Le Far West des cobayes #EconomieDePartage

Le 21/10/2016
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par Lapinchien
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Dossiers / Économie de partage
Premier texte du nouveau dossier lancé sur le forum ayant pour thématique l'économie de partage, un modèle étrange qui semble s'imposer en réponse aux différentes crises qui s'abattent sur notre contemporanéité. Se faire braquer, flingue à la tempe, pour te convertir en saloperie de hippie à la con. Te convertir ou mourir ? C'est la barbarie que l'Histoire retiendra de notre époque. Le terrorisme insidieux de la haute finance est bien plus meurtrier que celui des djihadistes et ses dégâts plus ignobles que ceux des guerres, du dérèglement climatique et catastrophes naturelles réunis. Ici une sorte de réflexion poético-politique stérile en prose s'appuyant sur une démonstration par l'exemple et donc fallacieuse quoi que relativement convaincante. Le narrateur s'interroge sur le data collecting qui implicitement se cache derrière la vitrine de l'économie de partage.
Il serait, je pense, intéressant de renégocier les termes contractuels de la société de data collecting.
Être un cobaye, observé en permanence, dont le moindre des comportements est analysé, projeté, mis en équation, pourquoi pas après tout ?
Cependant, pourquoi payer pour être un cobaye ?
Dans l'industrie du médicament, les cobayes humains sont rémunérés.
Pourquoi ce n'est pas le cas dans l'industrie numérique ?
Parce que soit disant, les études menées sur nous, nous sont directement profitables ?
Parce qu' en retour, on est guidé, conseillé, gratuitement ?
Je suis désolé, mais c'est insuffisant.
Dans l'industrie du médicament, les cobayes sont également récompensés de leur sacrifice. S'ils sont malades, ils peuvent en bénéficiant de traitement expérimentaux, subir fortuitement des guérisons, des rémissions... Ils sont néanmoins payés pour être des cobayes.
Ils ne sont pas rémunérés parce que l'industrie du médicament a une vocation philanthropique, altruiste et désintéressée.
Les cobayes sont payés parce qu'en plus des bénéfices éventuels, et pas du tout garantis, il y a de nombreux risques: Effets secondaires indésirables potentiels, certes, voire pire, aggravation de l'état de santé, contraction de nouveaux maux, parfois létaux à plus ou moins long terme.
C'est également le cas, pour l'industrie numérique.
Il est indéniable que le cobaye s'expose à des effets secondaires indésirables sauf qu'il est loin de les soupçonner.
Ils peuvent être tout aussi grave que les effets secondaires d'un cobaye à médicaments.
Sa prise de risque devrait donc être rémunérée.
Ce pourrait d'ailleurs être intéressant d'y voire une assurance sur les très probables désagréments.
Cependant contrairement à l'industrie du médicament, l'industrie numérique ne joue pas cartes sur tables avec ses cobayes.
En effet, contrairement à l'industrie du médicament, les produits de l'industrie numérique sont directement mis sur le marché, sans qu'il y ait eu au préalable de phase de tests, sans qu'il y ait d'organisme d'état lui délivrant une autorisation de mise sur marché.
Les phases d'expérimentation et de commercialisation se font donc simultanément.
On pourrait se dire : les produits de l'industrie numérique sont bien moins dangereux que les produits de l'industrie pharmaceutique.
C'est faux pour ma part. Ils sont infiniment plus dangereux.
En premier lieux, justement parce que les phases d'études et expérimentation à quelques sujets et les phases de certification par un organisme indépendant sont inexistantes.
Le pire c'est tout de même une question de portée, d'incidence et d'échelle.
Mettre un médicament sur le marché, sans passer de test, sans avoir d'agrément, c'est ce que font les dealers.
Les effets, on peut le constater sont graves, mais restent très localisés, surtout aux cobayes eux-mêmes et à leur environnement direct.
La mise sur le marché de produits numériques, tels des plateformes de mise en relation de particuliers, peuvent avoir et ont d'ailleurs souvent des incidences graves, non seulement pour les consommateurs, leur environnement proche, mais ça ne se limite pas là : des pans entiers de la société sont à chaque fois menacés et mis en péril.
On l'a vu avec l'industrie de la musique, des transports, de l’hôtellerie, de la restauration saccagés par des expérimentations hasardeuses entraînant chômage de masse dans ces secteurs, concurrence déloyale et ruine des investisseurs historiques.
On ne peux pas préconiser la mise en place d'une phase d'étude, de tests en laboratoire de tels produits cependant.
C'est tout bonnement irréaliste.
Il y a trop d'enjeux concurrentiels.
On peut se poser aussi la question de l'impossible indépendance d'un organisme dans ce contexte pour délivrer des agréments de mise sur le marché.
Ce n'est pas grave.
Il faut simplement savoir : notre société est devenue un laboratoire d'expérimentation massive in vivo, il n'y a plus de sas de sécurité.
De société de consommation, on est passé à une société d'expérimentation permanente, l'Homme a muté en cobaye.
Admettons.
Cependant il est évident qu'il faudrait que les cobayes impliqués dans chacune de ces expériences, qui de plus sont croisées, soient rémunérés pour les risques qu'ils prennent et étant donné qu'ici le médicament numérique n'est pas administré à un individu en réalité
mais que l'organisme qui l'ingurgite, qui l'ingère, est la société tout entière ou par secteur d'activité, il faudrait que des systèmes de contreparties, d'assurances soient mis en place, à défaut de garantir l'innocuité du produit numérique, pour au moins payer les pots cassés puisqu'il y en aura.
La mise en place d'un salaire de base inconditionnel devrait se fonder sur ce constat et les fonds finançant ce salaire de base devraient être exclusivement alimentés par ceux qui créent ces produits numériques conduisant à ce que les individus deviennent des cobayes à leur insu et la société un laboratoire à ciel ouvert sur le principe du pollueur/payeur.
Ma gueule.