages grandioses ?

Son visage s'est illuminé.

*

Cela fait maintenant deux semaines que je fricote avec Anouck et elle croit toujours que je m'appelle Thierry... Il va falloir que je règle ce problème. Mais ça risque de me couter cher,
Cida ( mon pote qui a le sida ), m'a dit qu'il fallait compter dans les 1500 euros pour se dégotter de faux papiers.

*

Aujourd'hui, pour passer le temps au feu rouge, j'ai klaxonné à un roumain pour qu'il vienne me laver le pare-brise. J'avais envie qu'il me dessine un cœur sur la vitre, avec sa raclette. Ils le font tellement bien...
Celui-là s'est vraiment appliqué. Il m'a fait un pare-brise nickel. Alors, j'ai fait mine de chercher dans le vide poche, puis je me suis débarrassé de quelques pièces rouges dans sa main.
Je l'ai regardé droit dans les yeux, puis j'ai envoyé un petit coup de lave-glace.
J'ai démarré en faisant crisser les pneus.

*

Je n'aime pas faire la queue au supermarché. Alors, je me sers de mon handicap pour passer devant tout le monde à la caisse prioritaire. Tu verrais ça, j'en rajoute à mort. Je suis le cirque Pinder à moi tout seul. Des fois, quand je le sens bien, je me greffe même des maladies psychiatriques. Un petit T.O.C par-ci, un petit syndrome « Gilles de La Tourette » par-là...
Ça fonctionne super bien. L'autre jour, un type m'a même porté les courses jusqu'à la voiture pendant que je le suivais comme un babouin en poussant des cris de mon invention.
C'était vraiment très drôle.

*

Il y a quelques semaines, un tétraplégique, ou un amputé je ne sais pas trop, est venu habiter dans mon quartier. J'ai de suite senti que ce type allait empiéter sur mes plates bandes. L'autre matin, je l'ai même surpris en train de me piquer les sourires de la fleuriste.
J'imaginais parfaitement leur conversation.
Elle : -«Ooh, pauvre monsieur sans jambes ! »
Lui : « Snif...Oui, je suis un pauvre monsieur sans jambes...gnagnagna, gnagnagna »
Enculé !
Il faut de toute urgence que je me procure un fauteuil roulant.

Et un marteau.

*
17/10/2012

En ce moment, tous les flics de France sont à la recherche d'un présumé psychopathe répondant au doux nom de Thierry M.
Il aurait « sauvagement lapidé » une jeune fille, il y a quelques jours.
Je me demande si ça n'est pas moi. Ça m'inquiète un peu.

*
Je me suis très rapidement aperçu qu'Anouck, la femme que j'aime, était le plus grand « fantasme-secret » de mes amis proches.
Je ne veux même pas imaginer toutes les misères qu'ils lui font subir lorsqu'ils ferment les yeux en se masturbant. Je suis certain que certains la rêve salie et sodomisée par leurs propres soins, traitée comme la vilaine truie qu'elle ne peut qu'être.

La vérité sur l'être humain réside en grande partie dans ce qui le fait jouir.

*

À l'école, les enfants m’appelaient « le singe ». Ils me tapaient, souvent. Edouard Salse, le pire d'entre tous, appréciait grandement de me faire tomber à terre. Je crois que ça l'amusait beaucoup de me voir me débattre au sol, sur le dos, gesticulant comme certains insectes.
Souvent, il me chevauchait, me maîtrisant de deux doigts, pointus, plantés en pince sur mon œsophage. J'avais peur que quelque chose ne craque dans ma gorge, alors, la plupart du temps j'arrêtais de me défendre.
Au bout de quelques secondes, une pression continue sur la gorge, pousse celui qui la subie à ouvrir la bouche, accompagnant son geste de petits râles, comme suppliant l'oxygène, ou autre chose...
Alors, Edouard Salse reniflait très fort. À se racler les sinus.

Ce que l'on appelle la Pomme-d'Adam, n'est chez moi qu'une bosse parmi d'autres.

*
Anouck.

Un peu à l’abri des regards, nous passions du temps ensemble.
Je crois que tu n'avais pas trop envie que l'on te voit avec moi. Avec le boiteux. Je te comprend et ne ne t'inquiètes pas, ça n'est pas très grave.
Disons que je sais depuis toujours, que personne n'a sincèrement envie de se balader avec un singe au bout de la main.

*

Je suis de ceux qui s'appliquent à rendre leur vie moins belle. J'imagine que les gens autour pensent que c'est encore un de mes raisonnements à la con, à la démesure du mépris que je me porte. Moi, je sais que c'est autre chose. À vrai dire, je n'ai jamais rien fait qui justifierait que je sois plus heureux ou plus aimé qu'un autre. Alors, lorsque quelque chose de bien m'arrive, je ne fais que rétablir la balance.

*

Depuis qu'il a prit conscience de sa banale condition de mortel, Cida (mon pote qui a le Sida) s'est mis à aimer autrui... Alléluia ! (je n'ai jamais vraiment su ce que voulait dire ce mot. D'ailleurs, je ne savais même pas l'écrire, avant aujourd'hui... Va comprendre, toi... J'ai sans doute encore été touché par la grâce...)
Maintenant, il fait tout un tas de truc qui seraient supposés l'emmener directement au paradis. Il tiens la porte aux dames, entre autre. Moi, je lui ai conseillé l'héroïne, pour se faire une idée plus précise de ce qui l'attend ; et puis, j'aimerais bien savoir ce que ça fait, avant d'en prendre.

*

Ce matin, il semblerait que la police tienne enfin une piste pour Thierry M., le « dangereux psychopathe ». Ça serait un type de l'Aveyron, un homme serviable, selon ses voisins. Un monstre, selon les parents de la victime. Il s'avère que je n'avais finalement rien à voir avec cette histoire. Quel nigaud je suis, toujours à ce faire du soucis pour rien. C'est tout moi, ça...

*
Depuis que Cida (mon pote qui à le Sida) est bon, paradisiaquement parlant, il est devenu con. Samedi soir, ce fut même son apothéose. Le feu d'artifice du grand trou de balle, le bling-bling de la sous-merde.
J'explique :

C'était à l'occasion de son anniversaire. Le 2 août ( dites la date à voix haute : « DEU OUT », en articulant bien, c'est important, ça souligne le ridicule de son existence vacillante).
Nous étions attablés, serrant chacun de la pince un verre de vin fin (oui, pour Rodrigue, une bouteille à 7 euros, c'est du bon pinard...Il est encore loin, le paradis...). J'avais réussi à accrocher Lalie ( ou Lala... Je ne sais plus trop... Une femme désirable, en tous cas) avec mon fameux : « Putain X (X, est un prénom variable. C'est technique, c'est des math.), quand tu me regarde comme ça, j'ai l'impression d'exister ».
Lulu me dévorait des yeux. Elle me buvait jusqu'à la lie. Je lui parlais d'amour brisés (ça marche tout le temps), elle répondait par des sourires qui, pour mon cœur, ressemblaient à du coton.
Tout était parfait.
Tout était parfait, jusqu'à ce que l'autre sidaïque vienne fourrer son ... nez.

Cida : - « C'est votre dernier mot, Jean-Pierre ? AHAHAHAH ! »

Sombre connard, vas !

*

Je suis malheureux. Je l'ai toujours été, je veux dire. Je suis malheureux... Sans vraiment savoir pourquoi.

À chacun sa croix.