Saucer ce qu’on ressasse fait resucer ce dont on se lasse…

Le 13/12/2016
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par Le Docteur Burz
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Thèmes / Obscur / Tranches de vie
Je déconseille vivement de lire ce texte au réveil car il vous fout une mort pas possible. Oui, je le dis, il m'a rendu tristounette ce texte. M. Burz nous fait partager une tranche de vie de son enfance à sa vie d'adulte. Vous savez comme ces moments où tout fout le camp et qu'on s'arrête une seconde pour regarder en arrière. Généralement, on fait le constat de sa vie et on se prend une bonne bouffe dans la gueule en se demandant ce qu'on bien pu foutre pour en arriver là. Alors est-ce que Fillon nous donnerait déjà envie de picoler et de nous jeter d'un pont ? De toute façon, on va tous crever.
Tout ça pour dire que je n'écris pas que des conneries sur les autres, j'ai moi aussi mes zones d'ombres... je suis certain que les informations me concernant n'intéressent personne, c'est donc un plaisir de les partager.
J’aimerais beaucoup avoir l’occasion de me taire, mais j’entends des voix.

Et puis ce n’est pas la bonne période pour fermer sa gueule. Pardon ? Y’a pas de périodes ? Mais si, depuis que j’ai découvert l’histoire avec Fillon je sais que des trucs vont sauter, d’autres être glorifiés, alors question savoir, je sais quand on nous demande de nous taire… bientôt. Même que je n’ai pas connu l’uniforme à l’école, les blouses, je suis arrivé juste après, y’avait encore le même accessoiriste mais pas le même costumier. Mon maître c’était un gars surprenant et intelligent. Virulent et agressif. Rêveur et moderne. Violent et cyclothymique. A la page et à la règle en gros. Toute cette sévérité artistique collait parfaitement à ma vie personnelle, un cas d’école incollable.
Dans son allégresse excessive d’un consumérisme jouissif, il nous fit connaître des choses vagues et futuristes, entre deux claques et des coups de pieds au cul. Calé entre un TO7 et son crayon optique et Le Baron De Munchausen, j’ai vécu des trips à la vitesse d’une mandale quelquefois méritée. Il était délibérément pro allemand, j’ai raté en partie ma 6ème à cause de lui, et aussi parce que de toute façon je n’étais pas fait pour la nation à éduquer. Vous comprenez bien qu’une seule matière n’a pas pu me faire plonger, avec l’anglais j’ai réussi à être aussi mauvais. Je me rappelle très bien de cette salope de Maud, la fille de la prof d’allemand, que je détestais au point d’en être amoureux.

Je devrais avoir la patience de ne rien dire, mais c’est dur de faire semblant dans le vide.

Je n’ai rien réussi qui puisse me donner l’impression d’avoir atteint un but. Ma vie est un cercle vicieux, une roulette russe à blanc, un feu sans allumettes, une bonne marade pour rire. On espère atteindre des sommets avec des plans bateau, et puis on se rend compte que l’arme à gauche c’est une mode plus qu’une tendance. Mais on est trop con pour abandonner, alors on continu sans le vouloir. J’en parle comme si j’étais mort, mais personne ne sait vraiment ce que la vie fait exister… si ça se trouve, la mort est beaucoup plus vivante que l’espoir vain. Le système n’a pas voulu de moi, ça tombait bien, il ne m’intéressait pas non plus. Dès l’enfance j’ai senti que le traquenard était une évidence, un puits sans fond.
Des choses qui peuvent faire avancer j’en connais plein. Des trucs simples qui apportent du réconfort, de façon furtive, comme un éclair sociétal. Et puis ensuite ? On regarde le reste disparaître ? Parce qu’on est conquis par son immense fierté personnelle d’accomplissement identique ? Parce que les autres ne font pas partie de notre plan ? Parce que le monde est une chimère à l’état brut et au discours gazeux ? Nous sommes de loin les animaux les plus intelligents pour nous unir afin de mieux nous diviser. Pour nous-même nous sommes une impasse, sans les autres nous ne sommes plus nous-même. La politique du bon sens a été balayée par le pouvoir de l’individu sur le groupe, quand on est con…

J’ai bien une volonté de fer pour la fermer, mais uniquement les jours de disette.

Le minimum ce n’est pas grand-chose, un truc que même la majorité de la population n’est pas en capacité d’assumer complètement. Alors pour faire vrai, juste en filigrane, j’ai passé une moitié de vie (je suis optimiste malgré mon réalisme vulgaire) à cataloguer mes positions divergentes de bas en haut, selon leur tendance à la rébellion où à l’accord de principe majoré. C’était un sondage bidon, ça s’est révélé être de la merde en prévision. Faut être simple et rester sincère en tout, tant pis pour les cons, même si on en fait partie. Les projets ça doit avancer, les risques exister, se casser la gueule est un droit inaliénable, le succès est un vice sans fin, mais je dis ça… je ne sais pas ce que c’est que de vraiment réussir.
On poursuit inexorablement un but raisonnable pour ne pas être déçu. Quand les vaches maigres s’écroulent c’est toute la production laitière qui est atteinte d’ostéoporose. Le rêve est revendu au prix bas, par une entreprise qui fait des profits sur votre bonheur personnel, vous vous retrouvez avec autant d’efforts pour moins de rêve à vendre aussi bien qu’avant, c’est la guerre du calcium. Puis on vous dit que vos certitudes initiales ne sont plus d’actualité, qu’il faut songer à cuire dans l’œuf pour écouler le trop plein de blanc. Vos rêves s’envolent en bourse, on ne sait plus quoi en faire, on en met dans le saucisson, le pain et le pâté de campagne. On se fout de votre gueule. Tout le monde sait bien que les rêves c’est dans la tête, pas ailleurs.

©Le Docteur jette de l’huile sur le feu pour raviver sa mémoire…